MARTHE ET MARIE


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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 14:32

POET POET Paujourdhui_1960

La Charlotte prie Notre-Dame ("La prière de la Charlotte")

Jehan Rictus (alias Gabriel Randon de Saint-Amand)


MARIE DUBAS 1934 MP3

R'grdez moi ça cette espèce de bande de fourneaux
Ça vous bouscule, ça vous d'mandrait seulement pas pardon
Va donc eh! Faux Ch'man, Eh purée !

Seigneur Jésus, je pense à vous
Ça m'prend comme ça, y a pas d'offense
J'suis morte de froid, j'me tiens plus debout
Ce soir encore, j'ai pas eu d'chance

Ce soir pardi c'est l'réveillon,
On n'voit passer qu'des rigoleurs
J'gueulerais "Au feu" ou "Au voleur" !
Personne n'y f'rait attention

J'suis là, Sainte-Vierge, à mon coin d'rue
Où d'puis l'apéro, j'bas la semelle
J'suis qu'une ordure, une fille perdue
C'est la Charlotte qu'on m'appelle

Sûr qu'avant d'vous causer première
Une femme qu'est plus bas que l'ruisseau
Devrait conobrer ses prières
Mais y m'en revient que des p'tits morceaux

Venez, z'yeutez, c'est la Saint-Poivrot
Tout flambe, tout chahute, tout reluit
Les restaurants et les bistrots
Ils ont la permission d'la nuit

Tout chacun n'pensent qu'à croustiller
Y a plein d'monde dans les rôtisseries
Les épicemards, les charcuteries
Que ça sent bon l'boudin grillé....

(Bruit de cloche, coeurs qui chantent "Noël, Noël")

Minuit. A présent Jésus est né

Dans les temps, quand y s'est amené
S'y gelait comme y gèle c'te nuit
Su'la paille de vot' écurie
Vous avez bien dû avoir froid
Jésus et vous, Vierge Marie

N'est-ce pas que vous êtes pas fâchée
Qu'une fille d'amour pleine de péchés
Vous cause ce soir à sa manière
Pour vous expliquer ses misères ?
Dites-moi que vous êtes pas fâchée

Allez ! Bing! On m'bouscule avec des litres
Des pains d'quatre livres, des assiettes d'huîtres
Non, mais regardez-moi tous ces chameaux !
Oh! pardon, excuse, Vierge Marie
V'là qu'j'ai encore dit un vilain mot

C'est vrai que j'ai quitté d'chez nous
Mais c'était qu'la dèche et les coups
C'était un vrai enfer Sainte-Vierge
Soit dit sans être une effrontée
Vous-même y seriez pas restée

Eh ben, c'est pas des boniments
C'est vrain j'vous l'jure,Vierge Marie
Malgré comme ça qu'j'aie fait la vie
J'ai pensé à vous ben souvent

J'revois vot' belle robe bleue, vot' voile
Même qu'il était piqué d'étoiles
Vot' belle couronne d'or sur la tête
Et votre petit trésor sur les bras

Pour sûr que vous étiez jolie
Comme une reine, comme un miroir
Et c'est vrai que j'vous revois ce soir
Avec mes yeux de gosseline
C'est comme si que j'y étais, parole

Aussi, si vous vouliez, Sainte-Vierge
Faire ce soir quelque chose pour moi
Pour l'temps qu'j'étais pas une impie
Vous n'avez qu'à lever un p'tit doigt
Et n'pas vous occuper du reste

J'vous d'mande pas des choses pas honnêtes
Faites seulement que j'trouve et ramasse
Un porte-monnaie avec galette
Perdu pas un d'ces muf's qui passent
À moi plutôt qu'au balayeur

Un porte-lazagne, Vierge Marie
N'y aurait-y d'dans qu'un larantqué
Ça m'aiderait pour m'aller planquer
Ça m'permettrait d'attendre à demain
Et d'm'enfoncer dix ronds d'boudin

Ou alors, si vous pouvez pas
Ou poulez pas, Vierge Marie
Vous allez m'trouver ben hardie
Mais faites-moi de suite sauter l'pas

Et pis, emmenez-moi avec vous
Prenez-moi dans le Paradis
Ousqu'y fait chaud, ousqu'y fait doux
Où plus jamais je ferai la vie

Ah! Emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Avant que la nuit soye passée
Et que j'soye encore ramassée
Sainte-Vierge, emmenez-moi, j'vous en prie ?

