MARTHE ET MARIE


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Bac latin 2011

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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:20

Je dédie ce fil à mes sympathiques élèves Very Happy , mais tout le monde peut lire chapeau .
Peut-être mon travail pourra-t-il être utile à des profs de latin cherchant désespérément sur internet un commentaire tout fait sur un texte du programme, comme je le fais moi-même souvent!
Peut-être même y aura-t-il des gens qui me liront juste pour le plaisir! drunken

Le programme 2011 de l'option facultative de latin comprend une oeuvre (L'Art d'aimer, d'Ovide), et trois thèmes assez vastes : questions scientifiques, philosophiques et historiques.

Avec mes élèves, nous avons fait les trois premiers groupements de textes. Il nous reste à voir le dernier, sur l'histoire. Ce sera sur la figure du héros guerrier, avec un texte de Tite-Live sur les 306 Fabius, et un portrait de Vercingétorix par Jules César. Et peut-être, si nous avons le temps et s'ils ont le courage, un passage de la fin de l'Énéide (le duel Énée/Turnus).
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:31

D'abord une citation pertinente (dont j'ignore l'auteur) : "Il vaut mieux un bon vers d'Ovide qu'un mauvais verre d'eau plein..."

J'avais déjà parlé d'Ovide ici: https://marthetmarie.1fr1.net/t1826-tristes-pontiques#23301

Présentation de l'oeuvre: http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Art_d'aimer

Déclamation d'un passage de l'Art d'aimer (avec l'accent allemand!) : https://www.youtube.com/watch?v=OjXZHiAuano

Texte 1 :Livre I, vers 415-434

Magna superstitio tibi sit natalis amicae:
Quaque aliquid dandum est, illa sit atra dies.
Cum bene vitaris, tamen auferet; invenit artem
Femina, qua cupidi carpat amantis opes. 420
Institor ad dominam veniet discinctus emacem,
Expediet merces teque sedente suas:
Quas illa, inspicias, sapere ut videare, rogabit:
Oscula deinde dabit; deinde rogabit, emas.
Hoc fore contentam multos iurabit in annos, 425
Nunc opus esse sibi, nunc bene dicet emi.
Si non esse domi, quos des, causabere nummos,
Littera poscetur ne didicisse iuvet.
Quid, quasi natali cum poscit munera libo,
Et, quotiens opus est, nascitur illa, sibi? 430
Quid, cum mendaci damno maestissima plorat,
Elapsusque cava fingitur aure lapis?
Multa rogant utenda dari, data reddere nolunt:
Perdis, et in damno gratia nulla tuo.
Non mihi, sacrilegas meretricum ut persequar artes, 435
Cum totidem linguis sint satis ora decem.

Vocabulaire

Natalis (s.e. dies) : l’anniversaire (litt. jour de naissance)
Ater, atra, atrum : noir (=> français : âtre, atroce)
Dies, comme ici, est parfois féminin
Qua (v 416) : complément de temps
Cum (v 417) : a ici un sens de concession
Vitare : éviter
Tamen : pourtant
Auferre : emporter (ab, fero)
Ars, artis, f : l’art, la technique
Invenire : trouver (=> français : inventer)
Carpo, is, ere, psi, ptum : cueillir (cf grec karpos, fruit)
Ops, opis, f : la ressource ; généralement au pluriel : opes, opum : les ressources, les moyens
Amantis est ici un nom
Cupidus, a, um : ici : épris, passionné (cf cupido, le désir. Cupere, désirer)
Institor, oris, m : le colporteur
Discinctus : litt. qui a la ceinture défaite, donc ici : sans gêne, débraillé. < cingo, is, ere, xi, ctum : ceindre (=> français : enceinte = sans ceinture ; une enceinte = ce qui entoure ; succinct = raccourci, en parlant d’un discours par exemple, du latin succinctus, celui qui remonte sa tunique dans sa ceinture pour travailler plus à l’aise)
Emax, cis : acheteur, -euse (le suffixe –ax est péjoratif)
Expedio, is, ire, ivi/ii, itum : ici : déployer
Merx, cis, f : la marchandise (=> français : marché, marchand, merci, mercenaire, commerce)
Sedeo, es, ere : être assis
Rogare : demander (=> français : interroger, fête des Rogations, commission rogatoire, dérogation)
Emo, is, ere : acheter (=> français: rédemption, préemption)
Inspicio, is, ere : examiner
Sapio, is, ere : avoir du goût (=> français : savoir, saveur, sapidité, insipide)
Videor, eris, eri : sembler
Osculum, i, n : le baiser (diminutif de os, oris : la bouche)
Opus est sibi : elle a besoin
Nummus, i : la pièce de monnaie
Causari : prétexter (donner une cause)
Si est suivi du futur ou du futur antérieur
Posco, is, ere : réclamer
Ne : de sorte que… ne pas
Quid : que sera-ce ?
Quasi : ici : prétendu
Munus, eris, n : le cadeau
Libum, i, n : le gâteau
Quotiens : chaque fois que
Nascor, nasceris, nasci, natus sum : naître
Mendax, acis : mensonger (suffixe –ax : voir emax)
Damnum, i, n : la perte, le dommage
Maestus, a, um : triste
Elabor, eris, bi, psus sum : glisser, tomber
Cavus, a um : creux
Auris, is, f : l’oreille (cava auris = ici : le creux de l’oreille)
Fingo, is, ere, finxi, fictum : façonner, forger, imaginer (=> français : fictif, fiction)
Lapis, is, m : la pierre (ici : pierre précieuse) (=> français : lapider, lapidaire, lapis-lazuli)
Nolo : ne pas vouloir
Gratia, ae, f : la reconnaissance
Meretrix, icis, f : la prostituée (de mereo, mériter, gagner. Donc litt. « la gagneuse »)
Persequor, sequeris, sequi, secutus sum : poursuivre, parcourir, ici : énumérer
Totidem : autant de
Sacrilegus, a, um : sacrilège, impie, abominable
Satis : assez



