les poèmes de Jacques-pascal

par pacalou Ven 23 Nov 2007 - 21:54

je voudrais retourner
au ventre de ma mère
connaitre et réciter
la joie de ses entrailles
retentir doucement
du coup que bat son coeur
savoir enveloppé
mon être en sa douceur

VIIbre 2002

trois bancs dans l'ombre de l'été

j'aime ces lieux arrêtés

où des personnes ont passé
que des personnes ont quitté

comme pour mieux les habiter

juillet 1991

j'admirerai
dans l'onde calme et claire

la haine qui y flotte
et l'amour y sombrant

mon moi figé
dans sa gangue de verre

1996

le ciel pulvérisé
de ma naiveté
j'en sens le froid qui tombe
sur ma nudité

bords de l'eau
brodés d'aube

légers remous
de jolis mots

l'ombre de l'arbre
sur le mur

image
sombre épure

1993

tu as pavé ma voie
d'incertitude

tu as muré mon toit
de solitude

et embrumé mon âme
de questions

si maintenant mon âme
t'a trouvé
et s'est blottie
en toi

sors-moi de là

Nancy
XIIbre 1989

l'insensible rabot des siècles
passe trépas

morte bien morte résonnance

pierraille
pieuse foi

vendredi 27 IXbre 1987

je hais la nuit du crissement
râclant le sable infime

acerbe grain mon jour décline
les largesses sans bornes

des servitudes mornes

avril 1989

il m'arrive en cheminant

de marmonner des vers

et des vers dont le fruit

toujours chemine et fuit

Nancy 1989

c'était la mer
et c'est le sable
encor gorgé d'écume

épave au flanc percé
par où le vent s'enrhume

le jour va se lever
les vitres embuées
lorgnent dans le silence

un grondement lointain
comme une danse

VIIbre 1987

du plus lointain espace
aux temps plus élargis

la saine immensité
d'infinis insensés

l'herbe folle figée
au bord de l'eau-de-vie

les légendes suintées
par la brume des jours

la lune que le ciel
abandonnait aux nuits

1992

Jacques-Pascal

par Fée Violine Ven 23 Nov 2007 - 23:32

merci, Jacques-Pascal !
j'attends la suite !

par pacalou Dim 25 Nov 2007 - 21:32

le règne du matin s'épanouit sur la ville
le bleu du ciel est blanc
tous les rouges sont roses
et les murs repeints gris

dans la vapeur qui flotte
entre l'être et les choses
un visage ensommeillé
s'extrait d'un huis

Laxou
mars 1996

au jour fuyant dans la poussière
fine et dorée de sa lumière
sur les trottoirs et les murailles
elle a peint mon homme de paille

dans l'air impur des nuées grises
ma contrépreuve contréprise
qu'un simple faux-pas redressait
pâlit se floue et disparait

dans la nuit ombreuse dort-elle
ou dans quelle union se tient-elle
dans cette nuit de tous les sorts
l'ombre m'ensonge sans remords

Nancy
1998
XIbre 2004

par pacalou Lun 26 Nov 2007 - 22:21

Paris petit matin
un trente et un janvier

martèlement de pas
effluves des marchés
courants d'air
petit vent frais

repas pris sur le pouce
ou sur un coin
de table ronde

monuments entrevus
plongée dans la cohue
du Métro et remontée
vers la rumeur des rues

Paris
février 1996

jamais
je ne m'étais tant savonné
mais
elle n'est pas venue

je m'en brosse

janvier 1989

fondements lézardés
façades affaissées
fuite perdue gargouilles
hors de vos saintes pierres

Paris
avril 1995

tout en lui dit
moi je suis beau-
coup plus qu'un âne

tout elle dit
qu'un monde va-
gabonde ainsi

tout en lui dit
je vais vaga-
bondir aussi

tout en eux dit
qu'un matin trou
va tendre soir

3/4 février 1987

par Cécile Mer 28 Nov 2007 - 16:12

Paris petit matin
un trente et un janvier

martèlement de pas
effluves des marchés
courants d'air
petit vent frais

repas pris sur le pouce
ou sur un coin
de table ronde

monuments entrevus
plongée dans la cohue
du Métro et remontée
vers la rumeur des rues

J'aime beaucoup...

par pacalou Jeu 29 Nov 2007 - 21:30

Merci, Cecile...

par pacalou Jeu 29 Nov 2007 - 21:58

rose rose violée
l'eau pleuvant
perle aux lèvres des pétales
la rose saoule étale
ses charmes gorgés
de sanglots

