L'impôt et le scandale de l'argent

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Comme Jésus et les disciples étaient réunis en Galilée, il leur dit : « Le Fils de l'homme va être livré aux mains des hommes ;
ils le tueront et, le troisième jour, il ressuscitera. » Et ils furent profondément attristés.
Comme ils arrivaient à Capharnaüm, ceux qui perçoivent les deux drachmes pour le Temple vinrent trouver Pierre et lui dirent : « Votre maître paye bien les deux drachmes, n'est-ce pas ? » Il répondit : « Oui. » Quand Pierre entra dans la maison, Jésus prit la parole le premier : « Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, sur qui perçoivent-ils les taxes ou l'impôt ? Sur leurs fils, ou sur les autres personnes ? »
Pierre lui répondit : « Sur les autres. » Et Jésus reprit : « Donc, les fils sont libres.
Mais il faut éviter d'être pour les gens une occasion de chute : va donc jusqu'au lac, jette l'hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour toi et pour moi. »

Pourquoi Jésus devrait-il payer l'impôt pour le temple de Dieu, puisque lui-même est le fils de Dieu ? Pierre, quant à lui, respecte la loi en vigueur et paie les deux drachmes. Aussitôt, Jésus lui fait remarquer qu'en réalité, du fait de sa seule présence, l'impôt n'est plus dû. Cependant, si les enfants de Dieu, ce que nous sommes devenus par notre baptême, se mettaient systématiquement à rejeter les lois, us et coutumes en vigueur dans les nations où ils demeurent, il y aurait scandale et chute pour beaucoup de gens.

Dès lors, le Seigneur envoie Pierre prendre un poisson, un seul. Cette pièce quatre drachmes, miraculeusement trouvée dans la bouche du premier poisson attrapé, ne présente pas, au commentaire, une grande difficulté: c'était le métier de Pierre de prendre du poisson et Dieu pourvoit bien assez pour que, par un minimum de labeur, l'impôt soit payé.

Mais l'argent est toujours occasion de scandale. Ce dernier dimanche, j'ai entendu quelques fidèles proches se plaindre de ce que le Pape demande une somme de 30 euros pour la visite prévue en Angleterre. "Jamais Jean-Paul II n'eût fait cela !", protestent-ils. Soit, mais ils oublient d'abord le Denier de Saint Pierre http://www.vatican.va/roman_curia/secretariat_state/obolo_spietro/documents/index_fr.htm ; ils oubient encore qu'à force de donner le moins possible à chaque collecte, en réalité on fragilise l'Eglise.

Une discussion sur ce thème m'a laissé un écho pénible dans l'esprit toute la journée de dimanche. Mais le soir, au moment de me coucher, j'ai songé aux trente deniers pour lesquels Jésus fut livré... Or, par je ne sais quelle association de pensées, je me suis retrouvé à songer aux trois voeux que j'avais prononcés en secret, pour moi-même, lors de ma conversion: "Pauvreté, chasteté, obéissance". La question a immédiatement cessé de me préoccuper: j'ai dit finalement qu'en ce qui me concerne, cela relève de l'obéissance. Je paierai de bon coeur. Je sais bien que le Seigneur pourvoit toujours à tous mes besoins. Et l'Evangile de ce jour m'a renforcé dans cette conclusion.