Hommage à Georgette...
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Hommage à Georgette...
C'était une dame de 83 ans, de ma paroisse, que j'aimais beaucoup. On s'est connues à la messe, on ne se voyait que là, mais le lien était devenu fort depuis des années.
Il y a quelques années, Georgette était responsable des enfants de choeur. Mon fils en faisait partie à cette époque. C'était un petit garçon doux et gentil et elle l'avait pris en grande affection. Chaque dimanche, elle donnait des bonbons, des chocolats aux enfants de choeur pour les remercier, elle avait même offert un livre et une casquette à mon fils. Et Georgette était fidèle dans ses affections. Mon fils est devenu un ado n'allant plus à l'église, comme la plupart des ados, mais toujours, Georgette me demandait des nouvelles de lui, en ajoutant : "Il est si gentil ! Mais je ne le reconnaîtrais même plus..." (Il a 19 ans à présent).
A chaque messe, j'embrassais Georgette, j'échangeais quelques mots avec elle. Elle me disait comme c'était dur de vivre seule, sans son mari décédé dans un accident de voiture il y a une quinzaine d'années. Elle était discrète sur ses enfants, mais ils ne venaient pas beaucoup la voir. Elle avait fait de la paroisse sa petite famille, elle était comme une mère pour les prêtres se succédant ici, les entourant de son affection, leur préparant des gâteaux... Elle avait toujours du mal à se remettre de leur départ, au gré des nominations de l'évêque... Elle pleurait en parlant d'eux, montrait une carte postale reçue, les larmes aux yeux...
J'essayais de lui dire que ça irait, qu'on avait encore besoin d'elle ici... Mais elle n'avait plus beaucoup le goût de vivre. Et à chaque fois qu'il passait près d'elle, notre prêtre lui disait : "Vous êtes tout près du ciel !"
Pour la fête des mères, j'avais fait dire la messe pour ma maman, j'avais prévenu Georgette à l'avance que mes enfants seraient là, et elle a été si heureuse de revoir mon fils ! Il y a deux ans, elle avait dit des chapelets pour son bac, alors je lui ai dit en riant que ma fille le passait à son tour cette année, qu'elle pense à elle dans ses prières... C'était un moment heureux, et mes enfants en parlaient toujours avec tendresse eux aussi.
Début juillet, les résultats du bac sont tombés, ma fille avait une mention TB, j'étais dans l'euphorie, j'étais occupée aussi à effectuer les démarches pour son logement d'étudiante.
Je suis allée à la messe le dimanche suivant pour remercier le Seigneur de cette grande joie, je n'ai pas pu l'annoncer à Georgette, elle n'était pas là.
L'été a passé, repos, joies diverses, plaisir des vacances...
C'est moi qui distribue le bulletin paroissial dans mon quartier. J'ai reçu le carton vendredi dernier. J'ai feuilleté le bulletin de septembre, avec une petite appréhension, comme tous les étés, à chaque fois je me dis que quelqu'un est peut-être décédé en mon absence et que je ne l'ai pas su. Je lis la liste des enterrements de l'été. Et là, qu'est-ce que je vois... Le nom de Georgette ! Non, je n'arrive pas à y croire, je suis bouleversée... Mes enfants sont là, je le leur dis, on a tous une grosse, grosse boule dans la gorge, surtout quand on voit la date : le 8 juillet ! Georgette est décédée la veille des résultats du bac, enterrée deux jours après, ici dans mon petit village, et je ne l'ai pas su, personne ne me l'a dit et je n'ai pas la presse régionale...
J'étais allée à la messe le 10 juillet, deux jours après son enterrement, j'avais annoncé joyeusement les résultats du bac de ma fille, Georgette n'était pas là, et je n'ai pas compris pourquoi, chacun, dans son chagrin, a gardé ça pour lui, ils ne devaient pas se douter que je n'étais même pas au courant...
Je regrette tellement, tellement de ne pas être allée à son enterrement, mes trois enfants m'y auraient accompagnée, on aurait pu partager l'hommage, lui dire A Dieu... Je ressens un manque immense, mais aussi la certitude que Georgette est dans la lumière, près du Père, de son mari, de tous ceux qu'elle a aimés...
Georgette est partie comme partent les humbles, un malaise toute seule dans sa maison pendant la canicule, personne pour lui tenir la main dans les derniers moments, comme est partie ma maman...
Alors j'ai plaisir à les imaginer toutes deux ensemble, faisant connaissance, parlant de mes enfants, la vraie mamie et la mamie de la paroisse...