VIIbre 1986

Les nuées de plomb ont trainé tout le jour

leurs opacités sombres et leurs trombes d'eau

leur uniforme gris s'épuise et s'effiloche

et d'ultimes lueurs en teintent les lambeaux

janvier 1998

elle est ma dame
dame d'allure
dame aux yeux mûrs
dame d'humeur
dame de piques
dame de coeur
d'âme et de corps
ma dame en or

ma dame en noir
da'manigances
son nez-minence
mad'amoureuse
madam'usante
mada'muse

la dame oiseau
damas-culine
la dame-oiselle
mada'mamelles
mada'matrice
madame Elle
et ma miss
mise scène
rame-dame

février 1989

les pas résonnent sur la dalle froide et grise
une raie de lumière un froissement de jupe

et la porte refermée sourdement

dehors le vent et la neige et la glace
elle y laisse des traces

de printemps

Thionville, église saint Maximin
1985

pas après pas maussades
feuilles mouillées du crépuscule
où le vent fuit

le pont si long
sur ses arches s'allonge
et des tourbillons d'eaux

dans les clochers enracinés au ciel
les cloches se sont tues

Tours
IXbre 1994

le temps pourri pourrit les roses
et l'amertume que j'éprouve
il ne pleut pas dans l'amertume
fière fleur close

IXbre 1987

par Joss Ven 30 Nov 2007 - 19:31

rose rose violée
l'eau pleuvant
perle aux lèvres des pétales
la rose saoule étale
ses charmes gorgés
de sanglots

VIIbre 1986

J'aime beaucoup celui-ci Wink

par Fée Violine Mar 4 Déc 2007 - 23:06

(Pacalou, depuis le temps que je voulais mettre des images sur vos poèmes ! Je viens de les relire, et ce n'est pas facile de les illustrer, ce qui est bon signe. Il y en a quand même quelques-uns qui sont plus descriptifs)

*************************************************************

rose rose violée
l'eau pleuvant
perle aux lèvres des pétales
la rose saoule étale
ses charmes gorgés
de sanglots

VIIbre 1986

par Fée Violine Mar 4 Déc 2007 - 23:13

Les nuées de plomb ont trainé tout le jour

leurs opacités sombres et leurs trombes d'eau

leur uniforme gris s'épuise et s'effiloche

et d'ultimes lueurs en teintent les lambeaux

janvier 1998

par pacalou Mer 5 Déc 2007 - 8:03

J'aime bien votre rose, Dominique; elle est parfaite; les roses sur le déclin, douloureuses, comme celle-ci sont infiniment émouvantes;
votre ciel aussi; parfaite illustration!

Je vous met la suite en ligne tantôt; je ne vous oublie pas... :shame: :

par Fée Violine Mer 5 Déc 2007 - 16:41

là j'ai pris deux cas faciles, mes images font double emploi avec les textes. Ce que je voudrais, c'est trouver des images qui expriment plutôt l'ambiance de vos poèmes, je voudrais que le lien entre l'image et le texte soit en lui-même une oeuvre d'art. Mais là, c'est plus difficile !
Ce qu'il y a aussi, c'est que mon stock d'images est limité. Je vais chercher parmi les photos que font mes enfants.

On pourrait faire aussi l'inverse : vous pourriez écrire des poèmes à partir d'une image ?

par pacalou Mer 5 Déc 2007 - 20:29

Dominique a écrit:

On pourrait faire aussi l'inverse : vous pourriez écrire des poèmes à partir d'une image ?

Vais y réfléchir; pas évident;
je n'ai jamais compris d'où venaient mes poèmes... il y a de nombreuses façons de les composer, mais c'est comme s'ils existaient depuis tjrs

Les vers viennent ou viennent pas; sert à rien de tirer les vers du nez;
vous me comprenez n'est-ce pas?

par pacalou Mer 5 Déc 2007 - 22:22

automne

plus ni matin ni soir
les matinées plus courtes
les soirées plus précoces

midi
se rétrécit
la nuit
est une fosse

dont jours après journées
s'extraient
plus longuement

VIIIbre 1992

souffle le vent
tu es si froid
si insistant

souffle la peine
qu'importe un souffle
dans la plaine

souffle le gris
et sous ton aile
traîne la nuit

mais encor quelques pas
souffle le vent
accompagne-moi

Manom
mars 1988

rumeur du jour naissant

sifflement des oiseaux

coassements

sur les eaux

un train se perd

au loin

juin 2007

juste un mot pour te dire
mais pourquoi donc l'écrire
si dire est de raison
si dire est ton désir

déjà tant est perdu
je ne sais plus que dire
comme si de le dire
enlevait quelque chose
à ce déjà perdu

alors encor un mot
que je t'envoie
si tu veux bien
qu'il ne t'apporte rien

à G.
11 VIIIbre 2000

par Fée Violine Mer 5 Déc 2007 - 22:56

pacalou a écrit:
Dominique a écrit:

On pourrait faire aussi l'inverse : vous pourriez écrire des poèmes à partir d'une image ?

