CONFERENCE DE PRESSE NICOLAS SARKOZY

Vœux: quand Nicolas Sarkozy se joue des médias
08/01/2008Par
Auteur:
Gérard Desportes

La première conférence de presse du quinquennat a commencé depuis presque une heure et demi, le Président de la République vient à peine de répondre "oui" à une question sur sa volonté d'en finir en 2008 avec les 35 heures, que Christine Clerc, une ex plume du Figaro, celle que Coluche appelait "la petite soeur des riches", se lève et se présente. "journaliste indépendante" dit-elle, avant d'interroger sur le pouvoir d'achat et l'attente des français en la matière. Nicolas Sarkozy ne se départit pas du ton qu'il a adopté depuis le début, mi-rigolard, mi-compatissant. "C'est aimable pour les autres". Eclats de rire dans la salle des fêtes de l'Elysée où s'entassent plus de six cents journalistes et cameramen, sans que l'on puisse distinguer si ce rire collectif est jaune ou gêné.

Quelques minutes avant, Laurent Joffrin -qui avait égratigné la veille dans Libération un "Poutine soft" - pose une question à tiroirs dans laquelle il stigmatise une éventuelle "monarchie éclairée" et émet l'hypothèse que certains des ministres du gouvernement Fillon sont en sursis. " Je vous retourne le compliment" cingle le Président qui, par deux fois, renvoie le directeur de la rédaction aux difficultés que rencontre son titre. "Vous devez savoir ce que c'est que le sursis" plaisante le maître du pupitre. Silence des confrères.

Mordant, cruel, moqueur, le Président aura passé le plus clair de son temps à répondre aux journalistes sur le mode de celui qui surplombe. Un préambule stratosphérique de près de trois quarts d'heure pour justifier "la politique de civilisation" qu'il entend dorénavant incarner, des voeux en passant pour préférer "l'excès de presse plutôt que son absence", et le tour est joué. La convenance républicaine qui commande au premier pouvoir de recevoir chaque début d'année en son lieu de prédilection le quatrième n'a jamais mieux trouvé à s'exprimer. Parce qu'excès, il n'y aura pas. En tout cas, pas du côté des invités. C'est le président qui attaque, vole aux secours de ses amis qui prennent le contrôle des médias, considérant leur arrivée comme "une bonne nouvelle", estimant plus intelligent de réformer la distribution des journaux (contrôlée par Arnaud Lagardère) plutôt que de discuter de l'identité de tel ou tel de leurs propriétaires. L'homme qui fait des cartons d'audience à chaque intervention télévisée, qui multiple les Une depuis les huit mois qu'il a été élu n'a jamais été bousculé, jamais déstabilisé par les questions, même quand il annonce son souhait de voir la publicité quitter le champ de l'audiovisuel public (ce qui fait flamber le cours de TF1 contrôlé par Martin Bouygues).

Comme on sait, il n'y a pas de grand ou de petit journaliste, dans une conférence de presse de ce type, il y a celle ou celui qui tient le micro et le confrère qui ne le tient pas. L'assistance vient donc d'écouter sagement un discours de haute volée tendant à démontrer que la France pourrait être "l'âme de la nouvelle Renaissance dont le monde a besoin" si elle accepte le changement proposé par le chef de l'Etat qu'une consoeur de la télévision ramène tout le monde à l'essentiel. En l'occurrence, son mariage avec Clara Bruni. Le président attaque encore, ironique et ravi de l'aubaine, " Faut-il que vous me fassiez confiance pour me poser cette question. Pour certains de mes prédécesseurs, vous saviez, vous ne disiez rien". L'ange passe, François Mitterrand, l'avion présidentiel pour Louxor et ses "différentes familles" sont explicitement évoqués par Nicolas Sarkozy. " J'incarne la rupture avec une tradition déplorable de notre vie politique, l'hypocrisie" dit-il, avant de mettre ses éventuels censeurs devant leurs contradictions économiques, "Je n'ai pas demandé que des photographes soient présents à Disneyland, je n'ai pas donné de consigne, pas davantage que je n'ai demandé qu'ils m'accompagnent en Egypte (...) Si vous ne voulez plus qu'on parle de ma vie privée, n'envoyez plus de photographes." A la fin des questions, il est plus de midi, l'échange, si l'on peut dire, traîne en longueur, une autre journaliste de télévision l'interroge enfin sur son salaire, ses voyages dans l'avion de Vincent Bolloré, l'étalage de sa vie privée. Le président se fait méchant. "Est-ce que vous avez demandé aux autres combien ils gagnaient?". Un autre ange passe, mais cette fois, c'est Jacques Chirac qui est appelé à la barre des témoins. Un brin vachard, un poil grossier après avoir constaté que lui ne cumule pas retraite et traitement, il n'hésite pas. L'ex-candidat du pouvoir d'achat qui s'est substantiellement augmenté balance son ancien mentor. " Ca me fait un peu moins que mon prédécesseur". Pas de réaction. Quant à la multiplication des emprunts des moyens locomotion du patron de Direct 8 et autres journaux gratuits, le Président reconnaît qu'il pourrait prendre les lignes régulières comme le lui conseille l'opposition, en détaillant le nombre et la qualité de tous ceux qui, des gardes du corps au médecin, sont tenus d'accompagner un chef de l'Etat en déplacement. "Dix personnes suivent" dit-il, sans que l'on voit véritablement le rapport.

