Noce et décès

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,1-13.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Le royaume des cieux sera comparable à
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : 'Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre. '
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : 'Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. '
Les prévoyantes leur répondirent : 'Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands. 'Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l'on ferma la porte. Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : 'Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! 'Il leur répondit : 'Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. 'Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure.

Encore des coïncidences (mais on dira que j'en vois partout...): aujourd'hui ont lieu les funérailles de mon cousin Alfred, foudroyé par une rupture d'anévrisme... à la fin de la soirée de noces de son fils Jordan ! Or, il s'agit bien dans cet Evangile de ce qui se passe quand l'Epoux vient.

Vous ne savez ni le jour, ni l'heure dit Jésus, et j'ose ajouter: jusqu'à la seconde vous l'ignorez. En effet,les derniers mots de mon cousin ont été: "Je vais m'asseoir, je n'en peux plus..." mais il n'a jamais eu le temps de s'asseoir !" Il est frappant tout de même que l'Evangile des funérailles soit justement celui-ci ! Curieuse coïncidence encore: ma soeur cadette se rend donc à cette messe, mais elle ne me prévient pas et me laisse un message après son départ: "Je retourne dans les Ardennes après les funérailles, je fuis ma vie..."

Autre coïncidence, plus heureuse peut-être : la messe de funérailles a lieu le jour où l'on fête sainte Monique - et Monique est le prénom de la femme d'Alfred.

Quant à moi, je suis à mon travail. Je n'ai d'ailleurs pas reçu de faire-part de décès. Cependant, j'étais auprès de ma mère lorsque la nouvelle lui est parvenue, ce qui m'a permis de la calmer un peu. Je lui ai donné un léger calmant et je lui ai tenu la main, comme elle pleurait sur "ma pauvre famille"...

Je lis encore: "les prévoyantes leur dirent : jamais cela ne suffira pour vous et pour nous"... ce qui signifie que les prévoyantes ont juste assez de leurs réserves de bonnes oeuvres pour entrer dans la salle des Noces. Voilà qui m'invite plus jamais à faire preuve de vigilance de ce temps-ci...

ORATE PRO NOBIS !

Etienne

Témoignage qui me touche, Etienne...

Je ne sais pas ce qui a fait que tu ne sois ni au mariage du jeune homme, ni aux obsèques de ton cousin, mais j'ai une pensée pour toi et ta maman en lisant cette douloureuse coïncidence... La vie et la joie, la mort et la tristesse toujours étroitement liées, oui, j'y crois...
C'est ce qui se passe dans ma famille : ma maman est décédée en mars, et voici que la compagne de mon neveu est enceinte, ce sera le premier arrière-petit-enfant de mon père, un être s'en va, un autre arrive... Et ma soeur qui va être mamie de cet enfant avait son anniversaire le jour de l'enterrement de notre mère...

C'est vrai, je le remarque depuis longtemps, que la parole du jour vient nous parler personnellement. Non, ce n'est pas une coïncidence ni même SAINTE Monique, sainte patronne de son épouse, clin d'oeil pour vous consoler et vous rassurer qu'elle intercédait pour votre cousin grâce au lien du mariage.

Moi aussi Joss je trouve toujours une nourriture personnelle, souvent tout à fait opportune, dans les lectures du jour... C'est, je trouve, un des merveilleux mystères de la liturgie catholique. Et c'est encore plus beau de penser qu'on est en communion en même temps avec tous les catholiques, alors qu'on se sent touché tout à fait personnellement.

Ni mes soeurs, ni ma mère ni moi-même n'avions été conviés au mariage, et après le décès, tout est allé si vite que nous n'avons toujours pas reçu de nouvelles. Mais j'ai pu avoir des nouvelles par une de mes tantes, plus âgée, plus sévère sur "l'étiquette" (et aussi plus fortunée ... peu lui résistent, en tout cas).

Au cours de la messe de funérailles, les enfants des frères d'Alfred se sont exprimés au micro et lui ont demandé pardon dans les larmes. Il semblerait que l'alcoolisme de Monique avait été jugé avec la plus extrême rigueur et que son malheureux époux n'avait pas été soutenu par ses proches comme il aurait pu. Néanmoins, il a pris soin d'elle lorsque son cancer s'est déclaré et il a assumé tout ce qu'il pouvait, sans se rebeller, sans cesser de travailler non plus. Il s'est retrouvé seul, a dû vendre la maison, a loué dans le famille - mais on ne lui a fait aucun cadeau. Le mariage de son fils Jordan, il l'avait préparé ("comme Monique l'aurait voulu"). A mon avis, il aura donné tout ce qu'il pouvait d'un seul coup. Sans doute aurait-il dû surveiller son taux de cholestérol - beaucoup d'hommes oublient çà, et ils ont tort, mais enfin.

Finalement, cette histoire est assez représentative de ce qui se passe dans les familles éclatées - qui n'ont plus l'esprit de famille. Je me suis retrouvé moi-même très isolé après le décès de mon père, en avril 2008. C'est moi qui ai trouvé une maison de repos pour ma mère, qui ai liquidé les comptes, obtenu la pension de survie, réglé les documents pour le notaire, et finalement, je me retrouve à veiller sur ma mère, à payer les factures, à gérer ses comptes, à entretenir la maison... en sachant que j'irai jusqu'au bout, une seconde fois et que je m'en irai ensuite.

J'assume tout cela en plus de mon travail, bien sûr. Mes soeurs sont venues une ou deux fois la première année, puis se sont éloignées, ma mère ne voit plus ses petits et arrière-petits enfants. Déjà des adresses égarées, par manque de suivi. La vie d'aujourd'hui...