Je n'en peux pus de grelotter
Tenez, allumez mes mains gercées
Et mes p'tits souliers découverts
J'n'ai toujours qu'mon costume d'été
Qu'j'ai fait teindre en noir pour l'hiver

Oui, emmenez-moi, dites, emmenez-moi
Et comme y doit y avoir du chemin
Si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce
De porter à bras not'Seigneur
Un enfant, c'est lourd à la fin

Vous me l'repasserez un moment
Et moi, je l'porterai à mon tour
Sans le laisser tomber par terre
Comme je faisais chez mes parents
La p'tite moman dans les faubourgs
Quand j'trimballais mes petits frères...

Vierge Marie, pleine de grâce
Vous qui êtes bénie entre toutes les femmes
Priez pour nous pauvres pêcheurs
Priez pour nosu pauvres pêcheurs...

On trouve également des couplets et des
phrases supplémentaires dans certaines versions:

La doche à crans, l'dâb toujours saoul
Les frangins déjà affranchis

(...)

Et vous aussi, Vierge Marie
Sainte-Vierge, Mère de Dieu
Qui pourriez croire que j'vous oublie
Ayez pitié du haut des cieux

Vierge Marie... pleine de grâce...
J'suis fauchée à mort, vous savez
Mes poignets, c'est pus qu'une crevasse
Et me v'là ce soir sur l'pavé

Si j'entrais m'chauffer à l'église
On m'foutrait dehors, c'est couru
Ça s'voit trop que j'suis fille soumise
Oh! mand' pardon, j'viens d'dire "foutu"

(...)

Ça m'fait gazouiller les boyaux
Brrr! À présent Jésus est né

C'est vrai que j'ai plaqué l'turbin
Mais l'ouvrière gagne pas son pain
Quoi qu'a fasse, elle est mal payée
A n'fait même pas pour son loyer
À la fin, quoi, ça décourage
On n'a pus de cœur à l'ouvrage
Ni le caractère ouvrier

J'dois dire encore Vierge Marie
Que j'ai aimé sans permission
Mon p'tit, mon béguin, un voyou
Qu'est en c'moment en Algérie
Rapport à ses condamnations

Mais quand on a trinqué tout gosse
On a toujours besoin d'caresses
On se meurt d'amour toute sa vie
On s'arrêtait pas, que voulez-vous

Pourtant j'y suis encore fidèle
Malgré les autres qui m'courent après
Y a l'grand Jules qui veut pas m'laisser
Faudrait qu'avec lui j'me marie
Histoire comme on dit, d'l'engraisser
Ben, jusqu'à présent, y a rien d'fait
J'ai pas voulu, Vierge Marie

Enfin, je suis déringolée
Souvent on m'a mise à l'hosto
Et j'm'ai tant battue et soûlée
Que j'en suis pleine de coups d'couteaux

Bref, je suis pus qu'une saloperie
Un vrai fumier Vierge Marie
Seulement, quoi qu'on fasse ou qu'on dise
Quand on veut s'acheter une conduite
Y a quequ'chose qu'est pus fort que vous

Et ce soir encore ça m'rappelle
Un temps, qui jamais ne reviendra
Ousque j'allais à vot' chapelle
Les mois que c'était votre fête

Seulement, c'est pus comme à l'école
Ces pauvres callots, ce soir, madame
Y sont rougis et pleins de larmes

Sauf mon p'tit, dont j'suis pas guérie
Vous pensez qu'je ne regretterai rien
D'Saint-Lago, d'la Tour, des médecins
Des barbots et des argousins
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 15:18

POET POET 3092

Dans l'épais des ombres funèbres,
Parmi l'obscure nuit, image de la mort,
Astre de nos esprits, sois l'étoile du Nord,
Flambeau de nos ténèbres.

