MARTHE ET MARIE


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L'île, de Pavel Lounguine

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L'île, de Pavel Lounguine Empty L'ILE

Message par Joss Mer 27 Fév 2008 - 15:57

Date de sortie : 09 Janvier 2008
Réalisé par Pavel Lounguine
Avec Piotr Mamonov, Viktor Soukhoroukov, Dimitri Dioujev Plus...
Film russe.
Genre : Drame
Durée : 1h 52min.
Année de production : 2006
Titre original : Ostrov
L'île, de Pavel Lounguine 18844676
Un monastère orthodoxe sur une île du nord de la Russie. Un moine perturbe la vie de sa congrégation par son comportement étrange. En effet, selon la rumeur, l'homme posséderait le pouvoir de guérir les malades, d'exorciser les démons et de prédire l'avenir... C'est en tout cas ce que croient les étrangers qui se rendent sur l'île. Mais le moine, qui souffre d'avoir commis une terrible faute dans sa jeunesse, se considère indigne de l'intérêt qu'il suscite...

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Message par Fée Violine Jeu 19 Juin 2008 - 20:53

(sur le site des dominicains de Montpellier)

« L’île »

Un film de Pavel Lounguine

L’île où bat le cœur de l’âme russe sous le soleil de la grâce

Film russe. Genre : Drame
Durée : 1h 52 mn

Année de production : 2006

Date de sortie en France : 09 janvier 2008



« Nul n’est une île » disait Thomas Merton. Pas même le Père Anatoli, moine orthodoxe, sur son île perdue au milieu des mers « sibériques » de l’espace et du temps. Car nous pourrions être aussi bien finalement au XV° siècle, au temps d’Andréï Roublev, qu’en 1976 : il rejoint chacun dans sa vérité, dans son histoire sainte devant Dieu et devant ses frères.

Film inclassable, plus que magnifique et pas loin du sublime. Proche de la veine des grands chefs d’œuvres d’Andréï Tarkowski « L’enfance d’Ivan », « Andréï Roublev » ou « Le sacrifice ». Moins hermétique et plus mystérieux : avec une plongée dans l’univers dostoïevskien plus radicale. Comment ne pas penser à la trame de « Crime et Châtiment » ?

Sans effet de manches hollywoodiennes et sans tapage médiatique de lancement, ce film est vraiment digne d’appartenir à ce que l’on appelle le 7° art, dont il restera un joyau incontestable. (Il risque de ne rester en salle à Montpellier que deux semaines, jusqu’au mardi 22 janvier. C’est souvent le sort des chef d’œuvres : Mozart ne fut-il pas enterré dans une fosse commune. Film qui a eu pourtant en Russie un immense succès populaire : si le temps ne pressait, nous pourrions analyser ce fait …)

Chef d’œuvre ? Certes par le talent du réalisateur, et de son acteur principal, Piotr Mamonov, rocker russe très connu en son pays et converti. Par leur itinéraire intérieur personnel que le tournage de ce film n’a pas laissé indemne. Mais aussi par l’axe central qui illumine secrètement chaque image, celui de la Vérité recherchée inlassablement à travers le mystère de la Rédemption, par un soldat devenu moine, qui n’aura de cesse de quémander le pardon pour le péché, irrémissible à ses yeux, de sa jeunesse : celui du meurtre, non par jalousie mais par lâcheté, de son compagnon d’armes, dans une répétition tragique du meurtre d’Abel par Caïn. Méditation sur le sens perdu aujourd’hui de la faute, la culpabilité, étape nécessaire vers l’accueil de la grâce du salut.

Il devient moine sur cette île où a échoué son bateau transportant du charbon, détruit et abandonné en 1942 par les Allemands. Il aura comme activité d’alimenter en charbon avec ce qui reste de la cargaison échouée, la chaudière du monastère insulaire, comme il le faisait comme soldat pour le moteur du bateau.

Thaumaturge, moine en errance intérieure, starets en herbe, « fol en Christ », anachorète décalé, moine un peu « borderline » comme on dirait aujourd’hui, par son charisme qui dérange ses frères et guérit les pauvres, l’île se trouve visitée régulièrement par des pèlerins en quête de paix, de lumière, de guérison, de conseils, de grâce : des rencontres aux dialogues dans la pure tradition que décrit Michel Evdokimov dans son livre « Pèlerins russes et vagabonds mystiques ». Cette île n’est plus une île : mais un port de grâce.

Dans ce film d'une vie pétrie de la Parole de Dieu, transparaît une mise en lumière du mystère de la foi, de la prière, de la Communion des saints, de la vie fraternelle, du pécheur implorant la miséricorde, du pardon, de la Rédemption, de la Vérité qui nous a tant aimés.

Dans cette quête de la Vérité, on découvre une beauté qui n’a rien à voir avec l’esthétisme que dénonce génialement Sören Abyee Kierkegaard qui a vécu son enfance dans des paysages guère différents du Jutland danois, mais cette Beauté qui rime en profondeur avec la vérité de l’homme devant Dieu et devant ses frères : vérité qui est sa dignité, sa Beauté. Comme quand vous allez à Jérusalem au monastère éthiopien du Saint Sépulcre ou à la cathédrale abyssine à l’entrée du quartier de Meah Shéarim, c’est cette même beauté divine qui apparaît, qui n’a rien d’une esthétique mondaine, dans une pauvreté matérielle assez grande, mais qui est le fruit d’une liturgie qui coule de source, comme un fleuve : celui de la grâce.

C’est un film plein de grâce : un film qui fait du bien. C’est assez rare pour le signaler : si on peut faire retraite dans la ville, pourquoi pas au cinéma ? Les dernières minutes du film sont inoubliables tant visuellement qu’au point de vue sonore : il y a là une œuvre accomplie dans tous les sens du terme, comme la vie du Père Anatoli.


Fr. Nicolas-Bernard Virlet o.p.


Post-scriptum :

Poursuivant la méditation au fil des jours sur ce très beau film, il est à noter qu’il y a là aussi, comme une parabole sur le Purgatoire : ce temps après la mort qui est donné par la miséricorde de Dieu, pour que l’âme, les yeux de l’âme pécheresse - mais désireuse fondamentalement, implicitement ou explicitement, en sa vie terrestre, malgré son péché, de vivre de Dieu et en Dieu - se purifient : âme rendue capable, par la grâce de Dieu, de voir Dieu.

Le Purgatoire, un peu comme quand on se réveille le matin, il faut quelques minutes pour que les yeux passent de la nuit du sommeil à la lumière du jour : s’habituent, s’ajustent à la clarté nouvelle.

Le Purgatoire, un peu comme ces trois jours d’aveuglement de Paul sur son chemin de Damas, de conversion : passant brutalement de la nuit de son péché de persécuteur des chrétiens à la lumière de la vie avec le Christ et pour le Christ, à la vie de disciple du Christ. Aveuglement physique, comme un signe de cet éblouissement intérieur où il faut ce temps à Paul pour commencer à habituer les yeux de son cœur, de son âme, à la lumière de l’Amour, sortant brutalement de la longue nuit de son péché.

Le Purgatoire : ce temps donné au soldat qui devient moine après cette « première mort », où il est trouvé comme mort sur la plage de boue charbonneuse, temps de purification du Père Anatoli, d’intériorisation de la grâce du pardon demandée sans cesse pour mieux l’enraciner en lui.

En effet, ce péché, si saillant en sa vie, lui révèle, lui ouvre les yeux sur sa condition fondamentale de pécheur devant Dieu et devant ses frères, le conduisant à implorer le pardon de Dieu pour ce péché et tous les autres de sa vie, même moins grand : « Seigneur, Jésus, Fils du Dieu vivant, aie pitié de moi pécheur », prière du cœur de la tradition orientale, qui coule comme un fleuve de grâce à travers l’histoire de l’Eglise et la vie de ses témoins. Car on mesure la gravité de son péché selon trois critères : selon l’acte lui-même, selon l’intention qui a présidé à l’acte et selon la personne qui est atteinte par notre péché. Et avec Dieu, offensé en tout péché, c’est toujours l’Innocent qui est atteint : ce qui donne sa gravité en soi à tout péché, que multiplient après les deux premiers critères d’évaluation devant Dieu. Ceci non pour désespérer, mais pour prendre conscience devant Dieu de notre misère, mais aussi alors de son amour infini, de sa miséricorde immense, puisqu’il pardonne à Celui qui revient en vérité vers lui.

Ainsi se déroulent pour le Père Anatoli, dans la foi et dans l’espérance, les années de vie monastique, rejeté de ses frères, charriant des brouettes de charbon depuis le bateau échoué sur lequel il s’en est pris à la vie de son compagnon soldat. (cf ce long, lent travelling de la caméra sur les cales vides de charbon, du bateau échoué : c’est tout le charbon déjà transporté par le Père Anatoli, toute sa peine déjà endurée, toute la purification intérieure engagée qui rayonne sur tous les pèlerins qui viennent le visiter. Et la dernière cale de la proue du bateau où il continue de prendre le charbon, signe qu’il arrive au bout de ce temps de Purgatoire).

On ne voit pas dans le film le Père Anatoli recevoir le sacrement du pardon. Mais on peut penser qu’il l’a reçu ? Celui-ci l’a fait passer de l’enfer de son péché au purgatoire, où la grâce d’éternité donnée œuvre dans ce temps de miséricorde au rythme divinement respectueux de notre finitude. Et le film est tout ce purgatoire. Et ce n’est qu’à la fin du chemin, quand son ancien compagnon soldat, finalement encore vivant, sous les traits de cet amiral mendiant la grâce de Dieu pour sa fille, lui pardonne, que le Père Anatoli finit son Purgatoire : le compagnon blessé qui pardonne - incarnation visible du pardon de Dieu – participe à délivrer son frère (Communion des Saints), le Père Anatoli, alors du Purgatoire : le Père Anatoli se revêt de blanc, il entre déjà au ciel dans la foi, dans l’espérance sûre, avant même de mourir, déjà ressuscité ...

Le pardon délivré par le frère blessé est confirmation pour le pécheur du pardon de Dieu. Le pardon du frère à celui qui l’a offensé est aussi comme la « confirmation » du sacrement du pardon de Dieu pour le pécheur. C’est rendre « visible » au pécheur pardonné la grâce invisible du sacrement du pardon reçue ou à recevoir.

Nul ne peut voir Dieu dans les yeux sans pouvoir voir son frère dans les yeux : nul ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas, sans aimer son frère qu’il voit. Nul ne pourra voir Dieu dans la gloire, s’il ne l’a d’abord vu dans l’humilité de sa présence fraternelle. Ce n’est pas nul ne pourra connaître Dieu dans la gloire, s’il ne l’a pas reconnu d’abord dans l’humilité de sa présence fraternelle. Mais c’est la « surprise » eschatologique que décrit Jésus en Mt 25,31-46 : nul ne pourra reconnaître Dieu, contempler Dieu dans la gloire, s’il ne l’a pas d’abord connu dans l’humilité de sa présence fraternelle et salvifique parmi nous. Et cela le Père Anatoli l’a compris : c’est pour cela qu’il espère ce face à face avec son ancien frère d’armes avant le face à face avec Dieu. Nul ne peut prétendre partager la gloire de Dieu dans la gloire s’il n’a pas partagé l’humilité de Dieu dans l’humilité de sa présence parmi nous. Nul ne peut partager la gloire de Dieu, sans partager son humilité. Car sa gloire, c’est son humilité : la gloire de Dieu dans l’humilité n’est pas moins grande que la gloire de Dieu dans la gloire. Car en Jésus, Dieu s’est fait notre frère, le plus petit d’entre nos frères, dans sa charité divine « plus grande que l’amour ». Comme dit le Père Anatoli : « ce n’est pas de mourir qui me fait peur, mais de comparaître devant Dieu », qui dans l’Esprit qui les unit est notre Père mais aussi notre Frère : Père, Fils et Saint Esprit.
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Message par Joss Ven 20 Juin 2008 - 8:50

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Message par Fée Violine Ven 20 Juin 2008 - 18:23

ah pardon, j'avais pas vu qu'il y avait déjà un sujet sur ce film !
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