Les dernières paroles du cardinal Martini :
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Les dernières paroles du cardinal Martini :
Le cardinal Carlo Maria Martini est mort vendredi 31 août à l’âge de 85 ans L’archevêque émérite de Milan, exégète de réputation mondiale, n’aura cessé de faire résonner une voix singulière dans l’Église.
http://www.la-croix.com/Religion/S-informer/Actualite/La-voix-du-cardinal-Martini-s-est-eteinte-_EG_-2012-08-31-848350
En 1999, il avait créé l’événement lors du Synode pour l’Europe en proposant la convocation d’un nouveau Concile, "pour permettre de défaire certains nœuds disciplinaires et doctrinaux”. Le cardinal citait le manque de ministres ordonnés, la place de la femme dans l’Église, la participation des laïcs à des "responsabilités ministérielles", la sexualité, la discipline du mariage, le dialogue œcuménique.
Dans un livre paru en 2008 (Conversations nocturnes à Jérusalem), il avait critiqué l’encyclique de Paul VI, Humanae Vitae, qui avait, selon lui, éloigné les catholiques de l’Église, et disait espérer que Benoit XVI écrive un texte sur le sujet de la sexualité. Il y appelait aussi à l’ordination d’hommes mariés comme prêtres, reprenant ainsi l’un des desiderata des catholiques réformistes.
Ceux-ci ont donc perdu l’une de leurs figures de référence, qui, en 2005, n’avait cependant pas réussi à s’imposer lors du Conclave.
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/le-cardinal-carlo-maria-martini-est-mort-31-08-2012-30381_16.php
Sa dernière interview ne sera pas passée inaperçue. Dans un entretien réalisé en août, et publié samedi 1er septembre par le Corriere della serra, le cardinal Martini, mort vendredi à l'âge de 85 ans, dresse un portrait au vitriol de l'Église catholique, institution qu'il présente comme ayant
."200 ans de retard"
,"Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes et vides, la bureaucratie ecclésiastique est omniprésente, nos rites religieux et les habits que nous portons sont pompeux"
tacle le cardinal, considéré jusqu'à sa mort comme une grande figure du courant progressiste. Divorce, préservatif, femmes prêtres : pas de sujet tabou
Le cardinal militait pour une politique beaucoup plus ouverte à l'égard des personnes divorcées. Sans quoi l'Église perdra la confiance des générations futures, prédit-il dans cet entretien. Selon lui, la question n'est pas de savoir si ces couples peuvent communier, mais comment l'Eglise peut accompagner ces situations familiales complexes.
Prônant
, le cardinal Martini, très respecté par Jean-Paul II et Benoît XVI, n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat :"une transformation radicale, à commencer par le pape et ses évêques"
"Le scandales sexuels avec des enfants nous obligent à emprunter le chemin d'une transformation."
Atteint depuis dix ans de la maladie de Parkinson, ce grand intellectuel jésuite s'était par le passé montré ouvert sur la question du préservatif ("un moindre mal") et des femmes prêtres.
FTVi
http://www.francetvinfo.fr/les-dernieres-paroles-du-cardinal-martini-l-eglise-a-200-ans-de-retard_135593.html
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/05/21/la-lecon-de-reforme-du-cardinal-martini-a-son-eglise_1047672_3214.html"J'ai rêvé, confesse-t-il, d'une Eglise pauvre et humble qui ne dépende pas des puissances de ce monde. Une Eglise qui donne du courage à ceux qui se sentent petits ou pécheurs."
"L'Eglise a 200 ans de retard. Pourquoi ne se réveille-t-elle pas ? Avons-nous peur ?", demandait-il dans sa dernière interview réalisée par un compagnon jésuite en août dernier et publiée samedi dans le journal Corriere della Sera. "L'Eglise est fatiguée. Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes, nos maisons religieuses sont vides... et nos rites, nos costumes sont pompeux."
