JUSTICE

02/07/2008 20:35La justice enquête sur le recteur des sanctuaires de Lourdes


Au cours d'une conférence de presse, le P. Zambelli a expliqué, mercredi 2 juillet, la provenance de certains fonds présents sur son compte personnel

Une enquête préliminaire a été confiée au SRPJ de Bordeaux concernant le P. Raymond Zambelli, recteur des sanctuaires de Lourdes.

Selon Le Canard enchaîné, Tracfin, la cellule de lutte anti-blanchiment dépendant du ministère de l’économie et des finances et du ministère du budget (1), enquêterait depuis quelques mois sur des versements en espèce et des remises de chèques d’un montant total de 30 000 €, pour la seule année 2007, sur le compte du P. Zambelli au Crédit agricole de Normandie.
Plus de 400 000 € déposés sur son compte personnel

Au total, l’ancien recteur du sanctuaire de Lisieux, devenu en mai 2003 recteur des sanctuaires de Lourdes, aurait déposé 427 000 € sur son compte personnel.

« La somme avancée par Le Canard enchaîné est exacte », a confirmé le P. Zambelli au cours d’une conférence de presse, mercredi 2 juillet à Lourdes.

Affirmant « vouloir agir dans une logique de transparence », il a nié les accusations de l’hebdomadaire satirique, qui laissait entendre qu’il s’agirait de détournement de dons effectués par les pèlerins.
Un "petit capital" poour assurer sa retraite

« C’est une histoire qui date d’une trentaine d’années, quand j’étais curé à Courseulles-sur-Mer (Calvados), a-t-il expliqué. Une dame m’a proposé de m’aider et m’a donné une maison. J’y suis allé quelque temps en vacances avant de la revendre pour 800 000 F, soit environ 120 000 €. »

Cette dame, âgée aujourd’hui de 94 ans et atteinte de la maladie d’Alzheimer, l’aurait également aidé en lui versant des honoraires de messes. Ceux-ci lui auraient rapporté 60 000 F par an pendant vingt-trois ans, soit 210 000 €.

Ce « petit capital » de 330 000 €, selon les mots du P. Zambelli, qui voyait là une façon d’assurer sa retraite – son salaire annuel est de 8 700 € –, l’a suivi à Lourdes.
Une manière de faire inhabituelle


Quant à l’argent restant, environ 100 000 €, le recteur des sanctuaires de Lourdes, qui affirme avoir le soutien de Mgr Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, l’explique par des messes et des gratifications qui lui sont données directement par les pèlerins.

« “Pour vous”, précisent-ils », souligne le P. Zambelli, qui reçoit régulièrement de l’argent dans son courrier personnel. « Je trouve toujours un confrère à qui donner ces honoraires », a-t-il précisé à La Croix.

Une manière de faire qui reste toutefois inhabituelle : les quelque 120 000 messes demandées chaque année à Lourdes, et qui ne peuvent être toutes célébrées sur place, sont en effet redistribués à de nombreux prêtres dans le monde selon un système très encadré et dirigé par l’évêque lui-même, et non par le recteur des sanctuaires.

Une coïncidence de date avec la venue à Lourdes de Benoît XVI

Cette accusation contre le P. Zambelli intervient alors que Benoît XVI est attendu du 13 au 15 septembre à Lourdes pour célébrer le 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette.

Une coïncidence de date dont la justice a bien conscience. « L’interpellation et l’audition du P. Zambelli pourrait n’intervenir qu’après le voyage du pape en France », écrivait le 13 juin dernier le procureur général près la cour d’appel de Pau, Jean-François Lorans, au ministre de la justice Rachida Dati, dans un courrier publié par Le Canard enchaîné.

Nicolas SENÈZE, avec François VAYNE (à Lourdes) et Marianne GOMEZ


(1) L’organisme peut s’autosaisir, sur signalement d’une banque.
LA CROIX


......A suivre ...... Attendons les résultats de l'enquête.....