Dernière édition par Fée Violine le Jeu 26 Mai 2011 - 18:08, édité 6 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:32

natalis amicae tibi sit magna superstitio: Que l'anniversaire de ton amie t'inspire une sainte horreur,
Quaque aliquid dandum est, illa sit atra dies : et que [le jour] où il faut donner quelque chose soit un jour noir.
Cum bene vitaris, tamen auferet : Même si tu évites bien, elle [t’]arrachera [quelque chose].
Femina invenit artem : La femme a trouvé l’art
qua cupidi carpat amantis opes : de récolter (litt. par lequel elle puisse récolter) l'argent d'un amant passionné.
Institor discinctus veniet ad dominam emacem : Un colporteur sans gêne viendra chez ton amie, toujours prête à acheter,
teque sedente expediet merces suas: et devant toi qui es assis, il déballera ses marchandises
Quas illa rogabit inspicias, ut videare sapere: qu’elle te priera d’examiner, pour que tu sembles avoir bon goût (pour montrer ton bon goût),
Oscula deinde dabit : puis elle te donnera des baisers;
deinde rogabit, emas : puis elle te demandera d’acheter.
Jurabit fore contentam hoc in multos annos : elle jurera qu’elle se contentera de cela pour des années;
dicet nunc opus esse sibi : elle dira que c’est maintenant qu’elle en a besoin,
nunc bene emi : que maintenant c’est un bon achat.
Si causabere non esse domi nummos quos des : si tu allègues que tu n'as pas sur toi d’argent liquide que tu puisses donner,
Littera poscetur, ne didicisse iuvet : elle te demandera un billet, de sorte que tu regrettes de savoir écrire.
Quid, cum poscit munera quasi natali libo : que [sera-ce] quand elle réclame des cadeaux avec un prétendu gâteau d’anniversaire,
Et nascitur illa quotiens opus est sibi ? : et naît chaque fois qu’elle en a besoin !
Quid, cum mendaci damno maestissima plorat : Que [sera-ce] quand, très triste d'une perte mensongère, elle pleure,
Elapsusque cava fingitur aure lapis? et feint qu’une pierre est tombée du creux de son oreille (litt. et qu’une pierre tombée de l’oreille creuse est feinte)!
rogant multa utenda dari : Elles demandent que beaucoup de choses soient prêtées (litt. données pour être utilisées);
data reddere nolunt [mais] elles ne veulent pas rendre les choses données.
Perdis, et in damno tuo gratia nulla : Tu fais une perte, et dans ton dommage [elle n’a] nulle gratitude.
ut persequar artes sacrilegas meretricum: Pour énumérer les abominables artifices des courtisanes,
ora decem cum totidem linguis non mihi sint satis : dix bouches avec autant de langues ne me suffiraient pas.


Dernière édition par Fée Violine le Jeu 26 Mai 2011 - 17:14, édité 2 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:33

Ovide donne des conseils pour draguer : où trouver des femmes, comment les séduire, et notamment les diverses circonstances où il convient de faire des cadeaux à la belle pour lui plaire. Dans cet extrait, il met en garde le lecteur contre les femmes intéressées. Les femmes dont il est question dans cette œuvre ne sont ni les femmes mariées, ni les jeunes filles de bonne famille, mais de jeunes courtisanes cherchant à se faire entretenir.