"L'Eglise doit reconnaître ses erreurs et prendre la voie radicale du changement, à commencer par le pape et les évêques"
"Une femme est abandonnée par son mari et trouve un nouveau compagnon pour s'occuper d'elle et de ses enfants : un second amour réussit. Mais si cette famille est victime de discrimination (de la part de l'Eglise), la rupture n'intervient pas seulement avec la mère, mais aussi avec ses enfants",
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/09/02/dans-une-interview-posthume-le-cardinal-carlo-maria-martin-s-en-prend-a-l-eglise-catholique_1754535_3224.html
jo- Passant
- Nombre de messages : 29
Date d'inscription : 16/11/2007
Re: Les dernières paroles du cardinal Martini :
L'interview posthume du cardinal Martini : « L’Église a 200 ans de retard »
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/l-interview-posthume-du-cardinal-martini-l-eglise-a-200-ans-de-retard-03-09-2012-30404_16.php
Publiée samedi 1er septembre dans le quotidien italien Corriere della Serra, cette interview a été réalisée le 8 août par le père Georg Sporschill, jésuite. « Une sorte de testament spirituel. Le cardinal Martini a lu et approuvé ce texte », a-t-il indiqué. La Vie en publie la traduction en français.
Comment voyez-vous la situation de l’Eglise ?
L’Église est fatiguée dans l'Europe de l'abondance et en Amérique. Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes, nos maisons religieuses sont vides et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos vêtements sont pompeux. Mais ces choses expriment-elles ce que nous sommes aujourd’hui ? (…)
L'abondance pèse. Nous nous trouvons dans la situation du jeune homme riche qui s'éloigne tristement quand Jésus l’appelle à devenir son disciple. Je sais bien qu’il n’est pas facile de tout laisser. Mais nous pourrions au moins chercher des hommes libres et attentifs à leur prochain, comme l’ont été Mgr Romero et les martyrs jésuites du Salvador. Où sont les héros qui pourraient nous inspirer ? En aucun cas nous ne devrions nous en tenir aux limites de l’institution.
Aujourd’hui, qui peut venir en aide à l’Eglise ?
Le père Karl Rahner utilisait volontiers l’image de la braise qui se cache sous la cendre. Dans l’Eglise d’aujourd’hui, je vois tellement de cendres cacher les braises que je suis souvent pris d’un sentiment d’impuissance. Comment peut-on libérer ces braises enfouies sous la cendre afin de raviver la flamme de l’amour ? Où sont les personnes pleines de générosité comme le bon samaritain ? Qui a la foi du centurion romain ? Qui est aussi enthousiaste que Jean-Baptiste ? Qui ose la nouveauté comme Paul ? Qui est fidèle comme Marie de Magdala ? Je conseille au Pape et aux évêques de chercher, pour les postes de direction, douze personnes hors du commun, proches des plus pauvres, entourées de jeunes et qui expérimentent des choses nouvelles. Nous avons besoin d’entrer en contact avec des hommes qui osent agir pour que l’Esprit puisse se diffuser partout.
Quels sont vos conseils pour revigorer l’Eglise ?
J’en vois trois, très puissants. Le premier, c’est la conversion. L’Église doit reconnaitre ses propres erreurs et s’engager sur un chemin radical de changement, à commencer par le Pape et les évêques. Les scandales de pédophilie nous poussent à entreprendre un chemin de conversion. Les demandes sur la sexualité et sur le corps en sont un exemple. Nous devons nous demander si les gens écoutent encore les conseils de l’Église en matière de sexualité. Dans ce domaine, l’Église est-elle encore une autorité de référence ou juste une caricature pour les médias ? Le deuxième, c’est la parole de Dieu. Le concile Vatican II a rendu la Bible aux catholiques. Seul celui qui reçoit cette parole dans son cœur peut aider au renouvellement de l’Église et répondre avec justesse aux demandes personnelles. La Parole de Dieu est simple et cherche pour compagnon un cœur qui écoute (…).