Délivre-nous des vains mensonges
Et des illusions des faibles en la foi :
Que le corps dorme en paix, que l'esprit veille à toi,
Pour ne veiller à songes.

Le corps repose en patience,
Dorme la froide crainte et le pressant ennui :
Si l'oeil est clos en paix, soit clos ainsi que lui
L'oeil de la conscience.

Ne souffre pas en nos poitrines
Les sursauts des méchants sommeillants en frayeur,
Qui sont couverts de plomb, et se courbent en peur
Sur un chevet d'épines.

ceux qui chantent tes louanges
Ton visage est leur ciel, leur chevet ton giron,
Abrités de tes mains, les rideaux d'environ
Sont le camp de tes anges

Théodore Agrippa d' AUBIGNÉ (1552-1630)
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 15:24

Prière à l'inconnu

Jules Supervielle 1884/1960

POET POET 007704-m


Voilà que je me surprends à t'adresser la parole,
Mon Dieu, moi qui ne sais encore si tu existes
Et ne comprends pas la langue de tes églises chuchotantes.
Je regarde les autels, la voûte de ta maison,
Comme qui dit simplement: voilà du bois, de la pierre,
Voilà des colonnes romanes.
Il manque le nez à ce saint.
Et au-dedans comme au-dehors, il y a la détresse humaine.
Je baisse les yeux sans pouvoir m'agenouiller pendant la messe,
Comme si je laissais passer l'orage au-dessus de ma tête.
Et je ne puis m'empêcher de penser à autre chose.
Hélas ! j'aurai passé ma vie à penser à autre chose.
Cette autre chose, c'est encore moi.
C'est peut-être mon vrai moi-même.
C'est là que je me réfugie.
C'est peut-être là que tu es.
Je n'aurai jamais vécu que dans ces lointains attirants.
Le moment présent est un cadeau dont je n'ai pas su profiter.
Je n'en connais pas bien l'usage.
Je le tourne dans tous les sens,
Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile.
Mon Dieu, je ne crois pas en toi, je voudrais te parler tout de même.
J'ai bien parlé aux étoiles, bien que je les sache sans vie,
Aux plus humbles des animaux, quand je les savais sans réponse,
Aux arbres qui, sans le vent, seraient muets comme la tombe.
Je me suis parlé à moi-même, quand je ne sais pas bien si j'existe.
Je ne sais si tu entends nos prières, à nous les hommes,
Je ne sais si tu as envie de les écouter.
Si tu as, comme nous, un coeur qui est toujours sur le qui-vive
Et des oreilles ouvertes aux nouvelles les plus différentes
Je ne sais pas si tu aimes à regarder par ici.
Pourtant je voudrais te remettre en mémoire la planète terre
Avec ses fleurs, ses cailloux, ses jardins et ses maisons
Avec tous les autres et nous qui savons bien que nous souffrons.
Je veux t'adresser sans tarder ces humbles paroles humaines
Parce qu'il faut que chacun tente à présent tout l'impossible.
Même si tu n'es qu'un souffle d'il y a des milliers d'années
Une grande vitesse acquise
Une durable mélancolie
Qui ferait tourner encore les sphères dans leur mélodie
Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance
Attirer ton attention parmi tant de ciels vagabonde
Sur les hommes qui n'ont pas de repos sur la planète.
Ecoute-moi ! Cela presse. Ils vont tous se décourager
Et l'on ne va plus reconnaître les jeunes parmi les âgés
Chaque matin, ils se demandent si la tuerie va commencer.
De tous côtés, l'on prépare de bizarres distributeurs de sang de plaintes et de larmes
L'on se demande si les blés ne cachent pas déjà des fusils.
Le temps serait-il passé où tu t'occupais des hommes ?
T'appelle-t-on dans d'autres mondes, médecin en consultation,
Ne sachant où donner de la tête
Laissant mourir sa clientèle ?
Ecoute-moi ! Je ne suis qu'un homme parmi tant d'autres.
L'âme se plait dans notre corps,
Ne demande pas à s'enfuir dans un éclatement de bombe.
Elle est pour nous une caresse, une secrète flatterie.
Laisse-nous respirer encore sans songer aux nouveaux poisons
Laisse-nous regarder nos enfants sans penser tout le temps à la mort.
Nous n'avons pas du tout le coeur aux batailles, aux généraux.
Laisse-nous notre va-et-vient, comme un troupeau dans ses sonnailles,
Une odeur de lait frais se mélant à l'odeur de l'herbe grasse.
Ah ! si tu existes, mon Dieu, regarde de notre côté.
Viens te délasser parmi nous.
La terre est belle, avec ses arbres, ses fleuves et ses étangs,
Si belle, que l'on dirait que tu la regrettes un peu
Mon Dieu, ne va pas faire la sourde oreille
Et ne va pas m'en vouloir si nous sommes à tu et à toi
Si je te parle avec tant d'abrupte simplicité.
Je croirais moins qu'en tout autre en un Dieu qui terrorise.
Plus que par la foudre, tu sais t'exprimer par les brins d'herbe
Et par les jeux des enfants et par les yeux des ruisseaux.
Ce qui n'empêche pas les mers et les chaînes de montagnes.
Tu ne peux pas m'en vouloir de dire ce que je pense
De réfléchir comme je peux sur l'homme et sur son existence
Avec la franchise de la terre et des diverses saisons
Et peut-être de toi-même dont j'ignorerais les leçons
Je ne suis pas sans excuses
Veuille accepter mes pauvres ruses
Tant de choses se préparent sournoisement contre nous
Quoi que nous fassions, nous craignons d'être pris au dépourvu
Et d'être comme le taureau
Qui ne comprend pas ce qui se passe
Le mène-t-on à l'abattoir
Il ne sait où il va comme ça
Et juste avant de recevoir le coup de mort sur le front
Il se répète qu'il a faim et brouterait résolument
Mais qu'est-ce qu'ils ont ce matin avec leurs tabliers pleins de sang
A vouloir tous s'occuper de lui ?
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 15:31

