Blaise PASCAL

Je l'accorderai en baissant la tête : ce parchemin, ce talisman [le Mémorial de 1654], nous ne risquons pas de retrouver le pareil dans la doublure des redingotes professorales des philosophes venus après Pascal. Presque tous d'ailleurs ont refusé à Pascal l'honneur d'être l'un d'eux. Pascal à leurs yeux n'est pas un philosophe, pas plus qu'il n'est un théologien pour les docteurs en théologie. Eh bien ! je les approuve, je leur donne raison. Non, il ne ressemble pas aux philosophes, et selon Paul Valéry, il en est même le contraire cet homme qui croit que la vérité existe et qu'elle est Quelqu'un, qui a prétendu la connaître, qui a cherché à en persuader les autres, et qui ne l'a pas fait dans un langage obscur et qui exige une initiation, mais parlant un langage d'honnête homme et que tout honnête homme puisse entendre, le plus exact et le plus pur qui ait été parlé en France, et sans jamais quitter d'un pas la créature qu'il veut convaincre, telle, que l'ont pétrie la nature et la coutume. "Il voit supérieurement ce que voit n'importe qui ! » note Valéry avec dédain. Hé oui mais si c'était cela, le génie ?

Voilà le scandale de Pascal et qui fait pitié aux philosophes de profession. Il leur fait pitié mais il les scandalise aussi. Son crime, à leurs yeux, c'est d'avoir cherché à nous faire peur, de s'être complu à entretenir notre angoisse pour arriver à ses fins. Comme si cette angoisse n'était pas en chacun de nous ! Non, la conscience malheureuse, ce n'est pas Pascal qui la crée en nous, s'il est vrai qu'il en cherche la raison et qu'il nous en propose le remède. Lui- même fût-il plus anxieux qu'aucun de nous ? Pourquoi l'eût-il été ? Il savait était aimé, que telle goutte de sang avait été versée pour lui. Il a connu la certitude, la paix, la joie, la « délectation victorieuse de la grâce ».

(François Mauriac, Ce que je crois)

Mes souvenirs de Pascal sont assez lointains, mais je crois qu'il était un fin psychologue, lointain précurseur de l'existentialisme.

Je suis d'ailleurs déçu de lui pour deux raisons: 1) qu'il ait abandonné sa carrière scientifique à cause d'une religion dégénérée, le jansénisme; 2) qu'il n'ait pas terminé l'apologie de la religion chrétienne, dont les «Pensées» sont les notes préparatoires.

Il n'était pas janséniste, il a juste fréquenté la mouvance, avant qu'il y ait l'interdiction romaine. Il est mort avant les excès. Il a défendu certains aperçus théologiques sur la grâce, mais ce que les Jésuites disaient sur la grâce de l'autre côté était tellement idiot qu'il a réagi à leurs propos (voir Les Provinciales).

Oui mais Pascal ne croyait pas au libre arbitre.

C'est une caricature de Pascal que tu nous présentes là !

Si Pascal n'a pas fini son livre, c'est surtout parce qu'il est mort. Il ne faut pas lui en vouloir pour ça, il n'a pas fait exprès !

à Souricette: peut-être. Je n'ai pas lu les Provinciales, j'ai seulement lu une note sur ça.

Ah, ben, voilà ! Il faut s'adresser à l'auteur et pas à ses critiques !

Dominique écrit : Si Pascal n'a pas fini son livre, c'est surtout parce qu'il est mort. Il ne faut pas lui en vouloir pour ça, il n'a pas fait exprès !

:gnark: voilà qui est sage.