Sois heureuse près de Dieu Georgette, je t'aime pour toujours...
Il y a quelques années, Georgette était responsable des enfants de choeur. Mon fils en faisait partie à cette époque. C'était un petit garçon doux et gentil et elle l'avait pris en grande affection. Chaque dimanche, elle donnait des bonbons, des chocolats aux enfants de choeur pour les remercier, elle avait même offert un livre et une casquette à mon fils. Et Georgette était fidèle dans ses affections. Mon fils est devenu un ado n'allant plus à l'église, comme la plupart des ados, mais toujours, Georgette me demandait des nouvelles de lui, en ajoutant : "Il est si gentil ! Mais je ne le reconnaîtrais même plus..." (Il a 19 ans à présent).
A chaque messe, j'embrassais Georgette, j'échangeais quelques mots avec elle. Elle me disait comme c'était dur de vivre seule, sans son mari décédé dans un accident de voiture il y a une quinzaine d'années. Elle était discrète sur ses enfants, mais ils ne venaient pas beaucoup la voir. Elle avait fait de la paroisse sa petite famille, elle était comme une mère pour les prêtres se succédant ici, les entourant de son affection, leur préparant des gâteaux... Elle avait toujours du mal à se remettre de leur départ, au gré des nominations de l'évêque... Elle pleurait en parlant d'eux, montrait une carte postale reçue, les larmes aux yeux...
J'essayais de lui dire que ça irait, qu'on avait encore besoin d'elle ici... Mais elle n'avait plus beaucoup le goût de vivre. Et à chaque fois qu'il passait près d'elle, notre prêtre lui disait : "Vous êtes tout près du ciel !"
Pour la fête des mères, j'avais fait dire la messe pour ma maman, j'avais prévenu Georgette à l'avance que mes enfants seraient là, et elle a été si heureuse de revoir mon fils ! Il y a deux ans, elle avait dit des chapelets pour son bac, alors je lui ai dit en riant que ma fille le passait à son tour cette année, qu'elle pense à elle dans ses prières... C'était un moment heureux, et mes enfants en parlaient toujours avec tendresse eux aussi.
Début juillet, les résultats du bac sont tombés, ma fille avait une mention TB, j'étais dans l'euphorie, j'étais occupée aussi à effectuer les démarches pour son logement d'étudiante.
Je suis allée à la messe le dimanche suivant pour remercier le Seigneur de cette grande joie, je n'ai pas pu l'annoncer à Georgette, elle n'était pas là.
L'été a passé, repos, joies diverses, plaisir des vacances...
C'est moi qui distribue le bulletin paroissial dans mon quartier. J'ai reçu le carton vendredi dernier. J'ai feuilleté le bulletin de septembre, avec une petite appréhension, comme tous les étés, à chaque fois je me dis que quelqu'un est peut-être décédé en mon absence et que je ne l'ai pas su. Je lis la liste des enterrements de l'été. Et là, qu'est-ce que je vois... Le nom de Georgette ! Non, je n'arrive pas à y croire, je suis bouleversée... Mes enfants sont là, je le leur dis, on a tous une grosse, grosse boule dans la gorge, surtout quand on voit la date : le 8 juillet ! Georgette est décédée la veille des résultats du bac, enterrée deux jours après, ici dans mon petit village, et je ne l'ai pas su, personne ne me l'a dit et je n'ai pas la presse régionale...
J'étais allée à la messe le 10 juillet, deux jours après son enterrement, j'avais annoncé joyeusement les résultats du bac de ma fille, Georgette n'était pas là, et je n'ai pas compris pourquoi, chacun, dans son chagrin, a gardé ça pour lui, ils ne devaient pas se douter que je n'étais même pas au courant...
Je regrette tellement, tellement de ne pas être allée à son enterrement, mes trois enfants m'y auraient accompagnée, on aurait pu partager l'hommage, lui dire A Dieu... Je ressens un manque immense, mais aussi la certitude que Georgette est dans la lumière, près du Père, de son mari, de tous ceux qu'elle a aimés...
Georgette est partie comme partent les humbles, un malaise toute seule dans sa maison pendant la canicule, personne pour lui tenir la main dans les derniers moments, comme est partie ma maman...
Alors j'ai plaisir à les imaginer toutes deux ensemble, faisant connaissance, parlant de mes enfants, la vraie mamie et la mamie de la paroisse...
Sois heureuse près de Dieu Georgette, je t'aime pour toujours...
Belen- Membre actif
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Date d'inscription : 15/05/2008
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