Vais y réfléchir; pas évident;
je n'ai jamais compris d'où venaient mes poèmes... il y a de nombreuses façons de les composer, mais c'est comme s'ils existaient depuis tjrs

Les vers viennent ou viennent pas; sert à rien de tirer les vers du nez;
vous me comprenez n'est-ce pas?

oui ! je comprends que j'ai dit une bêtise !
et que vous êtes un vrai poète !

par Fée Violine Mer 5 Déc 2007 - 23:38

jamais
je ne m'étais tant savonné
mais
elle n'est pas venue

je m'en brosse

janvier 1989

par Fée Violine Mer 5 Déc 2007 - 23:45

souffle le vent
tu es si froid
si insistant

souffle la peine
qu'importe un souffle
dans la plaine

souffle le gris
et sous ton aile
traîne la nuit

mais encor quelques pas
souffle le vent
accompagne-moi

Manom
mars 1988

par Fée Violine Mer 5 Déc 2007 - 23:53

du plus lointain espace
aux temps plus élargis

la saine immensité
d'infinis insensés

l'herbe folle figée
au bord de l'eau-de-vie

les légendes suintées
par la brume des jours

la lune que le ciel
abandonnait aux nuits
1992

par pacalou Jeu 6 Déc 2007 - 7:55

[quote="Dominique]

oui ! je comprends que j'ai dit une bêtise !

oui et non! oui parce que ça ne vient pas sur commande; non, parce qu'il faut bien aussi parfois titiller la muse...

et que vous êtes un vrai poète !

[/quote]
OH? :oops: :afraid:

par pacalou Jeu 6 Déc 2007 - 8:03

Dominique a écrit:
jamais
je ne m'étais tant savonné
mais
elle n'est pas venue

je m'en brosse

janvier 1989

Ca, c'est audacieux comme illustration; j'aurais jamais osé, je crois, ni su quoi mettre; pourquoi pas?

par Fée Violine Jeu 6 Déc 2007 - 8:51

j'ai mis cette image parce qu'elle a un rapport avec le sujet : une personne à sa toilette. Elle n'est pas platement illustrative, puisque c'est une jeune fille et que le poème est au masculin (mais de toute façon je n'avais que celle-là !), donc c'est plutôt une évocation qu'une illustration. Et puis, elle a quelque chose de léger et d'humoristique, comme le poème.

Je suis assez contente de celle que j'ai mise pour "Du plus lointain espace". Elle s'intitule "Paysage magique", c'est une photo de ma maison de campagne au clair de lune. Je trouve que le poème lui va très bien !

Depuis hier soir, j'ai réfléchi à d'autres associations...

par Fée Violine Jeu 6 Déc 2007 - 9:04

je voudrais retourner
au ventre de ma mère
connaitre et réciter
la joie de ses entrailles
retentir doucement
du coup que bat son coeur
savoir enveloppé
mon être en sa douceur

VIIbre 2002

par pacalou Jeu 6 Déc 2007 - 9:06

Dominique a écrit:j'ai mis cette image parce qu'elle a un rapport avec le sujet : une personne à sa toilette. Elle n'est pas platement illustrative, puisque c'est une jeune fille et que le poème est au masculin (mais de toute façon je n'avais que celle-là !), donc c'est plutôt une évocation qu'une illustration. Et puis, elle a quelque chose de léger et d'humoristique, comme le poème.

Absolument; c'est juste un clin d'oeil

Je suis assez contente de celle que j'ai mise pour "Du plus lointain espace". Elle s'intitule "Paysage magique", c'est une photo de ma maison de campagne au clair de lune. Je trouve que le poème lui va très bien !

Cest votre maison? Je comprend que les vers vs plaisent; vs habitez ds un lieu ouvert à ts les horizons...

Depuis hier soir, j'ai réfléchi à d'autres associations...

par pacalou Jeu 6 Déc 2007 - 9:09

Dominique a écrit:
je voudrais retourner
au ventre de ma mère
connaitre et réciter
la joie de ses entrailles
retentir doucement
du coup que bat son coeur
savoir enveloppé
mon être en sa douceur

VIIbre 2002

Là c'est un peu le ventre de la terre, pas vrai? Mais la mère est notre première maison; : bravo

:

par Fée Violine Jeu 6 Déc 2007 - 9:12

il m'arrive en cheminant

de marmonner des vers

et des vers dont le fruit

toujours chemine et fuit

Nancy 1989

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