MARTHE ET MARIE


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Se mettre en route vers Dieu

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Message par etienne lorant Mer 16 Mar 2011 - 9:54

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,29-32.

Comme la foule s'amassait, Jésus se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise : elle demande un signe, mais en fait de signe, il ne lui sera donné que celui de Jonas.
Car Jonas a été un signe pour les habitants de Ninive ; il en sera de même avec le Fils de l'homme pour cette génération.

Lors du Jugement, la reine de Saba se dressera en même temps que les hommes de cette génération, et elle les condamnera. En effet, elle est venue de l'extrémité du monde pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici bien plus que Salomon.
Lors du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération, et ils la condamneront ; en effet, ils se sont convertis en réponse à la proclamation faite par Jonas, et il y a ici bien plus que Jonas.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Jonas était un tout petit prophète, mais à la fin, après avoir été recraché par la baleine, il se rend à Ninive et à peine avait-il commencé de traverser la ville durant une seule journée, que ses habitants ont cru en son annonce. La reine de Saba, par contre, a quitté son royaume depuis "l'extrémité du monde" afin d'écouter la sagesse de Salomon.

Jésus lie les deux personnages et j'en tire la leçon que Dieu emploie deux modes d'approche envers les pécheurs: d'une part, il permet les malheurs - qui sont salutaires pour les uns, puisqu'ils se convertissent; et d'autre part, il envoie son Esprit sur ses créatures.

La Parole atteint donc tous les hommes - y compris ceux qui ne sont pas de culture chrétienne. J'ai pour exemples modernes Simone Weil, André Frossard, Jacques et Raïssa Maritain. Il suffit de chercher sincèrement la vérité. C'est Jésus qui le dit lui-même : "Quiconque cherche la vérité entend ma voix".

Mais ce qui m'émerveille dans ce passage d'Évangile, c'est la démarche des deux personnages de Jonas et de la reine de Saba. Jonas connaissait Dieu (si vous lisez le livre de Jonas, vous verrez qu'ils sont comme des familiers) mais il a voulu fuir "au bout du monde" plutôt que d'obéir - mais son séjour dans le grand poisson a abouti à sa propre conversion. La reine de Saba, quant à elle, a abandonné son royaume qui était "à l'extrémité du monde" afin d'écouter la sagesse qui habitait Salomon. Chacun d'entre eux ont fait un long voyage: ce que je traduis sur le plan spirituel par une démarche typique d'un carême. Nous sommes bien invités à rentrer en nous-mêmes (tel Jonas dans le ventre du poisson) en laissant de côté tout ce qui nous préoccupe habituellement (le travail, les vacances, les soucis comme les plaisirs - comme le fit la reine de Saba en quittant son royaume - afin de revenir à l'essentiel.

Les chrétiens d'aujourd'hui doivent donc, eux aussi, par leur carême, devenir pour cette génération, des signes de conversion.
etienne lorant
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Message par etienne lorant Mer 16 Mar 2011 - 16:00

L'histoire de Jonas m'a toujours beaucoup attiré, car ses rapports avec Dieu sont empreints d'une grande familiarité, mais aussi parce que Dieu se montre comme "éducateur" de la foi. Le plus remarquable, à mon sens est la patience manifestée non seulement envers la ville de Ninive, mais aussi envers son prophète qui commence par désobéir comme nous l'avons tous fait... Je joins ici un texte trouvé sur ... et qui décrypte toute l'histoire de façon très intéressante:

Une histoire et deux intrigues

L'histoire commence brutalement : «La Parole du Seigneur fut adressée à Jonas» (1,1). Où, quand, comment ? Mystère. Nous apprenons, avec le héros, que le Seigneur a décidé de contrer (punir ? pas si sûr…) la méchanceté de Ninive (1,2). Début d'une première intrigue. Après quelques péripéties qui retardent l'action (fuite, tempête, poisson : de beaux effets de suspense), le projet est exécuté et l'oracle prononcé. Or l'impact est tel que la ville unanime revient «de son mauvais chemin» entraînant un revirement de Dieu.

Si le récit s'arrêtait là, nous aurions une belle variation sur le cri prophétique lancé par Jérémie ou Ézéchiel : «Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt - oracle du Seigneur Dieu : revenez donc et vivez!» (Éz 18,12).

«Je ne prends pas plaisir à la mort…» Ninive vient d'échapper à la destruction, comme Jonas avait échappé à la noyade et les marins à la tempête. Donc tout est bien qui finit bien. Mais alors pourquoi cette plante qui crève et Jonas qui demande à mourir ?

Il faut reprendre le fil du récit. Une deuxième intrigue se devine, issue de la première, mêlée à elle et qui la déborde. Elle oriente notre regard moins vers le sort des méchants (que va-t-il leur arriver ?) que vers l'attitude de Dieu (pourquoi agit-il ainsi ?). L'histoire est étrange parce que Dieu est étrange.

Suivons la deuxième intrigue en étant attentifs non seulement à l'enchaînement des actions mais au rythme de la narration (ralentis, accélérations) ainsi qu'aux moments où les paroles des personnages s'échangent, se déploient, s'effacent…


De la fuite à la foi


En son début, la deuxième intrigue coïncide avec la première : le Seigneur donne un ordre et le prophète s'exécute. «Jonas se leva» … mais, surprise ! c'est pour fuir, loin, très loin vers la mythique (et inconnue de nous) Tarsis.