Plan:
415-418: conseils
419-428: exemple, le colporteur
429-432: deux autres exemples
433-435: considérations sur les femmes

Ce texte est une suite de petites scènes de comédie, présentées de façon très vivante, une satire pleine d’humour et de fine observation psychologique.
La jeune femme est décrite comme habile à soutirer de l’argent à son amant (cum bene vitaris, tamen auferet ; invenit artem femina qua carpat opes) ; ayant la passion d’acheter (emacem) ; hypocrite (sapere ut videas ; maestissima plorat ; oscula dabit) ; menteuse (fore contentam multos in annos ; quotiens opus est nascitur illa ; mendaci damno ; elapsus fingitur lapis) ; malhonnête (multa rogant dari, data reddere nolunt) ; ingrate (in damno gratia nulla tuo) ; bref, c’est une prostituée (meretricum).
D’ailleurs l’homme aussi est dépeint comme un être ridicule : il est à la fois le radin qui essaie de conquérir la fille en dépensant le moins possible, prétendant avoir oublié son argent liquide ; et le naïf qui, malgré sa méfiance, se fait avoir.

Le poète conclut ce portrait avec des hyperboles assez violentes (les deux derniers vers) mais on sent que c’est encore de l’humour, que tout cela n’est pas à prendre au sérieux, que ces défauts font partie de l’ordre des choses.
Le style est varié : maximes, dialogues, descriptions, adresses au lecteur, intervention de l'auteur (433-434), récit au futur (le colporteur) suivi de scènes au présent (le faux anniversaire, la boucle d'oreille).
Des antithèses : superstitio, atra dies/natalis amicae, dandum; quotiens opus est nascitur sibi; les vers 431 et 432.
Des anaphores : nunc (424), quid cum (427, 429).
Des images : l’amour est comparé à la religion (superstitio, atra dies, jurabit, sacrilegas), à l’agriculture (carpat). L’amour est une sorte de religion pour le soupirant, prêt à tout pour satisfaire ses passions en oubliant la dignité du citoyen romain. Cette connotation religieuse, ainsi que la légèreté et la gaieté avec lesquelles Ovide évoque la situation, peuvent faire comprendre que l’Art d’aimer ait tant choqué l’empereur, qui essayait précisément de reconstruire la société après la guerre civile, de rétablir l'ordre moral, grâce à l’agriculture et à la religion.

L’Art d’aimer est écrit en distiques élégiaques, comme sont habituellement les poèmes d’amour, mais le ton n’est pas du tout élégiaque au sens habituel du terme.

Scansion : élisions aux vers 416, 421, 433
vers 422 "deinde" = deux syllabes (ei est ici une diphtongue)


Dernière édition par Fée Violine le Jeu 12 Mai 2011 - 21:50, édité 1 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:35

Livre 2, vers 1-20

Dicite 'io Paean!' et 'io' bis dicite 'Paean!'
Decidit in casses praeda petita meos;
Laetus amans donat viridi mea carmina palma,
Praelata Ascraeo Maeonioque seni.
Talis ab armiferis Priameius hospes Amyclis 5
Candida cum rapta conjuge vela dedit;
Talis erat qui te curru victore ferebat,
Vecta peregrinis Hippodamia rotis.
Quid properas, juvenis? mediis tua pinus in undis
Navigat, et longe quem peto portus abest. 10
Non satis est venisse tibi me vate puellam:
Arte mea capta est, arte tenenda mea est.
Nec minor est virtus, quam quaerere, parta tueri:
Casus inest illic; hoc erit artis opus.
Nunc mihi, siquando, puer et Cytherea, favete, 15
Nunc Erato, nam tu nomen amoris habes.
Magna paro, quas possit Amor remanere per artes,
Dicere, tam vasto pervagus orbe puer.
Et levis est, et habet geminas, quibus avolet, alas:
Difficile est illis imposuisse modum. 20

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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:36

