MARTHE ET MARIE


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Message par etienne lorant Mer 28 Sep 2011 - 12:26

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 9,57-62.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont
des nids ; mais le Fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer la tête.
» Il dit à un autre : « Suis-moi. » L'homme répondit : « Permets-moi
d'aller d'abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les
morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. » Un
autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi
d'abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : «
Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n'est pas fait
pour le royaume de Dieu. »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Comme si c'était hier, je me souviens de ce dimanche matin de 1985. A ma plus
grande stupéfaction, le "Jésus" de plâtre de mon crucifix avait bougé
et, au travers de mes larmes, la peine s'était transformée en joie
absolue - une Joie qui n'est pas de ce monde et qui mérite bien sa
majuscule. A peine deux jours plus tard, ma raison était déjà de retour
pour me faire douter: es-tu bien sûr de n'avoir pas, tout simplement,
été troublé par tes lectures ? Les prêtres que j'avais rencontrés
entre-temps, à l'écoute de mon récit, m'avait en effet suggéré de
rentrer chez moi et de rester tranquille plutôt que de courir m'engager
chez les Franciscains. Mais non, je ne pouvais pas avoir rêvé puisque
je m'étais réconcilié avec trois personnes qui m'en voulaient "à mort" !
Je ne pouvais pas avoir rêvé, puisque j'avais noté mes impressions du
moment et demandé au Seigneur de me laisser mourir de suite afin de
demeurer dans sa Joie.

Lorsque l'on a ressenti l'appel, non seulement il ne faut pas se retourner et demander des délais, mais en fait, il n'y a plus une seconde à perdre. Il y a urgence d'aimer
"l'Amour qui n'est pas aimé". Chez moi, tout y a concouru, mais rien
dans l'ordre que j'imaginais: je suis bien parti chez les Franciscains.
Mais le supérieur de la "Province" traversait lui-même une crise...
d'identité, et le peu que j'étais venu chercher : demeurer quelques
jours avec les frères, pouvoir replonger dans mes racines catholiques,
renouer avec les sacrements), il n'en a pas tenu compte. Ce qui est
arrivé en fait, c'est je me suis retrouvé "au travail à la Vigne", à
l'endroit-même que j'avais cru devoir quitter pour toujours. C'est que
le travail dans la Vigne du Seigneur, c'est ici et partout, maintenant
et sans arrêt.

Ce sentiment d'urgence est toujours présent, en
dépit des années qui ont passé. Comme je l'avais promis, j'ai de nouveau
tenté de 'forcer' la porte de l’Église visible - et je me suis présenté
au petit séminaire à l'âge de quarante ans. Le président du séminaire
m'a reconduit par une porte dérobée dans une rue adjacente dans les dix
minutes qui ont suivi ma longue "défense de thèse". Le lendemain, je me
suis plaint amèrement aux Sœurs Clarisses qui avaient prié à cette
intention. Ne manquait-on pas (déjà) de prêtres ? Mais on les voulait
plus jeunes. Qu'importe, je me suis retrouvé, cette fois sans rien avoir
cherché, membre du conseil de gestion de ma paroisse - et de la
Congrégation des apôtres de la miséricorde divine, dont le siège est à
Cracovie !

C'est à cette époque également que j'ai trouvé un autre 'travail': les jeunes du quartier ne m'écoutant plus (maintenant,
ils ne demandent plus d'aide, mais de l'argent, c'est tout !), je me
suis retrouvé au service de personnes âgées - et j'y suis depuis 1995.
Il n'y a pas que ma vieille mère: lorsque j'arrive à la maison de repos,
les assistantes 'officielles' détournent leurs regards de la table
attribuée à ma mère - car c'est moi qui reconduis plusieurs fauteuils
roulants aux ascenseurs, écoute les plaintes, et rends quelques services
dont elles n'ont plus à se préoccuper. En toutes ces années, je crois
que le plus formidable élan d'amour envers le Christ que j'ai ressenti,
c'est le fait d'avoir pu, en une occasion, mettre en pratique très
concrètement le précepte de Jésus qui disait: "Si quelqu'un te requiert
de l'accompagner durant une lieue, toi fais-en deux, par amour de la
charité parfaite"...

Aujourd'hui, l'urgence me semble de dénoncer les nouvelles idéologies - qui me semblent vouloir nous faire adopter tous le même comportement, dans l'orgueil, comme firent déjà les hommes en construisant la Tour de Babel. Cependant, au quotidien, c'est le silence et la prière qui dominent. On dira que je n'ai pas prié beaucoup puisque je viens d'écrire cinq paragraphes à la file l'un de l'autre -
mais en réalité, entre chaque paragraphe, je suis sorti prier jusqu'à
six dizaines de chapelet dans le couloir et le parking tout proches.
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Message par Belen Mer 28 Sep 2011 - 15:25

Tu sais Etienne, quand on ressent intérieurement un besoin très fort de servir le Christ à la suite d'une rencontre très intime avec lui - je crois en la tienne et j'en ai moi aussi une vive expérience - je pense qu'on est toujours dans un premier temps rabroué par l'Eglise ou appelé par elle à une "occupation" qui ne correspond pas du tout à notre charisme. J'ai vécu cela il y a 12 ans, j'étais dans une conversion radicale qui demandait à être longuement méditée et purifiée, j'avais besoin d'un accompagnement spirituel solide, et au lieu de ça, on m'a confié un groupe d'adolescents à préparer à la profession de foi. Ils étaient très pénibles et je n'étais pas du tout prête, au bout d'une ou deux séances j'ai "rendu mon tablier", ce fut un échec cuisant pour moi et cela m'a discréditée pendant pas mal de temps dans ma paroisse.

Et pourtant l'appel était là, l'appel à une mission très différente, de plus grande envergure...
J'ai eu ensuite une correspondance avec un moine bénédictin en qui j'ai placé beaucoup d'espoirs, à qui je me suis beaucoup confiée, il était très saint, il me comprenait, voulait m'aider, mais n'étant pas de mon diocèse, il n'avait aucun "mandat" pour le faire.

Il m'a écrit un jour que mes grands desseins, je ne pourrais que les convertir en ardente prière, mais "sans aucune illusion possible". Cela m'avait troublée, blessée, déçue. C'était la parole d'un vieux et sage contemplatif qui avait une vive compréhension des besoins actuels de l'Eglise mais avait aussi compris son impuissance, sinon dans la prière.

11 ans ont passé.
En 2007 mon vieux moine est décédé, je ne l'ai appris que récemment. Je ressens profondément son intercession, j'avais établi avec lui de son vivant une telle "communion spirituelle" que nous avions pu nous dire l'un à l'autre qu'elle ne cesserait pas, même par-delà sa mort.

Et tu vois Etienne, en ce moment je ne suis pas loin de réaliser les plus vifs désirs de mon coeur pour l'Eglise. Je t'en parlerai quand cela sera vraiment concret, mais c'est en bonne voie.

Je sais que Dieu nous appelle dans nos désirs les plus profonds, dans notre propre charisme. Dans ma paroisse, on a toujours voulu me confier les enfants, partant du fait que je suis enseignante pour se convaincre que c'était là ma vocation. Or je sais que ce n'est pas ma vocation dans l'Eglise, justement parce que je suis enseignante laïque et que je ne "mélange pas les genres". Mon curé ne me sollicite plus sur ce point désormais, mais il m'accompagne pas à pas dans mon charisme d'écriture.
Et j'entoure tout cela d'une ardente prière, bien sûr...
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Message par etienne lorant Mer 28 Sep 2011 - 15:46

Bonjour Belen,

Oui, c'est ainsi, les "voies du Seigneur"... sont souvent très difficiles à "démêler": comment se fait-il par exemple que j'aie pu finalement suivre la théologie de la Miséricorde divine, issue du Petit Journal de sainte Faustine, mais dont les textes, durant toute une année, ont transité par Montréal exclusivement ? Ainsi, pour le Seigneur, la ligne droite entre Cracovie et la Belgique passait par Montréal... et un an plus tard, tous mes contacts de Montréal se sont défait (plus de nouvelles malgré mes courriers) les uns après les autres.

Au total, je suis certain qu'un jour je comprendrai tout. Il y a une chose dont je reconnais qu'elle est "certaine" dans mon cas: le Seigneur ne me voulait pas dans une organisation déjà instituée (monastère, paroisse) mais complètement "dans le monde - là où sont la plupart qui ne croient plus en Lui. Une seconde chose qui est certaine, c'est qu'au fil de toutes ces années, j'ai suivi un chemin tout à fait différent que la société me promettait... mais là-dessus, je ne peux pas estimer l'importance de cette différence.

Le Seigneur vous conduit et nous conduit tous avec douceur et fermeté... En union de prière.

Etienne
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