Ni le clergé, ni le Droit canonique ne peuvent remplacer l’intériorité de l’homme. Toutes les règles extérieures, les lois, les dogmes ne nous sont donnés que pour clarifier la voix intérieure et pour aider au discernement des esprits. Enfin les sacrements sont le troisième moyen de guérison. Ils ne sont pas des instruments de discipline mais un secours pour les hommes dans les moments de cheminement et dans les faiblesses de la vie. Portons-nous les sacrements aux hommes qui ont besoin d’une nouvelle force ? Je pense à tous les divorcés et aux couples remariés, aux familles recomposées. Ils ont besoin d’une protection spéciale. L'Église soutient l’indissolubilité du mariage : c’est une grâce lorsqu’un mariage et une famille y parviennent (…).
L’attention que nous portons aux familles recomposées déterminera la proximité de l'Église avec la génération de leurs enfants. Prenons une femme abandonnée par son mari qui trouve un nouveau compagnon qui s’occupe d’elle et de ses trois enfants. Ce second amour réussit. Si cette famille est discriminée, on se coupe non seulement de la mère mais aussi de ses enfants. Si les parents se sentent hors de l'Église ou s’ils ne se sentent pas soutenus par elle, l'Église perdra les générations futures. Avant la communion nous prions ainsi : « Seigneur, je ne suis pas digne… ». Nous nous savons indignes (…).
L’amour est une grâce. L’amour est un don. La question de l’accès à la communion des divorcés devrait être posée. Comment l’Eglise peut-elle venir en aide avec la force des sacrements à ceux qui vivent des situations familiales complexes ?
Personnellement, que faites-vous ?
L'Église a 200 ans de retard. Mais pourquoi ne se secoue-t-elle pas ? Avons-nous peur ? Peur au lieu de courage ? La foi, la confiance, le courage sont les fondements de l'Église. Je suis vieux, malade et je dépends de l’aide des autres. Les personnes bienveillantes qui m’entourent me font ressentir l’amour. Cet amour est plus fort que le sentiment de découragement que je perçois de temps en temps dans les combats de l'Église en Europe. Seul l’amour peut vaincre la fatigue. Dieu est Amour. J’ai encore une demande à te faire : et toi, que peux-tu faire pour l'Église ?
Traduction réalisée par Samuel Bleynie, d'après le texte paru samedi 1er septembre dans El Corriere della Serra.
http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/l-interview-posthume-du-cardinal-martini-l-eglise-a-200-ans-de-retard-03-09-2012-30404_16.php
Publiée samedi 1er septembre dans le quotidien italien Corriere della Serra, cette interview a été réalisée le 8 août par le père Georg Sporschill, jésuite. « Une sorte de testament spirituel. Le cardinal Martini a lu et approuvé ce texte », a-t-il indiqué. La Vie en publie la traduction en français.
Comment voyez-vous la situation de l’Eglise ?
L’Église est fatiguée dans l'Europe de l'abondance et en Amérique. Notre culture a vieilli, nos églises sont grandes, nos maisons religieuses sont vides et l’appareil bureaucratique de l’Église se développe. Nos rites et nos vêtements sont pompeux. Mais ces choses expriment-elles ce que nous sommes aujourd’hui ? (…)
L'abondance pèse. Nous nous trouvons dans la situation du jeune homme riche qui s'éloigne tristement quand Jésus l’appelle à devenir son disciple. Je sais bien qu’il n’est pas facile de tout laisser. Mais nous pourrions au moins chercher des hommes libres et attentifs à leur prochain, comme l’ont été Mgr Romero et les martyrs jésuites du Salvador. Où sont les héros qui pourraient nous inspirer ? En aucun cas nous ne devrions nous en tenir aux limites de l’institution.
Aujourd’hui, qui peut venir en aide à l’Eglise ?
