L'absurdité des souffrances éternelles

Il paraît que dans les souffrances éternelles, il n'y a pas d'amour. Il paraît que ceux qui choisissent les souffrances éternelles choisissent de s'aimer jusqu'au mépris de toute autre personne, qu'ils s'enferment dans leur égoïsme et passent l'éternité dans la solitude.

Il y a deux raisons qui me font dire que les souffrances éternelles sont absurdes:

1) l'impossibilité, jamais justifiée, de changer d'avis «une fois dedans». C'est comme si une fois qu'on avait franchi le seuil de la mort, notre volonté devenait fossilisée et qu'on ne songeait même plus à se tourner vers Dieu. Pourquoi la volonté ne pourrait-elle pas changer après la mort? Si on ressuscite, on retrouvera toutes nos facultés, donc on devrait pouvoir exercer notre volonté comme avant. Je comprends que ceux qui sont au ciel n'aient pas l'idée de souhaiter l'enfer, mais l'inverse, souhaiter le ciel quand on est en enfer, paraît logique.

À cela on a répondu (et c'est une réponse que je trouve intelligente) qu'on ne peut choisir Dieu en enfer parce que le choix serait motivé par notre intérêt personnel, et non par notre amour envers Dieu.

À cela je réponds que déjà dans notre monde, plusieurs sont croyants parce qu'ils ont peur des souffrances éternelles ou parce qu'ils veulent jouir éternellement. Donc ils croient par intérêt. Pourtant, qui dit que cette catégorie de croyants n'auront pas ce qu'ils veulent? Aujourd'hui je ne sais pas, mais dans le temps de mon père, la religion ne se privait pas d'user de menaces de souffrances éternelles pour prévenir les défections.

2) Il est simpliste de diviser l'humanité en deux grandes catégories, ceux qui aiment tout le monde et ceux qui n'aiment personne. Je peux témoigner personnellement de ce que j'aime certaines personnes et que j'en hais d'autres. Au paradis je voudrais être avec ceux que j'aime et être séparé de ceux que je hais. Ce n'est pas compliqué. Je ne désire pas passer l'éternité tout seul, mais en même temps je ne désire pas pardonner les offenses qui m'ont été faites. Vous voyez, mon cas n'est ni blanc ni noir: il est gris.

cher Ubu,

si une fois mort on gardait ses facultés intellectuelles, ses perceptions et sa personnalité en général (comme le prétend Arnaud), ça dévaloriserait la vie, ce qui serait bien dommage, car la vie sur terre, bien qu'elle soit provisoire, ou parce qu'elle est provisoire, est une chose magnifique.
La vie terrestre est un temps qui nous est donné pour nous préparer à la vie céleste, en apprenant jour après jour à aimer notre prochain, ce qui n'est pas facile, comme vous le dites vous-même. Au ciel, on ne fera que ça, d'aimer son prochain, donc il vaut mieux s'entraîner dès maintenant.
C'est pourquoi Arnaud, qui n'a pas toujours tort, pense que certains préfèrent l'enfer.
Vous évoquez les gens qui croient par intérêt. Ce n'est pas la meilleure motivation, mais ça peut être un début comme un autre ! Apprendre à aimer, c'est très long, et peu importe d'où on part, pourvu qu'on aille dans la bonne direction.
Pour le moment, vous n'êtes qu'au début du chemin, et vous avez encore (j'espère) une longue vie devant vous, pour progresser dans l'amour du prochain !

Dominique écrit : si une fois mort on gardait ses facultés intellectuelles, ses perceptions et sa personnalité en général (comme le prétend Arnaud), ça dévaloriserait la vie, ce qui serait bien dommage,

Je ne comprends pas où cela dévaloriserait la vie ?

Bonjour Dominique,

Dominique a écrit: Au ciel, on ne fera que ça, d'aimer son prochain, donc il vaut mieux s'entraîner dès maintenant.

C'est cela que je conteste... au ciel je veux être avec ceux que j'aime et séparé de ceux que je n'aime pas.

Cela ne signifie pas que je suis tellement égoïste que je pourrais choisir de passer l'éternité tout seul.

Maintenant, si Dieu devait me sommer de choisir entre «aimer tout le monde» et «n'aimer personne», je réponds qu'un tel Dieu aurait une mauvaise connaissance de la nature humaine. Me forcer à aimer mes ennemis, ce serait en soi infernal. Le mieux que je peux faire, c'est d'accepter qu'ils soient au ciel, pourvu que je ne les rencontre jamais.

Vous évoquez les gens qui croient par intérêt. Ce n'est pas la meilleure motivation, mais ça peut être un début comme un autre !

Un début? Certains ne croiront jamais que par intérêt. L'Église n'est pas privée d'exploiter les inclinations de l'homme pour solidariser sa clientèle.

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Ubu dis :Maintenant, si Dieu devait me sommer de choisir entre «aimer tout le monde» et «n'aimer personne», je réponds qu'un tel Dieu aurait une mauvaise connaissance de la nature humaine. Me forcer à aimer mes ennemis, ce serait en soi infernal. Le mieux que je peux faire, c'est d'accepter qu'ils soient au ciel, pourvu que je ne les rencontre jamais

Je ne comprends pas les évènements après la mort comme vous Ubu. Exant de nos souffrances nous aimons sans limite dans le ciel. Ici. sur terre, lorsque nous parlons d'ennemis on parle en fait de nos souffrances intérieures.

à Arcanes,

C'est une théorie intéressante... il reste que je suis incapable de m'imaginer en train d'aimer mes ennemis.

lol ben justement dans le ciel vous n'aurez d'autres "ennemis" que vous memes. Dénudés de nos souffrances envers les autres, nous n'aurons que notre authenticité d'âme pour continuer à vivre. C'est justement Jésus sur son temps terrestre qui a pris nos souffrances, afin que nous puissions dépasser la vie terrestre pour espérer la vie éternelle, grace à l'amour de Dieu.

à Arcanes,

Qu'est-ce que tu en sais? Mon ciel vaut bien le tien.

Ubu, je suis assez d'accord avec Arcanes.
Vous voyez les choses à partir de ce que vous êtes maintenant. Mais d'ici là, vous aurez changé ! Non seulement vous allez changer au cours de votre vie, mais une fois au ciel vous ne serez plus limité par les conditions terrestres où nous sommes maintenant. Les gens qui actuellement vous apparaissent comme des ennemis vous apparaîtront alors dans leur être, comme ils sont vraiment.

Il y a un quiproquo à propos du précepte : "Aimer ses ennemis".

Aimer ses ennemis, ce n'est pas "faire ami-ami" avec eux ; si on n'avait plus d'ennemis on ne pourrait plus les aimer ; et avoir des ennemis c'est les combattre ; les combattre, autant que possible sans haine.

Ce qui se passera "au paradis" ? Comme tout ce qu'on peut en dire ce sont des imaginations, on peut très bien imaginer que "là-haut", nos ennemis, on pourra les aimer "à distance".

Lagaillette a écrit: on peut très bien imaginer que "là-haut", nos ennemis, on pourra les aimer "à distance".

:MDR: .....Le paradis vu par LAGAILLETTE .....Prière de ne pas marcher sur mes plates-bandes !

Ben nan ! C'est être prêt à partager le ciel dans une communion éternelle, sinon, c'est qu'on n'est pas encore prêt.

héhé, tout ca me donne l'envie subite de relire sartre