Jean Baptiste, prophète et voyant

Jean Baptiste, prophète et voyant
2ème dimanche du temps ordinaire (20 janvier 2008)
Jn 1, 28-34

[Jean] regarde Jésus venant vers lui, et dit :
"Voici l'agneau de Dieu, celui qui prend le péché du monde. C'est lui sur qui j'ai dit :
'Derrière moi vient un homme qui avant moi est advenu, parce qu'il avait priorité sur moi.'
Et moi je ne le connaissais pas, mais pour qu'il soit manifesté à Israël, à cause de cela je suis venu, moi, baptisant dans l'eau."

Et Jean témoigna, disant :
"J'ai contemplé l'Esprit descendant comme une colombe qui sortit du ciel et resta sur lui.
Et moi je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, celui-là m'a dit :
'Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et rester sur lui, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint'.
Et moi j'ai vu, et j'ai témoigné que c'est lui le fils de Dieu".
(traduction personnelle)


Jean Baptiste dit deux fois, dans ce texte, qu'il ne connaissait pas Jésus. Pourtant nous savons, nous, que leurs mères sont parentes, et que les deux hommes se sont rencontrés avant leur naissance (il est vrai que c'est un souvenir un peu lointain). On peut s'étonner qu'une rencontre aussi forte, immortalisée par un des plus beaux poèmes de l'humanité, le Magnificat (sans parler du cantique de Zacharie, composé juste après, qui est presque aussi beau), n'ait pas eu de suite quant aux relations humaines.
Mais 1) il y a des quantités de détails que nous ne saurons jamais et il vaut mieux l'accepter avec humilité ; 2) l'évangile n'est pas un carnet mondain ! Même en supposant que Jean Baptiste et Jésus se soient rencontrés humainement (ce qui n'est pas évident, après tout, car moi aussi j'ai des cousins que je n'ai pas vus depuis des années et que je ne reconnaîtrais pas si je les voyais), ce qu'il faut se demander ici c'est ce que signifie le mot "connaître".
Connaître, pour Dieu, c'est une rencontre intime.

Si nous regardons le vocabulaire, nous voyons beaucoup de verbes indiquant la vision. Jean Baptiste" regarde" Jésus venir, il "contemple" l'Esprit-colombe, Dieu l'avertit des signes qu'il "verra", et Jean témoigne en effet qu'il "a vu".
Mais même quand Jean dit "je ne le connaissais pas", il emploie un verbe qui se rattache à une racine qui signifie "voir" et qui a donné aussi le mot sanscrit "Véda". La connaissance vient de la vision, Jean est un voyant, un prophète, il sait parce qu'il a vu, et ce texte insiste lourdement sur tout ce que Jean a vu. Sa mission est de transmettre ce qu'il sait. Les prophètes finissent souvent mal et Jean Baptiste ne fera pas exception : ce n'est pas pour rien que "martyr" et "témoin" sont en grec le même mot !

Jean rend témoignage à la Trinité (il ne le formule pas dans ces termes, bien sûr) : le Père l'a envoyé baptiser et témoigner ; le Fils est là devant lui ; le Saint Esprit plane sur les eaux comme aux premiers jours de la création.
C'est étonnant que Jean dise que Jésus "est advenu", ou littéralement qu' "il est né" avant lui, alors que Jésus est né six mois après lui. Mais Jean ne parle pas d'état civil.
Suggère-t-il que Jésus est autre chose qu'un homme ?
Il appelle Jésus "un homme", mais aussi "l'agneau de Dieu", et "le fils de Dieu".
Quel rapport entre l'agneau et le fils ?
Quel rapport entre l'homme et Dieu ?

(écrit par Dominique, approuvé par le groupe)