POET POET Arton420-976f7

Francis Jammes (1868-1938)

PRIERE POUR ALLER AU PARADIS AVEC LES ANES


Lorsqu'il faudra aller vers vous, ô mon Dieu, faites
que ce soit par un jour où la campagne en fête
poudroiera. Je désire, ainsi que je fis ici-bas,
choisir un chemin pour aller, comme il me plaira,
au Paradis, où sont en plein jour les étoiles.
Je prendrai mon bâton et sur la grande route
j'irai, et je dirai aux ânes, mes amis :
Je suis Francis Jammes et je vais au Paradis,
car il n'y a pas d'enfer au pays du Bon Dieu.
Je leur dirai : " Venez, doux amis du ciel bleu,
pauvres bêtes chéries qui, d'un brusque mouvement d'oreille,
chassez les mouches plates, les coups et les abeilles."
Que je Vous apparaisse au milieu de ces bêtes
que j'aime tant parce qu'elles baissent la tête
doucement, et s'arrêtent en joignant leurs petits pieds
d'une façon bien douce et qui vous fait pitié.
J'arriverai suivi de leurs milliers d'oreilles,
suivi de ceux qui portent au flanc des corbeilles,
de ceux traînant des voitures de saltimbanques
ou des voitures de plumeaux et de fer-blanc,
de ceux qui ont au dos des bidons bossués,
des ânesses pleines comme des outres, aux pas cassés,
de ceux à qui l'on met de petits pantalons
à cause des plaies bleues et suintantes que font
les mouches entêtées qui s'y groupent en ronds.
Mon Dieu, faites qu'avec ces ânes je Vous vienne.
Faites que, dans la paix, des anges nous conduisent
vers des ruisseaux touffus où tremblent des cerises
lisses comme la chair qui rit des jeunes filles,
et faites que, penché dans ce séjour des âmes,
sur vos divines eaux, je sois pareil aux ânes
qui mireront leur humble et douce pauvreté
à la limpidité de l'amour éternel.
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 15:47

