MARTHE ET MARIE


Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

MARTHE ET MARIE

La date/heure actuelle est Ven 19 Avr 2024 - 5:10

2 résultats trouvés pour savonarole

LES BORGIA : ALEXANDRE VI (LES ORIGINES DE LA REFORME)



savonarole - Rechercher Savona10
Jérôme Savonarole (1452-1498) débute sa carrière ecclésiastique à Bologne chez les dominicains. En 1491, il devient prieur du couvent San Marco à Florence. Prédicateur extrêmement véhément, il attire des dizaines de milliers de personnes qui attendent pendant des heures pour l’entendre. Dans ses discours, il critique les moeurs délétères de ses contemporains, condamne la dépravation des grands de ce monde et prend parti pour les humbles. Quant à ses inquiétantes prophéties, elles semblent souvent se réaliser, au point qu’elles font trembler les princes et les hommes d’Église.

savonarole - Rechercher Savona11
Parvenu à l’apogée de son influence, Savonarole instaure à Florence un État théocratique. Son pouvoir s’appuie sur une police composée d’enfants, dont la mission est de traquer le vice dans toute la ville. Jeux de hasard, toilettes provocantes, plaisirs érotiques… tout crime de lèse-vertu est susceptible d’être puni de mort. Savonarole va même jusqu’à contester l’autorité d’Alexandre VI Borgia, le pape le plus débauché de l’histoire du Vatican, et exige sa destitution… Grâce à des documents retrouvés à Rome et à Florence, ainsi qu’à des reconstitutions, ce documentaire retrace l’itinéraire d’un étrange prophète, “vrai saint” pour Martin Luther, “monstre hideux” selon Goethe.

Florence, comme Venise, aimait fêter le carnaval dans la liesse. Jérôme Savonarole arriva et mit un terme aux festivités païennes. Ce renoncement aux plaisirs du carnaval et à tout ce qui, selon le dominicain, pouvait mettre en péril le salut de l’âme, culmina le dernier jour du carnaval de 1497 avec un immense bûcher de vanité dans la cité sur l’Arno. On y empila, bien sûr, les masques et costumes de carnaval, ainsi que les œuvres de poètes italiens et latins aujourd’hui indissociables de la Renaissance et de la redécouverte de l’antiquité. Les Florentins apportèrent leurs livres désormais inutiles, parfums, bijoux, miroirs, tous les accessoires de la féminité qui, aux yeux de Savonarole, ne faisaient que flatter la vanité, sans compter les échiquiers et d’autres jeux, les instruments de musique et d’innombrables tableaux. L’historien suisse Jacob Burkhardt relate qu’un marchand vénitien qui refusait d’assister au spectacle de cette tragédie offrit 20 000 thalers d’or pour sauver les précieux objets. En vain… Par dérision, on exécuta sommairement le portrait du marchand et la toile rejoignit les trésors accumulés. Le bûcher fut allumé au son des cloches en signe de purification de la ville. Florence était libérée de toutes les puissances maléfiques qui y régnaient auparavant.

Rétrospectivement, la Renaissance est souvent considérée comme un apogée de l’art et de l’érudition. L’image n’est pas erronée, mais toute médaille a son revers : la pauvreté et la misère du peuple, les guerres, qui ont surtout frappé l’Italie du Nord, et une Église qui s’était largement écartée de ses débuts apostoliques. Le pape Alexandre VI n’était peut-être pas le monstre stigmatisé par la postérité, mais il n’en était pas moins un prince caractéristique de son époque. Il ne s’encombrait guère de scrupules, donnait le mauvais exemple dans un climat de décadence généralisée des mœurs du clergé et n’était certainement pas l’homme idéal pour incarner la Réforme dont l’Église avait besoin de toute urgence. Ces dysfonctionnements au sommet avaient des répercussions jusqu’à la base : à maints égards, le clergé – ecclésiastiques séculiers ou moines en leur couvent – avait perdu sa fonction de modèle.

À cette atmosphère s’ajoutait une situation politique délicate à Florence, où Pierre II de Médicis, fils de Laurent le Magnifique, était au pouvoir depuis 1492. Or le fils n’avait pas le charisme du père. Certes, il était instruit et parvint à redresser la Banque Médicis, mais il fut incapable de gagner la faveur du peuple florentin. Il oublia qu’il n’était, lui aussi, qu’un simple citoyen, et non un roi. Cependant, c’est sur le plan politique qu’il commit l’erreur qui allait lui être fatale : en choisissant de se rapprocher du royaume de Naples, sous l’autorité des Aragon, il s’attira les foudres de la maison d’Anjou qui, de son côté, faisait valoir ses droits sur le Sud de l’Italie, qui était alors très riche. En manoeuvrant ainsi contre la France, Pierre II risquait de provoquer une invasion française en Italie et mettait sa ville en difficulté économique. Et quand il s’agit d’argent, les marchands et les banquiers florentins perdent vite le sens de l’humour. Lorsque, en 1494, le roi de France Charles VIII marcha effectivement sur l’Italie, Pierre de Médicis devint l’Infortuné et, dans la panique, il livra Pise et Livourne aux Français pour sauver sa peau. C’était une véritable déclaration de banqueroute, qui, de plus, n’avait nullement reçu l’aval du Conseil de Florence. Condamné à l’exil, Pierre II laissa derrière lui le pouvoir vacant et une ville apeurée, profondément ébranlée dans ses certitudes.

