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Homélie sur saint Thomas d'Aquin

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thomas - Homélie sur saint Thomas d'Aquin Empty Homélie sur saint Thomas d'Aquin

Message par Fée Violine Dim 29 Jan 2012 - 20:17

L’évidence de l’instrument

En la fête de saint Thomas d’Aquin
Le 28 janvier 2012

Homélie du fr. Thierry-Dominique Humbrecht o.p.

Nul n’approche la figure de saint Thomas sans éprouver une sorte de crainte. D’où lui vient cet air de majesté, son évidence, l’autorité dans le discours, la simplicité des grands, laquelle, toutefois, apparaît un rien trop grande pour rester simple jusqu’au bout ?
Certains ne retiendront que le saint, d’autres le penseur, d’autres un personnage de l’histoire, tous gémiront devant son caractère inimitable. Pourtant, comme chacun de nous, Thomas est tout un. Le verrions-nous tout de go, avec son visage, son allure, ses gestes, entendrions-nous son grain de voix, ses leçons, nous serions surpris. Éblouis, déçus, charmés ? Surpris. Une personne rencontrée pour de vrai surprend toujours. Elle n’est plus un symbole, elle se met à vivre.
Nous n’avons, en guise de portrait d’époque, qu’une sorte de caricature à la plume, en marge d’un parchemin d’étudiant. Se ressemble-t-il ? Nous continuerons à l’ignorer, jusqu’à la résurrection de la chair. À défaut, essayons de méditer sur sa sainteté, et, pour cela, de trouver le centre de gravité de sa personnalité spirituelle.

En un sens, le centre de gravité de Thomas d’Aquin est celui de tous : le Christ, premier aimé, seul embrassé, trouvé et cherché, une vie durant. Seul le Christ peut amener un fils de famille aussi bouillonnant à se plier, une fois pour toutes et contre sa famille, à une vie religieuse, pauvre, sacerdotale, studieuse, prédicante, à ce point dénuée d’aventures.
Seul le Christ peut imposer à une forte personnalité de s’effacer pour tout lui offrir. Ainsi en va-t-il des autres frères prêcheurs, connus pour leur modestie en toutes circonstances !

En un autre sens, consécutif au premier, le centre de gravité de la sainteté de saint Thomas est celui qui fait se rencontrer en une seule âme la charité théologale, le souci de sauver les âmes, l’amour de l’Église et de l’eucharistie, l’étude de la vérité, son enseignement, et la construction d’une œuvre.
Ce n’est un secret pour personne que Thomas a passé sa vie à étudier, à enseigner, à écrire et à publier, pour manifester les merveilles de Celui qui est la Vérité, et qu’il a enraciné dans cette vie-là le quotidien de sa sainteté, autant que l’expression de son génie.
Nul n’est conscient de sa propre sainteté, elle lui est cachée comme l’objet de la foi, Dieu lui-même ; elle est en marche, elle avance, recule, se reprend ; elle couvre une multitude de péchés. La sainteté d’un saint rayonne surtout au terme de sa vie.
En revanche, et c’est la question que nous sommes en droit de nous poser, Thomas était-il conscient du caractère exceptionnel de sa mission ? Il semble difficile de répondre par la négative. Il a commencé tôt. Il s’y est consacré de préférence à d’autres moyens de servir. On lui a renvoyé l’image de son excellence, fût-ce pour le contester. Il a été gratifié, à plusieurs reprises, de visions, dans le cadre même de sa recherche. La grâce n’est jamais visible en elle-même, mais elle le devient parfois dans ses effets. Or Thomas a pu percevoir les effets de grâce qui lui étaient dévolus : outre de telles échappées mystiques, qui ne sont pas le fait de tout le monde, le caractère extraordinaire de son œuvre ordinaire n’a pu le tromper longtemps. Certes, aucun travail ne semble exceptionnel pour qui s’y adonne chaque jour et même la nuit jusqu’à l’épuisement, heure après heure, page après page, rature après écriture.
Comment percevait-il les effets de grâce dans son propre travail ? Il est difficile d’y répondre, entre sa passion d’aller jusqu’au bout de sa pensée et sa renonciation finale à lui accorder de l’importance. En revanche, nous, nous pouvons percer quelqu’un de ses secrets.

Lorsqu’on se prend à lire saint Thomas, ce qui frappe, au-delà des formes médiévales et scolaires de son écriture, au-delà de la technicité de ses exposés, d’ailleurs très relative, c’est l’autorité.
Thomas ne cesse de poser des questions, d’objecter, de répondre, parfois en laissant des problèmes inaboutis, oui, mais il parle avec l’autorité de l’évidence. Un je-ne-sais-quoi dans son style se fait l’écho d’une réalité supérieure à lui, profonde, simple. Son discours sonne vrai. Il en impose, comme un grand acteur, un musicien, un écrivain, devant lesquels, sans savoir encore pourquoi, on se dit : « c’est ça ». Un tel écho de vérité, la densité d’une présence, l’équilibre, la clarté, la nouveauté, le refus de la facilité, tout cela désigne une grandeur, grandeur que personne ne lui marchande.
Quel est le centre de gravité de saint Thomas ? D’avoir su articuler son charisme et son talent, démonstration par l’exemple de l’harmonie entre la grâce et la nature. Il a tout donné au Christ, le Christ lui a tout rendu au centuple, pour l’Église et pour la pensée. Une telle articulation des dons divins et de l’industrie humaine ne peut être le fait que d’un labeur humble autant qu’acharné, puisé devant le Saint-Sacrement et la vie conventuelle. Une chose est de recevoir la grâce, une autre d’accepter, dans tous les sens du terme, de la mettre en œuvre.

Il est rare de lire à ce point une sainteté inscrite dans une pensée qui n’est qu’humaine. Le style lui-même vise l’épure, la correspondance du Verbe et des mots. Les mystères divins n’y sont jamais recouverts d’un excès de poésie, de sentiments, d’images, de ces indications où l’artiste rappelle qu’il occupe la scène et qu’il attend les applaudissements. Seul Dieu compte et la vérité.
La grandeur de Thomas est de s’être fait petit pour la laisser paraître, d’avoir rendu son intelligence contemplative pour mieux parler de Dieu lui-même, d’être devenu un instrument actif de la Trinité. C’est toute une affaire de devenir un instrument.

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