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COLONIALISME et REPENTANCE

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Message par Souricet Mar 6 Nov 2007 - 16:45

Assez de repentances !
Par Matthieu Baumier

[...]
Le film Indigènes [...] montre combien des hommes issus des colonies ont activement contribué à la victoire contre le nazisme, au risque de leur vie. Le but des acteurs et du réalisateur n'est d'ailleurs pas vraiment cinématographique, mais plutôt militant : il s'agit de dire à la nation que la République a fait preuve d'injustice envers une partie de ses combattants, lesquels n'ont pas touché de pensions équivalentes à celles de leurs camarades de la métropole, parce qu'ils appartenaient aux peuples colonisés. Le message est passé. Jacques Chirac et son épouse ont été invités à visionner le film, Madame Chirac s'est penchée à l'oreille de son époux et lui a peut-être dit une phrase reprise depuis à satiété : « Jacques, il faut que tu fasses quelque chose ». Et Jacques a fait : les indigènes, combattants de l'armée française (celle d'Afrique, pétainiste et giraudiste) seront pensionnés par la République. Bien sûr, il est extraordinaire de voir combien nous sombrons dans une démocratie d'opinion, qui n'a plus de démocratique que le vague surnom, quand le chef de l'État prend des décisions sur la base de l'émotion ressentie devant un film. Cela amuse. Cela peut choquer aussi. Bien sûr, le film est bourré d'anachronismes (l'armée d'Afrique considérée comme « gaulliste »), de réductions, de simplismes et de manichéisme (les blancs sont vraiment d'infâmes imbéciles).

Pourtant, malgré toutes ces réserves, convenons-en : que des hommes qui étaient français, en ce temps-là, et qui se sont battus pour la libération de notre pays, volontairement, perçoivent en tant que soldats des pensions égales à celles de leurs camarades d'infortune métropolitains n'est que justice. Que cette justice ait besoin d'un film, que cette justice ait tant attendu est un pur scandale. Un bémol tout de même: une partie de ces soldat survivants s'est ensuite battue pour l'indépendance des colonies françaises. En toute justice, la République française, si elle doit indemniser ses combattants, doit aussi veiller à ne pas indemniser ceux de ces hommes qui ont ensuite combattu contre la France. Il serait inimaginable que des hommes avant tiré sur des soldats français perçoivent l'argent de la République. La République se doit d'être cohérente.

Un contexte communautariste dangereux

Le film Indigènes s'inscrit dans un contexte qui confine à la pourriture intellectuelle. La question du passé colonial de la France est actuellement instrumentalisée à des fins communautaristes. [...] Ne nous y trompons pas: ces attaques ne visent pas à demander justice, contrairement à Indigènes, mais bien à " saper la République ". C'est l'avis de l'historien Daniel Lefeuvre, spécialiste de la période, universitaire, et auteur d'un récent et important Pour en finir avec la repentance coloniale. L'ouvrage fait d'autant plus l'objet de débats acharnés qu'il s'agit d'un travail d'historien, rigoureux, qui bat en brèche l'ensemble des arguments des repentants (aux propos tout de même relayés par les médias avec complaisance, sinon force ignorance) et autre; « indigènes de la République ». Lefeuvre le montre, chiffres, faits et exemples à l'appui: non, la France coloniale n'a pas mis en oeuvre un processus d'extermination des populations colonisées ; non, cette prétendue politique ne préfigure pas le nazisme, et la France coloniale n'est pas une variante du nazisme ; non, la France coloniale ne continue pas la traite négrière ; non, la France coloniale n'a pas pillé ses colonies, bien au contraire, elle aurait même plutôt soutenu à bout de bras l'économie de régions en crise (économique et démographique dans le cas de l'Algérie), achetant là des produits qu'elle pouvait se procurer à bien meilleur marché ailleurs ; non, les populations immigrées, contrairement aux accès de délires d'un Tarik Ramadan, n'ont pas seules reconstruit la France après la Seconde Guerre mondiale (Lefeuvre montre que ces populations représentaient à peine 1 % de la population active) ; non, « L'immigration en France ne repose pas sur les besoins en main-d'oeuvre de la métropole, mais sur la nécessité impérieuse, pour des centaines de milliers de familles algériennes, de disposer des ressources indispensables à leur existence » (p. 174). Ouf ! Cela fait bien des poncifs remis à leur place. À la lecture de ce livre, l'on est éberlué de sentir à quel point nous sommes victimes d'une Histoire idéologisée, dont la repentance actuellement à la mode n'est qu'une excroissance. Car, finalement, où croise-t-on ces poncifs que je viens de détailler? Dans les manuels scolaires. Il est grand temps, après les travaux de Lefeuvre, mais aussi après ceux de Sévillia, lequel pointait les mêmes problèmes (Historiquement correct, Perrin, 2003), que la réalité de la colonisation, mise en lumière par les historiens, fasse son entrée dans les classes d'histoire du secondaire, en lieu et place des mensonges et fariboles véhiculées par nos repentants professionnels.

Ces derniers sont fustigés par un essai dynamique signé par un ancien " nouveau philosophe" Pascal Bruckner, dans La tyrannie de la repentance. Essai sur le masochisme occidental. Bruckner prolonge ici un travail publié au début des années 80, Le sanglot de l'homme blanc, dans lequel il reprochait vertement aux occidentaux de s'auto-flageller et de se considérer comme responsables et coupables de tous les malheurs de tous les hommes, à routes les époques. [...]

Faut-il s'alarmer de ces développements repentants à répétition ? On peut penser que tout cela est provisoire et de bien peu d'intérêt. On peut aussi penser que la mode repentante est un des moyens d'action de groupes communautaristes visant à détruire la communion républicaine, au sens de res publica, avec d'autant plus d'écho que nos politiques ne cessent de donner des gages aux « revendications » communautaristes, confondant par là le Bien commun et le prétendu bien individuel. Depuis le gouvernement par la salle de cinéma, jusqu'à la
réécriture de l'histoire de France par des groupuscules identitaires, en passant par la satisfaction à des fins électoralistes de demandes antirépublicaines (plages d'horaires réservées à des catégories spécifiques de population dans les piscines), c'est bien la patrie et la République qui sont aujourd'hui menacées. Ne confondons pas les repentants avec de bonnes âmes philanthropiques. Nous sommes en présence d'idéologies qui confinent à l'apartheid. ("est exagéré? C'est pourtant la conclusion de Daniel Lefeuvre: « Une France où l'on serait blanc, noir ou arabe, chrétien, juif ou musulman – éventuellement athée – avant d'être français. Bref, une France de l'apartheid ». Nos politiques feraient bien de lire autre chose que le bulletin internet des Indigènes de la République.

Daniel Lefeuvre: Pour en finir avec la repentance coloniale. Flammarion, 2006, 230 pages, 18 E.
Pascal Bruckner: La tyrannie de la repentance. Essai sur Le masochisme occidental, Grasset, 2006, 258
pages, 16,90 E.
Bernard Lugan: Pour en finir avec la colonisation. Le Rocher, 2006, 480 pages, 22 E. Ouvrage qui revient sur les idées reçues et les clichés du discours anticolonial, sur cette politique de repentance face aux pays jadis colonisés.
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Souricet
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