D'autres conférences de presse suivront en cette année 2008.

MEDIAPART

Qu'en pensez-vous ? Vous a-t- convaincus, rassurés, amusés ?

bonsoir

Je me demande bien comment on fait pour aller parler de la catholicité de la france avec autant de conviction à latran et donner
le mauvais exemple si impunément à la face du monde en renvoyant
son épouse , probablement celle qui l'a fait monter sur le trône.......

???????????????????????????????????? charles

Joss a écrit:Qu'en pensez-vous ? Vous a-t- convaincus, rassurés, amusés ?

Encore un sujet sur lui? Joss...

Pour ma part, je récupérais du bus et d'une journée de boulot donc je dormais comme une marmotte quand il parlait. Aucun regret.

Franchement, ce n'est pas parce que Sarkosy monopolise l'attention des médias qu'il faut lui emboîter le pas. C'est lui faire trop d'honneur. J'ai d'ailleurs trouvé ma résolution pour 2008: cesser d'intervenir ou de lire les sujets consacrés à Sarkosy.

Bonne idée : pendant que tu ne t'occupes pas de lui, il s'occupe de toi :beret:

Moi non plus, d'ailleurs, je ne l'ai pas regardé : je devais avoir bien plus urgent à faire... m'occuper des chats ? vérifier les feuilles fanées ?

Et moi non plus, je ne le regrette pas : on peut compter pour avoir la résumé en quelques minutes, et il m'énerve tellement qu'il faut que je pense à ménager mes artères et la sécu.

Maintenant ce que j'en ai compris ? "Je gagne plus, et vous, vous allez travaillez plus pour cela". :gnark:

Je n'ai rien appris de nouveau à part qu'il compte changer le paysage audio-visuel ça veut dire quoi ....à suivre.......

Joss a écrit:Je n'ai rien appris de nouveau à part qu'il compte changer le paysage audio-visuel ça veut dire quoi ....à suivre.......

Ça veut dire supression des publicités sur les chaînes de service public qui ne pourront plus compter que sur les revenus de la redevance. Conséquence: la mort du service public à court terme. Bien fait pour Drucker. :gnark:

"Et moi non plus, je ne le regrette pas : on peut compter pour avoir le résumé en quelques minutes, et il m'énerve tellement qu'il faut que je pense à ménager mes artères et la sécu."

Tu as raison Lucie ! A quoi bon s'énerver à écouter toutes ses histoires quand on sait que ce n'est que sa pub...

Joss a écrit:Je n'ai rien appris de nouveau à part qu'il compte changer le paysage audio-visuel ça veut dire quoi ....à suivre.......

ca arrive juste quand les chaines Bouygues ont du mal à atteindre les 30% d'audience..
Beau cadeau de Noël

Joss a écrit:Qu'en pensez-vous ? Vous a-t- convaincus, rassurés, amusés ?

"convaincus" ? Oui. Convaincu qu'on a là un adversaire redoutable de la démocratie.

"rassuré" ? Il y a beau temps qu'on savait à qui on a affaire.

"amusé" ? Non, pas vraiment.

Il est remarquable dans l'art de la répartie et sa manière de renvoyer l'adversaire dans les cordes. Mais l'art de la répartie ne fait pas forcément un grand chef d'Etat.

:angrywom: :mur:

Mespheber a écrit:

Joss a écrit:Qu'en pensez-vous ? Vous a-t- convaincus, rassurés, amusés ?

Encore un sujet sur lui? Joss...

Pour ma part, je récupérais du bus et d'une journée de boulot donc je dormais comme une marmotte quand il parlait. Aucun regret.

Franchement, ce n'est pas parce que Sarkosy monopolise l'attention des médias qu'il faut lui emboîter le pas. C'est lui faire trop d'honneur. J'ai d'ailleurs trouvé ma résolution pour 2008: cesser d'intervenir ou de lire les sujets consacrés à Sarkosy.

Tu as raison, Mespheber ; mais on ne peut pas s'empêcher.

Et puis, on est si impatients de voir arriver le moment où la baudruche commencera à se dégonfler !

Lagaillette a écrit:

Et puis, on est si impatients de voir arriver le moment où la baudruche commencera à se dégonfler !

S'il ne nous entraîne pas dans une guerre avant !