Jérôme Savonarole naquit à Ferrare en 1452. À 22 ans, il intégra l’ordre dominicain dont le nom latin, Ordo Fratrum Praedicatorum, l’ordre des Frères prêcheurs, dit bien ce que son fondateur, saint Dominique, avait en tête. Après des études approfondies, les moines devaient conduire les hommes sur la voie de la foi et les faire revenir aux valeurs chrétiennes, par le seul pouvoir de la parole. Exactement ce que le jeune Jérôme rêvait de faire. Il devint effectivement un bon prédicateur, de ceux qui savent captiver les foules. Lorsqu’il s’emportait contre la richesse et les mœurs corrompues des puissants, il était sûr d’avoir le petit peuple derrière lui. Ses appels à la pénitence et au retour aux vraies valeurs emportèrent aussi l’adhésion de certains nobles. Jérôme Savonarole arriva à Florence en 1485. Il connut son heure de gloire neuf ans plus tard, lorsque la ville sombra dans la profonde crise déclenchée par Pierre de Médicis. Le dominicain n’avait-il pas prédit que la ville serait condamnée à la chute si elle ne se purifiait pas de ses péchés ? Tandis que si Florence se purifiait et si ses habitants vivaient dans la crainte de Dieu, elle deviendrait plus riche et plus puissante que jamais, et étendrait encore son pouvoir…

L’épreuve de vérité arriva quand le Conseil de la ville choisit Savonarole pour négocier avec Charles VIII. Lorsqu’il réussit à éviter la conquête et la destruction de Florence, l’allégresse n’eut pas de limites, et le dominicain réalisa enfin son rêve d’une « cité de Dieu ». Or il s’avéra bientôt que le moine n’était pas un politique. Il unissait le pouvoir démocratique et plébiscitaire à un système dictatorial d’oppression et de surveillance. Et pour que les croyants ne s’égarent pas, leur savoir serait désormais limité et la religion au cœur de l’éducation.

Savonarole régnait sur Florence d’une main de fer. Beaucoup croyaient aux prophéties du prêcheur charismatique – et quiconque pensait autrement préférait se taire, car sa vie était en jeu. La « dictature de Dieu » finit par vaciller, parce que le dominicain se fit un ennemi de celui qui se considérait lui-même comme le représentant du Christ sur terre : le pape Alexandre VI. Le souverain pontife n’appréciait ni les attaques toujours plus haineuses du moine contre la dépravation d’une Église corrompue par l’argent, ni l’alliance de Florence avec la France. Car Alexandre VI ne désirait rien tant que bouter les Français hors d’Italie. Savonarole était l’homme à éliminer !

La fin était inéluctable. L’excommunication du prêcheur fut prononcée à Florence le 25 juin 1497 – exclusion à la fois de l’Église et de la communauté des croyants. Dès lors, ses opposants florentins eurent el vent en poupe. En avril 1498, le couvent Saint-Marc, où s’était retiré Savonarole, fut pris d’assaut par une foule en colère. L’issue du procès qui suivit était jouée d’avance : accusé d’hérésie, Jérôme Savonarole fut condamné au bûcher.
par Joss
le Dim 6 Fév 2011 - 12:30
 
Rechercher dans: Documentaires
Sujet: LES BORGIA : ALEXANDRE VI (LES ORIGINES DE LA REFORME)
Réponses: 14
Vues: 3964

Savonarole, le prophète maudit...

... est le programme que propose Arte, ce soir à 21h.

Jérôme Savonarole (1452-1498) débute sa carrière ecclésiastique à Bologne chez les dominicains. En 1491, il devient prieur du couvent San Marco à Florence. Prédicateur extrêmement véhément, il attire des dizaines de milliers de personnes qui attendent pendant des heures pour l’entendre. Dans ses discours, il critique les moeurs délétères de ses contemporains, condamne la dépravation des grands de ce monde et prend parti pour les humbles. Quant à ses inquiétantes prophéties, elles semblent souvent se réaliser, au point qu’elles font trembler les princes et les hommes d’Église.

Parvenu à l’apogée de son influence, Savonarole instaure à Florence un État théocratique. Son pouvoir s’appuie sur une police composée d’enfants, dont la mission est de traquer le vice dans toute la ville. Jeux de hasard, toilettes provocantes, plaisirs érotiques… tout crime de lèse-vertu est susceptible d’être puni de mort. Savonarole va même jusqu’à contester l’autorité d’Alexandre VI Borgia, le pape le plus débauché de l’histoire du Vatican, et exige sa destitution… Grâce à des documents retrouvés à Rome et à Florence, ainsi qu’à des reconstitutions, ce documentaire retrace l’itinéraire d’un étrange prophète, “vrai saint” pour Martin Luther, “monstre hideux” selon Goethe.
par Invité
le Sam 17 Mai 2008 - 17:52
 
Rechercher dans: Histoire
Sujet: Savonarole, le prophète maudit...
Réponses: 4
Vues: 3606

Revenir en haut

Sauter vers: