Marie de Magdala, Marie de Béthanie, la pécheresse repentie

Je suis convaincue depuis longtemps que ces trois femmes de l'Evangile ne sont pas la même personne. C'est une conviction intime, profonde, que ma lecture méditée de l'Evangile confirme en permanence.
Il y a quelques années, j'ai lu un livre qui m'a paru excellent sur ce sujet : "Trois amies de Jésus", de Jean Pirot, aux Editions du Cerf.

Aujourd'hui, en la fête de sainte Marie Madeleine, dont le culte continue à semer le trouble dans les esprits, je voudrais rendre justice à ces trois femmes pour ce qu'elles sont chacune dans leur individualité. Pour moi, aujourd'hui, c'est Marie de Magdala que nous fêtons, et non les deux autres. Marie de Magdala, celle dont Jésus avait "chassé sept démons", est celle qui a eu la première la révélation de la Résurrection du Seigneur Jésus. C'est une grâce immense qu'il lui a faite, et pour laquelle nous pouvons aujourd'hui chanter sa louange de tout notre coeur. Fidèle jusqu'au bout, elle l'a été aussi en se tenant au pied de la Croix avec Marie et Jean.

Je voudrais vous donner des extraits de la conclusion de Jean Pirot, qui permettent de bien distinguer ces trois femmes l'une de l'autre.

"On pourrait imaginer que les saints exercent au ciel des ministères correspondant à ceux dans lesquels ils se sont distingués sur terre. La pécheresse de Luc deviendrait la patronne de ceux qui ont besoin de contrition ; Marie de Magdala, de ceux qui se dévouent à la diffusion de l'Evangile. Marie de Béthanie serait la patronne des contemplatifs, de ceux qui réfléchissent sur la Parole de Dieu et méditent les mystères de la Passion de Christ. [...]

Il n'est pas question d'assigner à chaque femme une fonction dans l'Eglise, patronne de ceci ou de cela. Elles sont dans la Gloire de leur Maître et connaissent en lui tout ce que ses disciples sollicitent par leur intercession.
Bien qu'elles soient sans doute très différentes de ce que nous pouvons imaginer, il n'est pas défendu de penser qu'elles gardent une certaine mémoire de ce qu'elles ont été sur la terre et ne se confondent pas entre elles. Nos trois amies de Jésus ont dû s'amuser des confusions des exégètes : ne doutons pas qu'elles préfèrent être dans la mémoire des hommes comme elles étaient dans leur propre vie, distinctes les unes des autres.

De nos jours, il y a des milliers de pécheresses innommées, de Marie Madeleine, de Marie de Béthanie et de toutes les autres femmes de l'Evangile. Elle vivent en Eglise, ont une hiérarchie, des sacrements, une liturgie. Et dans l'immense ensemble, chaque membre de Jésus Christ a son originalité. [...]

La diversité même de toutes ces âmes enrichit l'Eglise, et il en a été ainsi dès le commencement.
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus avait été choquée par des prédicateurs déclarant "qu'il ne s'était pas rencontré une âme pure aimant Jésus plus qu'une âme repentante."
"Ah ! que je voudrais faire mentir cette parole !"
N'avait-elle pas eu dans l'Evangile même une soeur qui avait eu le même désir qu'elle, Marie de Béthanie, dont Jésus annonce la glorification pour ce qu'elle a fait en compatissant à sa mort ? (Onction de Béthanie, Jean 12, 1-8)

Il n'y a pas deux âmes exactement pareilles, c'est déjà vrai des fleurs, a fortiori des images de Dieu. La pécheresse innommée, Marie Madeleine, Marie de Béthanie sont autant d'icônes de Dieu : et depuis la Pentecôte elles existent par millions, plus belles et plus brillantes que toutes les galaxies ; et il en est ainsi pour l'éternité." (Jean Pirot "Trois amies de Jésus")

J'ajoute ma petite note personnelle : je me réjouis que l'on fête aujourd'hui sainte Marie Madeleine, mais je suis attristée que l'on ne sache plus qui on fête. Fêtons Marie de Magdala pour la disciple fidèle qu'elle a été, dont nous ne connaissons pas les troubles antérieurs (sept démons...) et qui n'a certainement jamais été une prostituée.

Et j'espère qu'un jour l'on rendra justice à Marie de Béthanie, que l'on ne fête jamais pour elle-même, alors qu'elle a peut-être été la toute première des "Vierges pour le Seigneur", aussi pure dans son corps que dans son âme...

Belen a écrit:Je suis convaincue depuis longtemps que ces trois femmes de l'Evangile ne sont pas la même personne. C'est une conviction intime, profonde, que ma lecture méditée de l'Evangile confirme en permanence.

AUJOURD'hui dans E.A.Q. :

vendredi 22 juillet 2011Ste Marie-Madeleine (1er s.)



Les autres Saints du jour...

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SAINTE MARIE-MADELEINE
(Ier siècle)


Marie Madeleine, sœur de Marthe et de Lazare, était d'une
famille distinguée de Béthanie. Après la mort de ses parents, Marie
avait reçu en héritage le château de Magdala, en Galilée, d'où lui vint
le surnom de Madeleine, et elle y vivait dans le luxe et les plaisirs au
point qu'elle devint le scandale de toute la Galilée, et qu'on ne la
connut bientôt que sous le nom de la Pécheresse. En punition de ses
débordements, elle fut possédée du démon jusqu'au jour où le Sauveur,
lui remettant ses péchés, la délivra de la domination de Satan. Dieu
avait fait naître en ce cœur coupable le désir de voir Jésus; ce désir
devait être son salut, car le Sauveur voulait donner en Madeleine un
exemple frappant de Sa miséricorde infinie en même temps que de la plus
parfaite pénitence.


C'est elle qui, ayant un jour suivi le Seigneur chez Simon le
Pharisien, versa sur les pieds de Jésus un vase de parfum précieux, les
arrosa de ses larmes et les essuya avec ses cheveux, et qui entendit
ensuite cette parole : « Beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce
qu'elle a beaucoup aimé. »


Nous la rencontrons, depuis lors, très souvent dans
l'Évangile ; elle contemple Jésus et L'écoute, dans la maison de
Béthanie, pendant que sa sœur Marthe s'occupe seule du service de la
maison : « Marie, dit le Sauveur, a choisi la meilleure part. »


Une autre fois, dans les derniers jours de sa vie, Jésus voit
Madeleine répandre un parfum délicieux sur cette tête divine qui
bientôt sera couronnée d'épines. Elle accompagne le Sauveur au sommet du
Calvaire, assiste à Sa mort et à Sa sépulture, et bientôt reçoit l'une
des premières visites du Christ ressuscité : « Marie ! » s'écrie le
Sauveur. Et Marie, reconnaissant Jésus, Lui répond dans une effusion
d'amour : « Ô mon Maître ! »


D'après une tradition française, les Juifs endurcis, fatigués
de ses exhortations et de celles de Marthe et de Lazare, les exposèrent
sur la mer par une tempête, dans une pauvre barque sans rames ni voiles.
La nacelle voguait à la garde de Dieu, et vint aborder, après quelques
jours, au rivage de Marseille. Les pieux disciples du Christ firent là
de nombreuses conquêtes. Quant à Madeleine, elle s'enfonça dans les
montagnes sauvages et solitaires et fut transportée par les anges dans
une grotte appelée depuis la Sainte-Baume, où elle mena une vie plus
angélique qu'humaine, favorisée des grâces les plus merveilleuses, ne
vivant que de la Sainte Communion, soupirant et versant des larmes de
pénitence et d'amour.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.