Léopold Sédar Senghor (1906-2001)

POET POET Sedardeces

Prière de paix, 1945 (hosties noires)


Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du père.
Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des bœufs , pour engraisser ses terres à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier.
Qu’elle aussi a porté la mort et le canon dans mes villages bleus, qu’elle a dressé les miens les uns contre les autres comme des chiens se disputant un os
Qu’elle a traité les résistants de bandits, et craché sur les têtes-aux-vastes-desseins.
Oui Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques
Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié.
Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement
Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire
Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires
Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc.
Ah ! Seigneur, éloigne de ma mémoire la France qui n’est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France
Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n’ai que haine
- mais je peux bien haïr le Mal
Car j’ai une grande faiblesse pour la France
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 16:08

POET POET Valmore

Marceline DESABORDES-VALMORE (1786-1859)


L'âme errante




Je suis la prière qui passe
Sur la terre où rien n'est à moi ;
Je suis le ramier dans l'espace,
Amour, où je cherche après toi.
Effleurant la route féconde,
Glanant la vie à chaque lieu,
J'ai touché les deux flancs du monde,
Suspendue au souffle de Dieu.

Ce souffle épura la tendresse
Qui coulait de mon chant plaintif
Et répandit sa sainte ivresse
Sur le pauvre et sur le captif
Et me voici louant encore
Mon seul avoir, le souvenir,
M'envolant d'aurore en aurore
Vers l'infinissable avenir.

Je vais au désert plein d'eaux vives
Laver les ailes de mon coeur,
Car je sais qu'il est d'autres rives
Pour ceux qui vous cherchent, Seigneur !
J'y verrai monter les phalanges
Des peuples tués par la faim,
Comme s'en retournent les anges,
Bannis, mais rappelés enfin...

Laissez-moi passer, je suis mère ;
Je vais redemander au sort
Les doux fruits d'une fleur amère,
Mes petits volés par la mort.
Créateur de leurs jeunes charmes,
Vous qui comptez les cris fervents,
Je vous donnerai tant de larmes
Que vous me rendrez mes enfants !
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 16:36

Ah ! Seigneur, Dieu des coeurs robustes, répondez


Ah ! Seigneur, Dieu des coeurs robustes, répondez !
Quel est ce temps de doute où l'homme joue aux dés
Ses croyances, l'amour et le rêve et la gloire ?
Il est tard ; que faut-il aimer, que faut-il croire ?
Vacillants et plaintifs comme un peuple de joncs,
Sous le ciel triste et nu nous vous interrogeons ;
Notre âme sèche a soif d'une sève nouvelle.
Seigneur, que votre étoile à nos yeux se révèle !
Car déjà la nuit morne à l'horizon s'étend :
Voici que le soleil se couche et qu'on entend
Planer sur le sommeil de nations entières
Le grand vent solennel et noir des cimetières.

¤¤¤¤¤


Entrerai-je, ce soir, Seigneur, dans ta maison

Entrerai-je, ce soir, Seigneur, dans ta maison,
Sans craindre que ma chair, vouée aux oeuvres viles,
Apporte le relent de luxure des villes
A la candeur des jupes d'ombre en oraison ?

Je songe à d'autres jupes d'ombre qui sont douces
Pour endormir l'effroi des poètes malades,
A des doigts alourdis d'anneaux aux pierres troubles,
Troubles comme des yeux menteurs, comme mon âme.

Entrerai-je, ce soir, Seigneur, dans ta maison,
Si mon haleine tord l'humble flamme des cierges,
Si ma prière même inquiète les vierges,
Eau claire où s'élargit la chute d'un poison !

Je songe à des toisons souples de courtisanes
Où les désespérés enfouissent leur songe,
Bonnes toisons qui font la nuit sur les visages,
Lourdes comme l'amour, sourdes comme des tombes.

Que votre main soit rude et juste et me châtie,
Seigneur, Seigneur, moi qui voudrais tant vous aimer !
Laissez, lasse de cris, ma bouche se fermer,
Pour la rouvrir vous-même ensuite avec l'Hostie.

Je songe aux nuits de joie ivres et douloureuses
Où ma soif, accoudée à des tables mauvaises,
Se versait les boissons de flamme dont s'abreuvent
Ceux que serre à la gorge un ancien sacrilège.

Je viens vers vous, du fond de mon iniquité,
Je viens vers vous, Seigneur, à qui les enfants parlent,
De tout mon bon vouloir et de toutes mes larmes,
Etre triste avec vous, moi qui vous attristai.

L'immémorial faix de péchés, le fardeau
De luxure et d'orgueil creuse mes reins qui saignent.
Aux margelles des puits nulle Samaritaine
N'a tendu vers ma soif ses paumes pleines d'eau.

Oubliez que je fus des serviteurs indignes ;
Et dans l'ombre que font les collines, le soir,
Celui qui cherche l'âtre et la pierre où s'asseoir
Sentira qu'un pardon se couche sur les vignes.

La nuit tombe et m'arrête où dort votre maison ;
Les ramiers se sont tus, mais les fontaines chantent,
Fraîcheur obscure, en palpitant pour que j'y trempe
Mes mains, l'aridité de ma bouche et mon front.

L'eau froide et pure emportera vers les ténèbres
Le souvenir fiévreux d'un passé de caresses,
La mémoire des voix, des regards et des gestes,
Et le souffle de feu qui brûle encor mes lèvres.

Faites, Seigneur, miséricorde à ma faiblesse,
A cette toute faiblesse des pauvres âmes
Qui n'ont pleuré que pour la chair tiède des femmes.
Que je souffre, Seigneur, des ronces qui vous blessent ;

Que la croupe des boucs crispés sur le portail
Serve d'éternel lieu d'exil à mes péchés,
Et que la palme offerte aux coeurs purifiés
Exalte en moi l'azur des vierges du vitrail.

Je serai digne alors de gravir, humble et pâle,
Le seuil de gloire où les rois même parlent bas,
Et mon coeur et mes pieds nus ne sentiront pas
Le froid de la divine espérance et des dalles.

... Cette prière, hélas ! n'est-ce pas seulement
Le glas que sur soi-même agite une âme simple
A qui les yeux naïfs de ses chagrins d'enfant
Ont souri tristement du plus loin de leurs limbes ?

N'est-ce pas le glas lourd du vain rêve que font
Dans leurs soirs douloureux les vieilles fois qui meurent :
Entrerai-je, nocturne et las, dans la maison
Où le Maître de vie ineffable demeure ?


Auteur:Charles GUÉRIN (1873-1907)


Dernière édition par le Lun 8 Oct 2007 - 17:25, édité 1 fois
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 16:40

POET POET Emileverhaeren

Emile VERHAEREN (1855-1916)
(Recueil : Les douze mois)

Les saints



Dreling, dreling,
C'est la fête de tous les Saints.

On en connaît qui sont venus,
- dites, de quels pays d'or et d'ivoire ! -
Depuis des temps que nul n'a retenus,
Dans ma contrée, en sa mémoire.
On en connaît qui sont partis de Trébizonde,
Dieu sait par quels chemins,
N'ayant pour seuls trésors au monde
Que deux lys clairs, entre leurs mains.

Dreling, dreling,
C'est la tête de tous les Saints.

J'en sais de très pauvres, mais très honnêtes,
Là-bas, au fond d'un bourg flamand,
Eloi, Bernard, Corneille, Amand,
Qui font le bien aux bêtes ;
Et quelques-uns laissés pour compte
Aux gens pieux qui vous le content,
En Campine, dans le pays amer,
Par des hommes qu'hallucinait la mer.

Dreling, dreling,
C'est la fête de tous les Saints.

D'autres règnent aux carrefours,
Où les commères les injurient,
A poings tendus, avec furie,
Dès qu'ils ajournent leurs secours ;
Et tels sont gras et tels sont maigres,
Les uns bossus, les autres droits,
Mais tous, revêtus d'or, comme autrefois
Les mages blancs et les rois nègres.

Dreling, dreling,
C'est la fête de tous les Saints.

En voici dont la pauvre image
Orne le môle d'un vieux port
Et que l'orage en ses doigts tord
Sur leur petit socle à ramages ;
D'autres sont là, près du bois sourd,
Dans une niche au creux d'un frêne,
D'où leur tête d'un poids trop lourd
A chu dans l'eau de leur fontaine.

Mais qu'importe qu'ils soient grandis
Ou rabaissés sur cette terre,
Saints de la pluie ou du tonnerre
Ne sont-ils pas au paradis ?
Aussi, pour ne froisser personne, ont-ils choisi
Leur fête en or, au temps précis,
Où les vents d'ouest, par les champs cornent,
Le premier jour du grand mois morne.
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Message par Joss Lun 8 Oct 2007 - 19:40

POET POET Therese

Thérèse Martin, dite Sainte THÉRÈSE DE LISIEUX (1873-1897)
(Recueil : Poésies)



Mon Ciel à moi !
Pour supporter l'exil de la vallée des larmes
Il me faut le regard de mon Divin Sauveur
Ce regard plein d'amour m'a dévoilé ses charmes
Il m'a fait pressentir le Céleste bonheur
Mon Jésus me sourit quand vers Lui je soupire
Alors je ne sens plus l'épreuve de la foi
Le Regard de mon Dieu, son ravissant Sourire,
Voilà mon Ciel à moi !…

Mon Ciel est de pouvoir attirer sur les âmes
Sur l'Eglise ma mère et sur toutes mes sœurs
Les grâces de Jésus et ses Divines flammes
Qui savent embraser et réjouir les cœurs.
Je puis tout obtenir lorsque dans le mystère
Je parle cœur à cœur avec mon Divin Roi
Cette douce Oraison tout près du Sanctuaire
Voilà mon Ciel à moi !...

Mon Ciel, il est caché dans la petite Hostie
Où Jésus, mon Epoux, se voile par amour
A ce Foyer Divin je vais puiser la vie
Et là mon Doux Sauveur m'écoute nuit et jour
" Oh ! quel heureux instant lorsque dans la tendresse
Tu viens, mon Bien-Aimé, me transformer en toi
Cette union d'amour, cette ineffable ivresse
Voilà mon Ciel à moi !... "

Mon Ciel est de sentir en moi la ressemblance
Du Dieu qui me créa de son Souffle Puissant
Mon Ciel est de rester toujours en sa présence
De l'appeler mon Père et d'être son enfant
Entre ses bras Divins, je ne crains pas l'orage
Le total abandon voilà ma seule loi.
Sommeiller sur son Cœur, tout près de son Visage
Voilà mon Ciel à moi !...

Mon Ciel, je l'ai trouvé dans la Trinité Sainte
Qui réside en mon cœur, prisonnière d'amour
Là, contemplant mon Dieu, je lui redis sans crainte
Que je veux le servir et l'aimer sans retour.
Mon Ciel est de sourire à ce Dieu que j'adore
Lorsqu'Il veut se cacher pour éprouver ma foi
Souffrir en attendant qu'Il me regarde encore
Voilà mon Ciel à moi !...
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Message par Souricet Sam 20 Oct 2007 - 20:11

Poèmes de Marie Noël
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Message par Joss Sam 20 Oct 2007 - 20:23

Souricette a écrit:Poèmes de Marie Noël

Ah merci Wink ...J'en ai cherché partout sur le net Rolling Eyes
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Message par Souricet Sam 20 Oct 2007 - 20:25

Ben non, tu as oublié le site de Souricette sur le net. Wink
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