Prions avec Paul Claudel
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Prions avec Paul Claudel
Paul Claudel a écrit:Dieu est mort, mais il la mauvaise habitude de ressusciter le troisième jour.
Paul Claudel a écrit:Dieu écrit droit avec des lignes courbes.
L'Enfant-Jésus de Prague
Il neige. Le grand monde est mort sans doute. C'est décembre.
Mais qu'il fait bon, mon Dieu, dans la petite chambre !
La cheminée emplie de charbons rougeoyants
Colore le plafond d'un reflet somnolent,
Et l'on n'entend que l'eau qui bout à petit bruit.
Là-haut, sur l'étagère, au-dessus des deux lits,
Sous son globe de verre, couronne en tête,
L'une des mains tenant le monde, l'autre prête
A couvrir ces petits qui se confient à elle,
Tout aimable dans sa grande robe solennelle
Et magnifique sous cet énorme chapeau jaune,
L'Enfant-Jésus de Prague règne et trône.
Il est tout seul devant le foyer qui l'éclaire
Comme l'hostie cachée au fond du sanctuaire,
L'Enfant-Dieu jusqu'au jour garde ses petits frères.
Inentendue comme le souffle qui s'exhale,
L'existence éternelle emplit la chambre, égale
A toutes ces pauvres choses innocentes et naïves !
Quand il est avec nous, nul mal ne nous arrive.
On peut dormir, Jésus, notre frère, est ici.
Il est à nous, et toutes ces bonnes choses aussi :
La poupée merveilleuse, et le cheval de bois,
Et le mouton, sont là, dans ce coin, tous les trois.
Et nous dormons, mais toutes ces bonnes choses sont à nous !
Les rideaux sont tirés… Là-bas, on ne sait où,
Dans la neige et la nuit sonne une espèce d'heure.
L'enfant dans son lit chaud comprend avec bonheur
Qu'il dort et que quelqu'un qui l'aime bien est là,
S'agite un peu, murmure vaguement, sort le bras,
Essaye de se réveiller et ne peut pas.
Décembre 1910
La Vierge à Midi
Il est midi. Je vois l'église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.
Je n'ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là
Rien que pour un moment pendant que tout s'arrête.
Midi !
Être avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.
Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage.
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu'on a le cœur trop plein,
Comme le merle qui suit son idée en ces espèces de couplets soudains.
Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la Grâce enfin restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final,
Telle qu'elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.
Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit.
Parce que vous êtes la femme, l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée,
Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées.
Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui,
Parce que vous êtes là pour toujours,
Simplement parce que vous êtes Marie,
Simplement parce que vous existez,
Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !
Nuit de Pâques
A travers la fenêtre, sans rideau, depuis longtemps je vois une petite étoile me luire.
Je ne dors pas. Mais entre le Samedi-Saint et Pâques, la nuit n'est pas faite pour dormir !
Les montagnes et les forêts attendent, elles m'entourent dans une émanation lumineuse.
La pleine lune, pas à pas, élève, suspend sa face pieuse...
Le soleil n'est pas levé encore : il y a une heure encore de cette immense solitude !
Il n'y a, pour garder le tombeau, que ces millions d'étoiles en armes, vigilantes depuis le pôle jusqu'au Sud !
Et tout à coup, dans le clair de lune, les cloches, en une grappe énorme dans le clocher,
Les cloches au milieu de la nuit, comme d'elles-mêmes, les cloches se sont mises à sonner !
On ne comprend pas ce qu'elles disent, elles parlent toutes à la fois !
Ce qui les empêche de parler, c'est l'amour, la surprise toutes ensemble de la joie !
Ce n'est pas un faible murmure, ce n'est pas cette langue au milieu de nous-mêmes suspendue
qui commence à remuer !
C'est la cloche vers les quatre horizons chrétienne qui sonne à toute volée !...
Vous qui dormez, ne craignez point, parce que c'est vrai que j'ai vaincu la mort!
J'étais mort, et je suis ressuscité dans mon âme et dans mon corps !
La loi du chaos est vaincue et le Tartare est souffleté !
La terre qui, dans un ouragan de cloches de toutes parts s'ébranle, vous apprend que je suis ressuscité!
Souricet- Invité
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