Le père Karl Rahner utilisait volontiers l’image de la braise qui se cache sous la cendre. Dans l’Eglise d’aujourd’hui, je vois tellement de cendres cacher les braises que je suis souvent pris d’un sentiment d’impuissance. Comment peut-on libérer ces braises enfouies sous la cendre afin de raviver la flamme de l’amour ? Où sont les personnes pleines de générosité comme le bon samaritain ? Qui a la foi du centurion romain ? Qui est aussi enthousiaste que Jean-Baptiste ? Qui ose la nouveauté comme Paul ? Qui est fidèle comme Marie de Magdala ? Je conseille au Pape et aux évêques de chercher, pour les postes de direction, douze personnes hors du commun, proches des plus pauvres, entourées de jeunes et qui expérimentent des choses nouvelles. Nous avons besoin d’entrer en contact avec des hommes qui osent agir pour que l’Esprit puisse se diffuser partout.
Quels sont vos conseils pour revigorer l’Eglise ?
J’en vois trois, très puissants. Le premier, c’est la conversion. L’Église doit reconnaitre ses propres erreurs et s’engager sur un chemin radical de changement, à commencer par le Pape et les évêques. Les scandales de pédophilie nous poussent à entreprendre un chemin de conversion. Les demandes sur la sexualité et sur le corps en sont un exemple. Nous devons nous demander si les gens écoutent encore les conseils de l’Église en matière de sexualité. Dans ce domaine, l’Église est-elle encore une autorité de référence ou juste une caricature pour les médias ? Le deuxième, c’est la parole de Dieu. Le concile Vatican II a rendu la Bible aux catholiques. Seul celui qui reçoit cette parole dans son cœur peut aider au renouvellement de l’Église et répondre avec justesse aux demandes personnelles. La Parole de Dieu est simple et cherche pour compagnon un cœur qui écoute (…).
Ni le clergé, ni le Droit canonique ne peuvent remplacer l’intériorité de l’homme. Toutes les règles extérieures, les lois, les dogmes ne nous sont donnés que pour clarifier la voix intérieure et pour aider au discernement des esprits. Enfin les sacrements sont le troisième moyen de guérison. Ils ne sont pas des instruments de discipline mais un secours pour les hommes dans les moments de cheminement et dans les faiblesses de la vie. Portons-nous les sacrements aux hommes qui ont besoin d’une nouvelle force ? Je pense à tous les divorcés et aux couples remariés, aux familles recomposées. Ils ont besoin d’une protection spéciale. L'Église soutient l’indissolubilité du mariage : c’est une grâce lorsqu’un mariage et une famille y parviennent (…).
L’attention que nous portons aux familles recomposées déterminera la proximité de l'Église avec la génération de leurs enfants. Prenons une femme abandonnée par son mari qui trouve un nouveau compagnon qui s’occupe d’elle et de ses trois enfants. Ce second amour réussit. Si cette famille est discriminée, on se coupe non seulement de la mère mais aussi de ses enfants. Si les parents se sentent hors de l'Église ou s’ils ne se sentent pas soutenus par elle, l'Église perdra les générations futures. Avant la communion nous prions ainsi : « Seigneur, je ne suis pas digne… ». Nous nous savons indignes (…).
L’amour est une grâce. L’amour est un don. La question de l’accès à la communion des divorcés devrait être posée. Comment l’Eglise peut-elle venir en aide avec la force des sacrements à ceux qui vivent des situations familiales complexes ?
Personnellement, que faites-vous ?
L'Église a 200 ans de retard. Mais pourquoi ne se secoue-t-elle pas ? Avons-nous peur ? Peur au lieu de courage ? La foi, la confiance, le courage sont les fondements de l'Église. Je suis vieux, malade et je dépends de l’aide des autres. Les personnes bienveillantes qui m’entourent me font ressentir l’amour. Cet amour est plus fort que le sentiment de découragement que je perçois de temps en temps dans les combats de l'Église en Europe. Seul l’amour peut vaincre la fatigue. Dieu est Amour. J’ai encore une demande à te faire : et toi, que peux-tu faire pour l'Église ?
Traduction réalisée par Samuel Bleynie, d'après le texte paru samedi 1er septembre dans El Corriere della Serra.
jo- Passant
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Date d'inscription : 16/11/2007
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