Pourquoi cette fuite ? Le narrateur n'en souffle mot. Cependant, se dit le lecteur, le Seigneur doit bien avoir les moyens de rattraper son prophète récalcitrant. En effet, voilà une tempête. Provoquée par Qui de droit — nous le savons mais les marins l'ignorent encore. Une vraie tempête de cinéma : vent violent, mer déchaînée, navire qui craque de toute part. Retour au chaos. Le capitaine réveille Jonas. Les matelots, paniqués, ne sachant à quel dieu se vouer, ont déjà tiré au sort.

«Jonas dormait profondément» (1,5). L'homme qui fuyait a fui jusque dans le sommeil. Il n'a pas fini de nous surprendre.

Le sort est tombé sur lui. Devant un tribunal improvisé, l'homme qui dort devient l'homme debout. Le rythme de la narration se ralentit et le conteur donne enfin la parole au héros : en déclarant son identité, Jonas nous fait entendre sa foi.

«Je suis Hébreu…» (1,9). Par ces simples mots, il s'inscrit dans la lignée du peuple qui, fuyant l'Égypte, a traversé la mort. Hier comme aujourd'hui le Seigneur domine la nature : ciel, mer, continents ; Jonas, confiant, est prêt à donner sa vie pour ses compagnons. Sa foi est contagieuse : les matelots, dont la prière errait de divinité en divinité (1,5), s'adressent maintenant au Dieu unique (1,14). À Dieu remis…

Dieu entend. La tempête se calme. Un gros poisson – que notre imaginaire n'a pas encore transformé en baleine – engloutit Jonas. L'homme debout va renaître homme de foi. Sans se débattre, il descend dans le «ventre de la Mort» (2,3) et murmure un chant égal aux plus beaux psaumes. Le temps est suspendu, la foi s'ouvre à l'inouï : «De la fosse tu m'as fait remonter vivant» (2,7). La voix du narrateur s'efface, laissant le lecteur devant la voix – et la foi – de son personnage. Alors le poisson ouvre la gueule et Jonas est rejeté sur le rivage.


Une révolution non-violente

L'histoire recommence. «La Parole du Seigneur s'adressa une seconde fois à Jonas.» (3,1). Lequel, conformément à notre attente, prend cette fois-ci le bon chemin. À son message est suspendu l'avenir d'une ville, le destin d'un peuple.

Il marche. Il parle. Il lui avait fallu bien des péripéties pour devenir un Vivant. En moins d'une journée, sur une simple phrase (3,4), Ninive l'immense revient «de son mauvais chemin» (3,10). Stupéfaction du lecteur : au sens strict, quelle «révolution» morale et politique ! Quand donc la réalité rejoindra-t-elle la fiction ? Mieux : la voix du prophète se perd, elle n'a plus d'importance, elle est recouverte par la proclamation de repentance et le décret royal (3,5-9). Comme pour le psaume des profondeurs, le temps est suspendu, le narrateur s'efface et le lecteur (comme le Seigneur ?) admire cette parole païenne où il n'y a aucun chantage et beaucoup d'humilité. Encore une fois, à Dieu remis : «Qui sait ! Peut-être Dieu…» (3,9).

Le temps s'accélère : Jonas en était au tiers de son parcours, les quarante jours sont déjà passés. Ninive pénitente a bien été mise «sens dessus dessous» (3,4). À ce retournement plus bouleversant que le bouleversement annoncé répond le retournement de Dieu : «Aussi revint-il de sa décision…» (3,10). Coup de théâtre : Jonas se fâche. L'intrigue arrive à un tournant.


L'homme qui attend


«Jonas le prit mal, très mal» (4,1). Et nous apprenons la raison de sa fuite initiale : «Je me le disais bien […] Je savais bien que tu es un Dieu miséricordieux» (4,2). Jonas savait. Le Seigneur domine la Nature et renverse l'Histoire ; il est aussi et surtout le Dieu «lent à la colère» envers Israël (la formule est reprise à Ex 34,6) et envers les païens. De savoir cela – et de le voir ! – ne comble pas Jonas, bien au contraire. Pourquoi donc ? Limite de la Foi. Trouble de tout l'être. Jonas demande à mourir. Mais en même temps, à l'écart de la ville et devant elle, il semble espérer un inespéré qu'il est incapable de formuler (4,5). Il attend.

Ce qui lui arrive, c'est l'ombre d'une plante, un «plus» (il a déjà celle de sa hutte) qui lui est vite retiré. Jonas ignore – mais pas nous – que le Seigneur manipule ici végétation, soleil et vent. Jeu un peu cruel décrit sans émotion par le narrateur. Au terme, Jonas demande à mourir. Dans les mêmes termes que précédemment. Mais la raison n'est plus la même. En déplaçant son regard de la ville sauvée à la plante crevée, Dieu déplace le trouble de Jonas du contenu de la foi à son corps malade. Le drame est ramené à d'humaines proportions. Il n'en demeure pas moins un drame.

Dans les deux cas le Seigneur pose la même question : «As-tu raison de…» (4,4 et 9). Quand, la deuxième fois, Jonas dit «Oui» , Dieu s'explique. Avec douceur. Une conclusion s'insinue dans la foi perturbée : la plante disparue, Jonas souffre mille morts ; Ninive disparue, qu'aurait donc souffert Dieu ? Alors, devant la parole de Celui qui se révèle plus humain que l'humain, le narrateur se tait. Il faut que le dernier mot du drame appartienne au Seigneur. Un mot qui touche, dans le récit, l'oreille de Jonas et, dans la lecture du récit, la conscience de l'auditeur.

Dans le silence de Jonas commence une autre histoire, celle de nos réponses.


© Gérard BILLON, les Dossiers de la Bible n° 72 (1998), p. 7-9

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