Aujourd'hui, premier jour des soldes et calme inhabituel à Lille. Ma soeur, qui est commerciale, m'avouait tantôt sa peur face à cette situation. Travailler plus pour gagner plus? La réalité est le démenti le plus manifeste des déclarations du président, sans doute le signe le plus évident que son projet est voué à l'échec. Actuellement, je relis la manière dont le troisième Reich a grimpé en Allemagne par un témoin visuel qui travaillait à l'ambassade américaine à berlin. les ressemblances avec notre époque est terrible!

La liberté et la paix ne sont pas des acquis, comme trop de gens dans ce pays le pensent, ce sont des privilèges dont nous n'avons pas su nous montrer dignes. Il n'y a pas de fatalité, juste la libre rétribution de plusieurs générations d'iniquités et de choix désastreux.

Mespheber a écrit:
La liberté et la paix ne sont pas des acquis, comme trop de gens dans ce pays le pensent

.....et la prospérité !

Je lisais un article aujourd'hui qui expliquait qu'avec l'explosion de la demande de l'Inde et de la Chine, il va devenir difficile de fournir en blé, maïs, etc....

Belle excuse, considérant que la base de l'alimentation en Chine reste quand mêrme le riz, que la plupart des gens produisent pour eux-mêmes. On parle d'un pays, ou plutôt d'une fédération de pays, aux déséquilibres économiques encore plus marqués qu'en Europe. La véritable cause de la baisse de production du maïs et du blé: le climat. Le maïs est une plante tropicale qui s'acclimate difficilement sur nos sols en l'absence d'une irrigation diluvienne. Quant au blé, nos sols s'épuisent tout simplement, ajoité à cela le climat. L'an dernier il y a eu près de 80% des récoltes détruites sur certaines parcelles.

Quand le peuple a faim, la révolte ou la guerre suit toujours et dans ces cas-là, ces toujours mieux de désigner un bouc-émissaire. Oui, selon moi la guerre est inévitable. C'est une question de mois, d'années mais on en a pris le sentier et e bien avant Sarkosy, il serait bon d'arrêter de s'intéresser à ce pantin et de commencer à songer à survivre à l'effondrement systémique le plus important de l'humanité depuis l'invention de l'agriculture, car jusqu'ici, ceux-ci étaient inclus dans un principe de progrès technologique ou sociale. Avec l'effondrement de la société de marché, on constate qu'il n'y a aucun projet de société ni l'émergence d'alternative suffisamment forte pour lui succéder. Considérant la manière dont ce sont passés les précédents, ce sera surement violent et nos armes contemporaines feraient frémir d'horreur Alexandre même...

Mespheber a écrit:Belle excuse, considérant que la base de l'alimentation en Chine reste quand mêrme le riz, que la plupart des gens produisent pour eux-mêmes.

ça dépend. La moitié de la Chine cultive du riz, l'autre moitié du blé (l'un dans le nord, l'autre dans le sud, ou l'inverse). D'ailleurs, c'est dans les régions à blé qu'ils éliminent les petites filles, tandis que dans les régions à riz ils les gardent parce que c'est elles qui le repiquent. Un argument de plus en faveur du riz, qui est l'aliment équilibré par excellence !

Bon.....Je vais essayer de retrouver mon article (qui explique également pourquoi les OGM sont inévitables)

"Quant au blé, nos sols s'épuisent tout simplement, ajoité à cela le climat. L'an dernier il y a eu près de 80% des récoltes détruites sur certaines parcelles."

Les sols ne s'épuisent que quand les agriculteurs sont ignorants...
L'assolement n'est pas une nouveauté. Je remarque que dans ma région, les agriculteurs le pratiquent. On ne retrouve pas 2 années de suite les mêmes cultures dans le même champs.
En alternance il ya du blé, du maïs, des tournesols, du colza (qu'on sent de loin!) et même du soja.
De même, un bon jardinier change les emplacements de ses légumes...

Quant au climat, ce n'est pas nouveau non plus, il y a toujours eu de mauvaises années. Autrefois cela signifiait la famine, maintenant c'est un peu moins grave, sauf pour les agriculteurs eux-mêmes, car notre alimentation est diversifiée.

Le maïs : une plante tropicale ??? A part les années de sécheresse, le maïs se contente des pluies normales de nos régions. Le maïs craint aussi l'excès d'eau, sauf peut-être s'il est OGM !!!

Le maïs, de même que la pomme de terre et la tomate, est une plante qui nous vient d'Amérique du Sud, mais à la différence des patates qui vit très bien en montagne, le maïs a besoin de beaucoup d'eau. Lors des années de sécheresse, on remarquait que les zones les plus touchées étaient celles où l'on cultivait le maïs. Evidemment, comme d'autres récoltes, celles-ci ont besoin d'un temps sec pour éviter le pourrissement et parvenir à la pleine maturation des fruits ou des grains, sans parler de leur conservation.

Le système des jachères est actuellement abandonné dans plus en plus de région car il ne suffit plus à compenser l'appauvrissement des sols.