MARTHE ET MARIE


Rejoignez le forum, c’est rapide et facile

MARTHE ET MARIE
MARTHE ET MARIE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Aliexpress : codes promo valables sur tout le site
Voir le deal

Fin programmée d'un grand buveur

Aller en bas

grand - Fin programmée d'un grand buveur Empty Fin programmée d'un grand buveur

Message par etienne lorant Mar 11 Jan 2011 - 16:52

L'ami Christophe, que je connais depuis une quinzaine d'années, est pratiquement parvenu au bout de sa route, qu'il avait appelée son "parcours existentiel". Christophe, dans la cinquantaine, qui m'avait de nombreuses fois visité en boutique au cours des années, va probablement finir rapidement après une hémorragie due à une "hernie étrangleuse" jamais traitée.

Christophe buvait et buvait trop, depuis de longues années. La raison, je ne l'ai pas connue tout de suite, mais lorsque la confiance s'est installée peu à peu. Comme beaucoup d'alcooliques après la quarantaine, le but déclaré était de se tuer "à petites doses, en douceur". Trois autres hommes du même âge, que je vois passer chaque jour, en sont là, eux aussi, et le disent ouvertement: ils ne cherchent qu'à se détruire dans l'euphorie de la bière.

Ils ont un revenu à dépenser sans travailler (pension, ou allocation d'invalidité), les uns jusqu'à la moitié du mois, les autres en tout temps. Ils vont dans un bistrot ou l'autre, connaissent tous les "piliers" de comptoir, ne mangent que de manière épisodique puisque leurs bières leur fournit amplement assez de calories.

Si le cas de Christophe a retenu mon attention, c'est parce qu'il en a dit plus que les autres. En remontant les événements de sa vie, petit à petit, à mesure que la confiance s'installait, je crois avoir compris que toute sa "dérive", et la majeure partie de son histoire, tient au reniement de sa mère à sa naissance.

Cette dernière avait déjà eu deux garçons et désirait une fille. Et elle a obtenu cette fille... en même temps qu'un dernier garçon (Christophe) qu'elle s'est mise à détester dès la fin de l'accouchement.
Cette haine du commencement ne s'est jamais démentie, au point qu'à l'âge de treize ans, Christophe en était déjà à deux tentatives de suicide. On le mit dans une école connue pour sa sévérité, dont il s'enfuit plusieurs fois, fut rossé par son père, et finalement, quitta la maison à dix-sept ans, pour commencer à travailler.

Un premier mariage fut un échec total. Ensuite, il connût des femmes ici et là, mais ne put jamais établir une relation de longues durées.
A périodes fixes, il sombrait dans la mélancolie, appelait ses parents, ses parents, ses frères et sa sœur, essayait de renouer, tentatives toujours vouées à l'échec.

Après le décès de son père, qu'il a pleuré devant moi, il alla trouver sa mère qui le fit condamner pour 'violation de domicile': il avait franchi une "clôture" que j'ai vue un jour et qui n'était qu'une simple barre de fer s'élevant à peine cinq centimètres du sol. La maman avait le 'bras long' et Christophe écopa de cinq mois de travaux d'utilité générale.

Ce dernier fait se produisit alors qu'il en était déjà à une quinzaine de bières quotidiennes. Il en est aujourd'hui à vingt bières "pour me lancer" (traduisez: avant de cesser de trembler). Hospitalisé d'urgence il y a cinq ans, à la suite d'un coma, il était tout à fait au courant des risques qu'il encourait.

Depuis lors, nous avons été cinq, y compris un médecin à la retraite, à essayer de le convaincre de remonter la pente. Pour ma part, j'ai toujours droit à une somme d'argent correspondant à la caution d'un logement (je n'ai jamais été remboursé, bien sûr, et je savais qu'il en serait ainsi).

Toute cette histoire aura une fin très bientôt, puisque Christophe, "lâche" désormais beaucoup de sang par tous les orifices possibles (soit dit délicatement). Un dernier conseil de se rendre en urgence en clinique n'a servi à rien. Je vous rapporte ce qui restera un fait-divers parmi tant d'autres, mais pour moi, ce n'est pas vraiment une histoire anodine. Ce que je veux dire, c'est ceci : lorsque l'on apprend la mort d'un buveur ou d'un SDF ou d'un homme de mauvaise réputation, on ne sait pas en juger car on ne connaît que peu de choses (quand ce n'est rien du tout) des malheurs qui ont entraîné une vie jusqu'à sa fin.

Merci de m'avoir suivi jusqu'ici !

etienne lorant
etienne lorant
Membre actif
Membre actif

Nombre de messages : 805
Date d'inscription : 05/06/2010

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum