Le Roundup est un herbicide total et non sélectif produit par la compagnie Monsanto et dont la substance active principale est le glyphosate. Ce dernier est un herbicide dérivé d’un acide aminé (la glycine) découvert et breveté par les chimistes de Monsanto en 1969. Le Roundup, commercialisé à partir de 1975, a un principe actif qui permet l’extermination totale de toutes les plantes aspergées. En cas d’épandage de Roundup sur une plante, celle-ci va absorber le produit chimique au niveau des feuilles qui va ensuite passer dans la sève de la plante et entraîner une contamination générale de l’organisme. Le glyphosate va ensuite se concentrer au niveau des racines et perturber la production de chlorophylle et d’hormones de croissance de la plante, entraînant une nécrose des tissus végétaux conduisant à la mort de la plante.
b. Une publicité mensongère sur la biodégradabilité et l’innocuité du produit.
Le Roundup a connu un succès très rapide non seulement dans le monde des agriculteurs qui saluaient son efficacité mais aussi auprès des jardiniers amateurs, séduits par la réputation de biodégradabilité et d’innocuité du produit. En effet, on peut lire sur les bidons de Roundup distribués en grande surface qu’ « utilisé selon le mode d’emploi, Roundup de présente pas de risque pour l’homme, les animaux et leur environnement ». De plus, beaucoup se souviennent de la fameuse annonce publicitaire où un chien couvrait une plante de Roundup afin de déterrer un os enseveli pour le manger en toute sécurité, sans se préoccuper d’éventuels résidus toxiques sur sa nourriture. Cette annonce promouvant la non-toxicité du désherbant fut condamnée pénalement pour publicité mensongère dans plusieurs pays.
Ce n’était pas la première fois que Monsanto mentait sur la non toxicité du Roundup, puisque la firme avait déjà été condamnée dès 1996 par le Bureau de la répression des fraudes de l’Etat de New York pour publicité mensongère. Une décision qui aurait du alerter les autorités européenne au moment du lancement de la campagne de Monsanto en 2000, mais pourtant ses spots ont été diffusés dans toute l’Union. Pour les mêmes motifs de fraude, Monsanto fut condamnée par un tribunal français dans un jugement rendu le 26 janvier 2007. Ce jugement révèle la véritable nature du Roundup et la fraude commise par Monsanto sur la biodégradabilité avancée par son produit. Le tribunal a donc jugé que : « l’utilisation combinée sur les étiquettes et emballages des produits herbicides pour jardins d’amateurs de marque Roundup visés à la prévention, des termes et expressions « biodégradable,« laisse le sol propre », « respect de l’environnement », « efficacité et sécurité pour l’environnement », […] , peut laisser faussement croire au consommateur à l’innocuité totale et immédiate desdits produits par suite d’une dégradation biologique rapide après usage, alors que le glyphosate en constituant la substance chimique active, auquel il est ajouté un surfactant, l’amine polyoxyéthilène, présente une écotoxicité manifeste et ne se dégrade pas rapidement dans la nature, puisque selon les études effectuées par le groupe Monsanto lui-même, un niveau de dégradation biologique de 2 % seulement peut être obtenu après 28 jours. »
Voila qui clarifie la véritable nature du produit, un herbicide puissant et toxique, qui se dégrade lentement dans le sol.
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La polémique sur le processus d’homologation des pesticides
a. Des défaillances dans le système d’homologation des pesticides aux Etats-Unis et en Europe ?
Les pesticides, baptisés « produits phytosanitaires », recouvrent trois catégories : les fongicides (pour lutter contre les champignons), les insecticides (pour venir à bout des parasites) et les herbicides (pour éliminer les concurrentes herbacées des cultures). Ces produits chimiques servant tous à l’éradication d’organismes vivant, ils sont nécessairement toxiques et doivent par conséquent être soumis à une autorisation de mise sur le marché vérifiant le degré de toxicité pour l’homme et son environnement. La France est le troisième utilisateur mondial de pesticides (après les États-Unis et le Japon), avec 100 000 tonnes vendues chaque année, dont 40 % d’herbicides, 30 % de fongicides et 30 % d’insecticides. On estime que 550 matières actives et 2 700 formulations commerciales sont actuellement homologuées et utilisées sur le territoire français. Cette homologation est soumise à toute une batterie de tests visant à prouver l’efficacité et l’innocuité du pesticide pour l’homme, les animaux et l’environnement. Pour chaque pesticide est établi une « dossier toxicologique », produit à partir de diverses études réaliser sur des rats afin de déterminer des données comme la dose létale, ou encore étudier sur le long terme les effets d’une exposition répétée au pesticide. Enfin, des tests doivent vérifier si le produit présente un « potentiel oncogénique » (cancérigène), « tératogène » (capable de provoquer des malformations congénitales) ou « mutagène » (capable de modifier de manière permanente et transmissible l’ADN des sujets exposés), trois caractéristiques toxiques que l’on retrouve dans l’herbicide 2,4,5-T, aussi connu sous le nom d’Agent Orange. Ces tests semblent assurer une certaine garantie quant à la sécurité des pesticides qui obtiennent l’homologation, mais le bât blesse lorsque l’on apprend que toutes ces études toxicologiques sont menées non pas dans des laboratoires étatiques, mais par dans les laboratoires des firmes demandeuses de l’homologation, ce qui peut avoir des conséquences sur l’impartialité des résultats…
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Spoiler:
Le système d’homologation de l’EPA, a été partiellement discrédité à la fin des années 80 à la suite de plusieurs affaires d’études frauduleuses fournies par des laboratoires indépendants, notamment concernant des processus d’homologation de pesticides, dont le Roundup. Cependant les processus d’homologation européens des pesticides sont largement semblables à celui de l’EPA, notamment celui de la France. En effet tous ces Etats laissent au soin des producteurs de mener les études toxicologiques sur leur pesticide pour en soumettre les résultats aux autorités et obtenir l’homologation de leur produit. Lesdites données sont ensuite examinées par des experts de la commission d’homologation qui donnent leur avis sur le produit, bien souvent les études ne sont pas reprises et les « experts » se contentent de résumés , une faiblesse du système qui ouvre des possibilités de fraude.
De plus dans le cas du Roundup, une défaillance du système est à pointer car les tests de toxicologie du produit, réalisés par Monsanto, ont porté uniquement sur le principe actif de l’herbicide c’est-à-dire le glyphosate et non pas sur l’ensemble de la composition chimique du produit. Or chaque pesticide est constitué d’une « matière active » — dans le cas du Roundup, il s’agit du glyphosate — et de nombreux adjuvants, encore appelés « substances inertes », comme les solvants, dispersants, émulateurs et surfactants, dont le but est d’améliorer les propriétés physicochimiques et l’efficacité biologique des matières actives, et qui n’ont pas d’activité pesticide propre. C’est ainsi que les différents produits de la gamme Roundup sont constitués de 14,5 % à 75 % de sels de glyphosate, le reste de la formulation comptant une douzaine d’adjuvants principaux dont la composition est souvent gardée secrète. Le rôle de ces adjuvants est de permettre la pénétration du glyphosate dans la plante, comme le polyoxyéthylène (POEA), un détergent qui favorise la propagation des gouttelettes pulvérisées sur les feuilles . Le Roundup n’est donc pas seulement du glyphosate mais une composition chimique plus complexe, dont l’étude toxicologique n’a pas été réalisée et l’innocuité avérée. De fait une série d’études scientifiques récentes tendent à penser que le Roundup pourrait être un agent cancérigène pour l’Homme [1].
b. L’homologation du Roundup aux Etats-Unis, fraudes scientifiques et portes tournantes, les méthodes éprouvées de Monsanto.
Aux début des années 1980, les Industrial Bio-Test Labs (IBT) de Northbrook, dont l’un des dirigeants était le docteur Paul Wright, toxicologue chez Monsanto recruté pour superviser une étude sur les effets sanitaires du PCB, subit un procès retentissant pour manipulation d’études. Or IBT, était l’un des principaux laboratoires chargés de la réalisation des tests sur les pesticides pour le compte en vue de leur homologation. En fouillant dans les archives du laboratoire, les agents de l’EPA ont découvert que des dizaines d’études présentaient de « sérieuses déficiences et incorrections », pour reprendre le langage prudent de la maison. Ils ont notamment constaté une « falsification routinière des données », destinée à cacher un « nombre infini de morts chez les rats et souris » testés .
Parmi, les études biaisées se trouvaient trente tests conduits sur le glyphosate [2].
« Il est difficile de ne pas douter de l’intégrité scientifique de l’étude, notait ainsi en 1978 un toxicologue de l’EPA, notamment quand les chercheurs d’IBT expliquent qu’ils ont conduit un examen histologique des utérus prélevés sur des… lapins mâles [3].
Le résultat de toutes ces manipulations est que l’EPA a déclaré sains des pesticides dont la non toxicité n’a jamais été prouvée avec certitude et qui pourraient mettre en danger la santé des utilisateurs et des consommateurs. Toutes ces inquiétudes seront balayées d’un revers de la main par Linda Fisher, la Directrice adjointe de la Division des pesticides et des substances toxiques, qui déclare à la presse à propos de cette affaire : « Nous ne pensons pas qu’il y ait un problème environnemental ou sanitaire. Bien que ce ne soit que des allégations, nous allons prendre dès maintenant des mesures préventives. »
Après le scandale, l’EPA avait exigé que les tests incriminés soient « répétés », mais comme le soulignait en 1998 Caroline Cox dans le Journal of Pesticide Reform, cette « fraude jette une ombre sur tout le processus d’homologation des pesticides »[4]
Linda Fisher effectuera un travail si efficace qu’en 1995, après dix ans de service pour l’EPA, elle se verra offrir un poste au sein de Monsanto. Grâce au jeu des « portes tournantes », Mme Fisher est désormais à la tête du bureau de Monsanto à Washington, en charge du lobbying auprès des décideurs politiques. En 2001, Monsanto décide de la rendre à l’EPA, où elle occupera le siège d’Administrateur en Chef (« deputy administrator »), la plaçant en seconde position dans la hiérarchie de l’agence. Depuis 2004, Linda Fisher est vice-présidente de la compagnie chimique Dupont. Mme Fisher représente un parfait exemple de carrière basée sur les « chaises musicales » : une même personne occupe à tour de rôle le poste de régulateur public d’une activité industrielle et des postes dans le secteur privé concerné par ladite régulation. La loi américaine ne reconnait aucun conflit d’intérêt dans ce genre de comportement, largement institutionnalisé dans lepays. ________________________________________________________________ [1]Anneclaire J. DE ROOS et alii, « Integrative assessment of multiple pesticides as risk factors for non-Hodgkin’s lymphoma among men », Occupational Environmental Medecine, vol. 60, n° 9, 2005.
.Anneclaire J. DE ROOS et alii, « Cancer incidence among glyphosate-exposed pesticide applicators in the agricultural health study », Environmental Health Perspectives, vol. 113, 2005, p. 49-54. Julie MARC, Odile MULNER-LORILLON et Robert BELLE, « Glyphosate-based pesticides affect cell cycle regulation », Biology of the Cell, vol.96, 2004, p. 245-249. Julie MARC, Effets toxiques d’herbicides à base de glyphosate sur la régulation du cycle cellulaire et le développement précoce en utilisant l’embryon d’oursin, université de biologie de Rennes, 10 septembre 2004.
[2] EPA, Office of Pesticides and Toxic Substances, Summary of the IBT Review Program, Washington, juillet 1983.
[3] EPA, Data Validation. Memo from K. Locke, Toxicology Branch, to R. Taylor, Registration Branch, Washington, 9 août 1978
Les dangers du Roundup . a. Le Roundup, un possible agent cancérigène.
Les agences réglementaires continuent de classer les herbicides à base de glyphosate comme étant « non cancérigène pour l’homme », mais cette affirmation a récemment été remise en cause par une série d’études épidémiologiques. Une étude canadienne, publiée en 2001, montre que des hommes exposés au glyphosate plus de deux fois par an ont 50% de chance en plus de développer un lymphome non hodgkinien que des hommes jamais exposés[1]. Des résultats semblables ont été observés par l’équipe suédoise de Lennart Hardell, spécialiste de la dioxine, dans une étude publiée en 2002, qui comparait l’état de santé de 442 utilisateurs d’herbicides à base de glyphosate avec un groupe contrôle de 741 non utilisateurs[2]. Une hypothèse qui se confirme au travers d’une enquête épidémiologique menée sur des paysans du Midwest américain par le National Cancer Institute[3]. Par ailleurs, une étude épidémiologique menée dans les États de l’Iowa et de la Caroline du Nord, aux États-Unis, sur plus de 54 315 utilisateurs privés et professionnels de pesticides, suggère un lien entre l’utilisation de glyphosate et le myélome multiple[4].
En France, en 2000, le Professeur Robert Bellé, décide d’étudier les effets sanitaires des pesticides, et plus spécialement les effets du glyphosate sur le cycle cellulaire en utilisant la méthode protocolaire dite du « modèle de l’oursin ». La découverte du « modèle de l’oursin », capitale pour la compréhension des phases précoces de la cancérogenèse, a valu en 2001 le prix Nobel de physiologie et de médecine aux Britanniques T. Hunt et P. Nurse et à l’Américain L. Hartwell, pour avoir démontré que les effets mesurés sur une cellule d’oursin sont parfaitement transposables à l’homme. Le professeur Bellé découvre alors que le Roundup affecte la division cellulaire, non pas les mécanismes de la division elle-même, mais ceux qui la contrôlent. Pour résumer, les cellules en présence d’une solution de Roundup poursuivaient leur division, mais le mécanisme affecté était le processus naturel qui vise à contrôler et détruire les cellules contenant une aberration de l’ADN, ce qui arrive souvent dans leur reproduction. Pour ces raisons, le Roundup pourrait induire les premières étapes d’un cancer, car en échappant aux mécanismes de réparation, la cellule affectée d’une aberration va pouvoir se perpétuer et être l’origine d’un cancer trente ou quarante ans plus tard. POUR LIRE LA SUITE, CLIQUER SUR SPOILER
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Enfin sur ces conclusions, le Professeur Bellé ajoute : « nous avons également conduit l’expérience avec du glyphosate pur, c’est-à-dire sans les adjuvants qui constituent le Roundup, et nous n’avons pas constaté d’effets : c’est donc le Roundup lui-même qui est toxique et non son principe actif. Or, quand nous avons examiné les tests qui ont servi à l’homologation du Roundup, nous avons découvert avec surprise qu’ils avaient été conduits avec du glyphosate seul. En fait, le glyphosate pur n’a aucune fonction, même pas herbicide, puisque tout seul il ne parvient pas à pénétrer dans les cellules et donc à les affecter. C’est pourquoi je pense qu’il y a un vrai problème avec le processus d’homologation du Roundup et qu’il faudrait s’intéresser de plus près aux nombreux adjuvants qui le composent ainsi qu’à leur interaction [5]. » b. Le Roundup pourrait entraîner des troubles de la reproduction.
Parce qu’il est l’herbicide le plus utilisé au monde et présent jusque dans nos assiettes, le Roundup est devenu l’objet de nombreuses études scientifiques pour détecter d’éventuels effets nocifs sur la santé humaine sur le long terme. Une des premières découvertes est la possibilité d’un lien entre l’utilisation, ou l’exposition, au Roundup et des troubles de la reproduction, comme des fausses couches, des malformations ou des troubles hormonaux. De fait, une étude publiée par l’université de Carleton, portant sur des familles de paysans de l’Ontario, a révélé que l’usage de glyphosate dans les trois mois précédant la conception d’un enfant était associé à un risque accru de fausses couches tardives (entre la douzième et la dix-neuvième semaine)[6]. De même, un laboratoire de l’université Tech du Texas a établi que l’exposition au Roundup des cellules de Leydig, logées dans les testicules et qui jouent un rôle capital dans le fonctionnement de l’appareil génital masculin, réduisait de 94 % leur production d’hormones sexuelles[7]. Enfin, des chercheurs brésiliens ont constaté que des femelles de rats enceintes au moment de l’exposition au Roundup donnaient plus souvent naissance à des bébés atteints de malformations du squelette[8].
Une étude française réalisée par le Professeur Seralini [9] tend aussi à conclure que le Roundup serait un perturbateur endocrinien, provoquant une perturbation sur la « respiration de cellules » embryonnaires qui conditionne leur production d’hormones sexuelles, ce qui perturbe le bon développement du foetus. Le Professeur Seralini a cherché à alerter les autorités, mais ces avertissements sont rester lettre morte, ce qui l’amène à conclure que : « En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, il n’y a pas d’intérêt et donc pas d’argent pour que les laboratoires,conduisent des études épidémiologiques ou des contre-expertises scientifiques sur la toxicité des produits chimiques qui ont envahi notre quotidien. Pourtant, il me semble que du point de vue de la santé publique il y a une vraie urgence, car nos organismes sont devenus de véritables éponges à polluants[10]. » ________________________________________________________________ [1]Helen H. MCDUFFIE et alii, « Non-Hodgkin’s lymphoma and specific pesticide exposures in men : cross-Canada study of pesticides and health », Cancer Epidemiology Biomarkers and Prevention, vol. 10, novembre 2001, p. 1155-1163
[2]Lennart HARDELL, Michael ERIKSSON et Marie NORDSTRÖM, « Exposure to pesticides as risk factor for non-Hodgkin’s lymphoma and hairy cell leukaemia : pooled analysis of two Swedish case-control studies », Leukaemia and Lymphoma, vol. 43, 2002, p. 1043-1049
[3]Anneclaire J. DE ROOS et alii, « Integrative assessment of multiple pesticides as risk factors for non-Hodgkin’s lymphoma among men », Occupational Environmental Medecine, vol. 60, n° 9, 2005
[4]Anneclaire J. DE ROOS et alii, « Cancer incidence among glyphosate-exposed pesticide applicators in the agricultural health study », Environmental Health Perspectives, vol. 113, 2005, p. 49-54
[5] Le monde selon Monsanto, coédition La Découverte/Arte (2008) p103
[6]Tye E. ARBUCKLE, Zhiqiu LIN et Leslie S. MERY, « An exploratory analysis of the effect of pesticide exposure on the risk of spontaneous abortion in an Ontario farm population », Environmental Health Perspectives, vol. 109, 1er août 2001, p. 851-857
[7]Lance P. WALSH, « Roundup inhibits steroidogen-esis by disrupting steroidogenic acute regula tory (StAR) protein expression », Environmental Health Perspectives, vol. 108, 2004, p. 769-776
[8]Eliane DALLEGRAVE et alii, « The teratogenic potential of the herbicide glyphosate Roundup® in Wistar rats », Toxicology Letters, vol. 142, 2003, p. 45-52
[9]Gilles-Éric SÉRALINI et alii, « Differential effects of glyphosate and Roundup on human placental cells and aromatase », Environmental Health Perspectives, vol. 113, n° 6, 25 février 2005
[10]Le Monde selon Monsanto, Coéditions La Découverte/Arte (2008)
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Joss
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Le Roundup : un nouvel "agent orange" en Colombie ?
Le « Plan Colombie », mis en place à partir de juin 2000 avec le soutien du gouvernement de Bogota, est un programme qui vise à éradiquer les cultures de coca, qui approvisionnent le marché international de cocaïne et servent, en partie, à financer les mouvements de guérilla. Les épandages aériens de Roundup sont le principal moyen d’éradication et entre 2000 et 2006, on estime à près de 300 000 hectares aspergés, principalement dans les départements du Cauca, de Nariño et Putumayo. Les populations des ces départements sont également affectées par ce que certains appellent l’« agent orange de la Colombie ». Dans le seul département de Putumayo, où vivent plusieurs communautés indiennes, 300 000 personnes ont été intoxiquées.
La situation est si dramatique qu’en janvier 2002, une ONG états-unienne, Earthjustice Legal Defence Fund, a saisi la Commission des droits de l’homme et le Conseil économique et social de l’ONU. Dans son rapport, l’ONG dressait la liste de tous les maux qu’elle avait pu constater sur le terrain : « Troubles gastro-intestinaux (saignements sévères, nausées, vomissements), inflammation des testicules, fièvres élevées, vertiges, insuffisance respiratoire, irruptions cutanées et sévères irritations oculaires. Les épandages auraient aussi causé des fausses couches et des malformations à la naissance [1]. ». De plus, « les épandages ont détruit plus de 1 500 hectares de cultures alimentaires (manioc, maïs, bananes plantains, tomates, canne à sucre, prairies) et d’arbres fruitiers et provoqué la mort d’animaux (vaches et volailles). […] En résumé, la situation illustre clairement le lien entre environnement et droits de l’homme, car les épandages qui causent des dégâts sévères pour l’air, l’eau, la terre et la biodiversité, constituent une violation des droits de l’homme »[2]. ________________________________________________________________ [1]http://www.mindfully.org/Pesticide/2002/Roundup-Human-Rights24jan02.htm
[2] Earth Justice Legal Defence Fund, « Spraying toxic herbicides on rural Colombian and Ecuadorian communities », 15 janvier 2002
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Le glyphosate est toxique et le “ Roundup ” est encore plus mauvais.
De nouveaux résultats de recherches soulèvent des inquiétudes sérieuses quant à la sécurité liée à l’emploi de l’herbicide le plus généralement utilisé, spécialité commerciale « Roundup » dont la matière active est le glyphosate. Ces résultats devraient se traduire par des ondes de choc auprès des partisans des cultures de plantes génétiquement modifiées pour être tolérantes à cet herbicide. Ces cultures représentent maintenant 75% de toutes les plantes génétiquement modifiées et cultivées à travers le monde.
Mais le pire réside dans le fait que le Roundup, qui est la formulation commerciale la plus commune de cet herbicide, est bien plus toxique que la matière active elle-même qu’elle contient ; par ailleurs, le Roundup est fabriquée par le même géant des biotechnologies qui a créé les plantes génétiquement modifiées et tolérantes à cet herbicide [i.e. Monsanto]. La spécialité commerciale est une association de glyphosate avec d’autres produits chimiques comprenant un agent tensioactif mouillant (détergent), le polyoxyéthylèneamine qui favorise la dispersion des gouttelettes pulvérisées sur les feuilles des plantes. L’utilisation du « Roundup » a particulièrement augmenté dans les pays où l’on cultive des plantes génétiquement modifiées – et tolérantes à cet herbicide – qui ont été créées par Monsanto. POUR LIRE LA SUITE, CLIQUER SUR SPOILER
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Le glyphosate tue les plantes en inhibant une enzyme, la synthétase 5-énolpyruvyl-shikimate-3-phosphate (= EPSPS), laquelle est nécessaire pour la synthèse des acides aminés aromatiques tels que la phénylalanine, la tyrosine et le tryptophane ; ces acides aminés participent à la synthèse des vitamines et de beaucoup de métabolites secondaires tels que les folates , l’ ubiquinone et des naphthoquinones On a cru pendant longtemps que cet herbicide avait une action plutôt spécifique et qu’il était moins toxique que d’autres herbicides, parce que la voie biochimique du shikimate n’est pas présente chez les mammifères ni chez les humains. Cependant, le glyphosate agit en empêchant la liaison du phosphoénol pyruvate au niveau du site actif de l’enzyme, or le phosphoénol pyruvate est un métabolite central qui est présent dans tous les organismes vivants ; de ce fait, il présente la potentialité d’affecter d’autres voies métaboliques.
Ceci a été confirmé par beaucoup d’études portant sur la toxicité liée à cet herbicide ; ces travaux publiés ont été passés en revue dans le rapport intitulé « The Case for a GM-free Sustainable World » qui a été diffusé par l’ISP (Independent Science Panel), un jury international pour une science indépendante [1].
Une étude épidémiologique conduite dans l’Ontario et portant sur des populations d’agriculteurs a prouvé que l’exposition de ceux-ci au glyphosate a presque doublé le risque des avortements spontanés tardifs[2]. Le Professeur Gilles-Eric Séralini et son équipe de recherche de l’université de Caen en France, ont de leur côté décider d’approfondir les effets de cet herbicide sur les cellules du placenta humain. Ils ont maintenant prouvé que le glyphosate est toxique pour les cellules placentaires humaines, tuant une grande proportion de celles-ci après 18 heures d’exposition à des concentrations inférieures à celles qui sont employées en agriculture [3]. De plus, le « Roundup » est toujours plus toxique que sa matière active, le glyphosate : sa toxicité est au moins le double. Cet effet augmente au cours du temps et il a été obtenu avec des concentrations de « Roundup » 10 fois plus faibles que celles utilisées dans les pratiques agricoles.
L’enzyme aromatase est un précurseur de la synthèse des oestrogènes (hormones femelles) à partir des androgènes (les hormones mâles). Le glyphosate interagit avec le site actif de l’enzyme mais son effet sur l’activité enzymatique s’est montré minimal, tout au moins tant que le « Roundup » n’était pas impliqué.
Mais il est intéressant de souligner que le « Roundup » a augmenté l’activité enzymatique après une heure d’incubation, probablement en raison de son effet d’agent tensioactif, en rendant le substrat des androgènes plus disponible pour l’enzyme. Mais après une l’incubation de 18h, le « Roundup » a invariablement inhibé l’activité enzymatique. L’inhibition étant associée à une diminution de la synthèse des ARN messagers, ce qui suggère que le « Roundup » diminue le taux de transcription de gène. Séralini et ses collègues suggèrent que d’autres ingrédients dans la formulation commerciale du « Roundup », augmentent la disponibilité ou l’accumulation du glyphosate dans les cellules.
Il y a, en effet, une évidence directe que le glyphosate inhibe la transcription de l’ARN chez les animaux à une concentration qui se situe bien au-dessous du niveau qui est recommandé pour l’application en pulvérisation de la spécialité commerciale. La transcription a été inhibée et le développement embryonnaire a été retardé chez des oursins après une exposition à de faibles concentrations de l’herbicide et/ou de l’agent tensioactif , le polyoxyéthylèneamine. On doit considérer ce pesticide comme pouvant présenter un risque pour la santé par inhalation lors d’une application par pulvérisation [4].
Une recherche récente a prouvé qu’une brève exposition au glyphosate commercial avait endommagé le foie chez des rats, comme indiqué par la dispersion des enzymes intracellulaires dans cet organe. Dans cette étude, le glyphosate et son agent tensioactif contenu dans la spécialité « Roundup » se sont également avérés agir en synergie pour augmenter les dommages au niveau du foie [5].
Trois études de cas récentes ont suggéré une association entre l’utilisation de glyphosate et le risque du lymphome non-hodgkinien [6][7][8]. Par ailleurs, une étude épidémiologique menée dans les états de l’Iowa et de la Caroline du Nord, aux Etats-Unis, qui comprend plus de 54.315 utilisateurs privés et applicateurs professionnels de pesticides, suggère un lien entre l’utilisation de glyphosate et le myélome multiple [9]. Le myélome a été associé aux agents qui causent soit des dommages au niveau de l’ADN, soit une suppression de l’immunité. Ces études n’ont pas fait de distinction entre la spécialité commerciale « Roundup » et la matière active, le glyphosate et il serait important que des recherches soient entreprises.
Source : Glyphosate toxic and “Roundup” worse . Mae-Wan-Ho et Joe Cummins. ISIS Press Release 07/03/2005 . [10] ________________________________________________________________ [1] The Case for a GM-Free Sustainable World, Chapter 7, ISIS & TWN, London & Penang, 2003
[2] Savitz DA, Arbuckle , Kaczor D, Curtis KM. Male pesticide exposure and pregnancy outcome. Am J Epidemiol 2000, 146, 1025-36
[3]Richard S, Moslemi S, Sipahutar H, Benachour N. and Seralini GE.Differential effects of glyphosate and roundup on human placental cells and aromatase.Environ Health Perspect. 2005 Jun ;113(6):716-20
[4]Marc J, Le Breton M, CormierP, Morales J, Belle´R and Mulner-Lorillo O. A glyphosate-based pesticide impinges on transcription. Toxicology and Applied Pharmacology 2005, 203, 1-8.
[5]Benedetti AL, de Lourdes Vituri C, Trentin AG, Dominguesc MAC and Alvarez-Silva M. The effects of sub-chronic exposure of Wistar rats to the herbicide Glyphosate-Biocarb. Toxicology Letters 2004, 153, 227–32
[6]De Roos AH, Zahm SH, Cantor KP, et al. Integrative assessment of multiple pesticides as risk factors for non-Hodgkin’s lymphoma among men. Occup Environ Med 2003, 60, E11 http://oem.bmjjournals.com/cgi/content/full/60/9/e11
[7]Hardell L, Eriksson M, Nordstrom M. Exposure to pesticides as risk factor for non-Hodgkin’s lymphoma and hairy cell leukemia : pooled analysis of two Swedish case-control studies. Leuk Lymphoma 2002, 43,1043–1049
[8]McDuffie HH, Pahwa P, McLaughlin JR, Spinelli JJ, Fincham S, Dosman JA, et al . 2001. Non-Hodgkin’s lymphoma and specific pesticide exposures in men : cross-Canada study of pesticides and health. 2001, Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2001,10,1155–63.
[9]De Roos AJ, Blair A, Rusiecki JA, Hoppin JA, Svec M, Dosemeci M, Sandler DP and Alavanja MC. Cancer incidence among glyphosate-exposed pesticide applicators in the agricultural health study. Environ Health Perspect 2005, 113, 49-54
[10]“The Institute of Science in Society” = ISIS, est une organisation basée à Londres, Grande Bretagne. Le site web est http://www.i-sis.org.uk
Joss
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Marie-Monique ROBIN : (Marie-Monique Robin est convaincue qu'un jour, le Round-Up Ready sera retiré du marché. Interdit, parce qu'on a trouvé qu'il n'était pas aussi sûr que l'entreprise américaine le prétend. Comme ce fut le cas pour les BPC ou la dioxine. )
des nouvelles du roundup
Un ami vient de m'apprendre que Monsanto faisait de la publicité pour le roundup sur TF1...
Je rappelle que, dans mon film, le Pr. Robert Bellé qui travaille à l'unité de recherche de Roscoff, pour le CNRS et l'Université Pierre et Marie Curie, explique que le roundup "provoque les premières étapes qui conduisent au cancer", mais que ses tutelles lui ont "demandé de ne pas communiquer, parce qu'il y a la question des OGM derrière".
Dernière édition par Joss le Lun 19 Mai 2008 - 19:01, édité 1 fois
Joss
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Par ailleurs, je rappelle que Monsanto a été condamné deux fois pour "publicité mensongère", à New York et à Lyon, car contrairement à ce que la firme a toujours assuré le roundup n'est pas "biodégradable" ni "respectueux de l'environnement", mais c'est un produit "écotoxique", pour reprendre les termes du jugement en première instance du tribunal de Lyon (cliquqer sur "extrait du jugement":
Je remets en ligne l'interview que j'avais réalisée du Pr. Gilles Eric Séralini, chercheur à l'université de Caen, qui dit que le "roundup est un tueur d'embryons".
Marie-Monique Robin est convaincue qu'un jour, le Round-Up Ready sera retiré du marché. Interdit, parce qu'on a trouvé qu'il n'était pas aussi sûr que l'entreprise américaine le prétend. Comme ce fut le cas pour les BPC ou la dioxine. height="368"> Dans une interview qu'il a donnée à Rue 89, il va encore plus loin:
Par ailleurs, je rappelle que Monsanto a été condamné deux fois pour "publicité mensongère", à New York et à Lyon, car contrairement à ce que la firme a toujours assuré le roundup n'est pas "biodégradable" ni "respectueux de l'environnement", mais c'est un produit "écotoxique", pour reprendre les termes du jugement en première instance du tribunal de Lyon (cliquqer sur "extrait du jugement":
Je remets en ligne l'interview que j'avais réalisée du Pr. Gilles Eric Séralini, chercheur à l'université de Caen, qui dit que le "roundup est un tueur d'embryons".
Marie-Monique Robin est convaincue qu'un jour, le Round-Up Ready sera retiré du marché. Interdit, parce qu'on a trouvé qu'il n'était pas aussi sûr que l'entreprise américaine le prétend. Comme ce fut le cas pour les BPC ou la dioxine.
Joss
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