Traduction
Dicite ‘io paean’, dites ‘io Péan’
Et 'io' bis dicite 'paean', et redites ‘io péan’!
Praeda petita cecidit in casses meos, la proie recherchée est tombée dans mes filets;
Laetus amans donat viridi palma carmina mea, l’amant joyeux gratifie d’une palme verte mes poèmes
Praelata ascraeo maeonioque seni, qu’il préfère à [ceux] du vieillard d’Ascra et de celui de Méonie.
Talis hospes Priameius, tel l’hôte fils de Priam
Ab armiferis Amyclis, partant de la belliqueuse Amyclée,
Dedit candida vela cum rapta conjuge, déploya ses voiles blanches en compagnie de l’épouse enlevée;
Talis erat qui te ferebat curru victore, tel était celui qui t’emportait sur son char vainqueur,
Hippodamia vecta peregrinis rotis, Hippodamie transportée par des roues étrangères.
Quid properas, juvenis ? Pourquoi te dépêches-tu, jeune homme ?
Tua pinus navigat in mediis undis, ton bateau (litt. ton pin) navigue au milieu des flots,
Et portus quem peto abest longe, et le port vers lequel je me dirige est loin.
Non satis est, il n’est pas suffisant
Puellam tibi venisse, qu’une jeune fille soit venue à toi
Me vate : grâce à mes vers (litt. moi [étant] poète).
Arte mea capta est, par mon art elle a été prise
Arte tenenda mea est, par mon art il faut la garder.
Tueri parta nec minor est virtus, garder ses acquis n’est pas un moindre talent
Quam quaerere, que les acquérir.
Casus inest illic, dans l’un il y a le hasard,
Hoc erit artis opus, l’autre sera une œuvre d’art.
Nunc siquando, puer et Cytherea, maintenant ou jamais, Vénus et toi son fils,
Mihi favete, aidez-moi,
Nunc Erato, et toi Erato,
Nam tu nomen amoris habes, car tu tiens ton nom du mot «amour » (Erôs) (litt. tu as le nom de l'amour).
Magna paro, je prépare de grandes choses :
Dicere per quas artes possit remanere amor, dire grâce à quelles techniques peut demeurer l’amour,
Puer tam pervagus vasto orbe, enfant si errant par le vaste monde (ou: errant par le si vaste monde)
Et levis est et habet geminas alas, et il est léger, et il a deux ailes
Quibus avolet, pour s’envoler (litt. avec lesquelles il puisse s'envoler):
Difficile est illis inposuisse modum, il est difficile de leur imposer une mesure.


Dernière édition par Fée Violine le Jeu 12 Mai 2011 - 22:01, édité 1 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:36

Scansion : élisions vers 4, 12 (2), 20 ; v15, le deuxième e de Cytherea est long (nom grec), de même que le e de Priameius (v5).

Beaucoup d'allusions mythologiques:
Hésiode (La Théogonie ; Les Travaux et les jours) et Homère (L’Iliade ; L’Odyssée), poètes grecs du 8ème s av JC.
Hésiode serait né à Ascra, en Béotie.
Homère (s’il a existé) serait né en Ionie ou en Lydie ou à Ithaque ou à Babylone ou…
La Méonie est le nom qu’Homère donne à la Lydie.

Hippodamie est la fille d'Œnomaos, roi de Pise en Élide (près d’Olympie)), qui a la passion des chevaux. Pélops est amoureux d'Hippodamie. Œnomaos, prévenu par un oracle qu'il sera tué par son gendre, impose au prétendant une course de char où il est sûr de gagner. Mais Pélops, protégé par Poséidon et aidé par Hippodamie, remporte l'épreuve. Il fonde alors les Jeux olympiques, en souvenir de cette victoire. Pélops et Hippodamie eurent beaucoup d’enfants. Elle fonda les Héraia (fêtes d'Héra).

Amyclées, ville près de Sparte. Le fils de Priam est Pâris, qui part en emmenant Hélène, épouse de son hôte, causant ainsi la guerre de Troie.

Cytherea, la déesse de Cythère = Aphrodite

Érato, muse de la poésie lyrique, et de la poésie amoureuse, car son nom vient effectivement du mot érôs.

Le péan : chant d’action de grâces en l’honneur d’Apollon, le dieu guérisseur; généralement accompagné de lyre ou de flûte, caractérisé par le cri iô paian en refrain.

Le livre I expliquait au lecteur comment trouver et séduire une femme. Le livre II, dont nous avons ici les premiers vers, va lui expliquer comment garder sa conquête. La légèreté du sujet contraste plaisamment avec le ton solennel emprunté par Ovide, qui n’hésite pas à parodier l’épopée, utilisant des références mythologiques et littéraires classiques, connues de tous :
de grands poètes : Hésiode, Homère ;
des dieux : Apollon (pour qui on chantait le péan), la Muse Érato, Aphrodite (déesse de Cythère) et son fils Érôs (l’Amour) ;
des mythes fondateurs : l’histoire de Pâris et Hélène, en lien avec la guerre de Troie ; celle de Pélops et Hippodamie, en lien avec les Jeux Olympiques et la légende des Atrides (sans oublier le ton épique, avec épithète homérique "armiferis Amyclis").
Bref, du sérieux, du classique ! De plus, juste après notre texte, Ovide racontera le mythe de Dédale et Icare. Le poète ose se comparer à ces grands poètes (v3-4) mais c'est juste une plaisanterie!

Plan:
1-8: alleluia! elle a dit oui!
9-14: en fait, le plus difficile reste à faire
15-20: invocation aux dieux de l'amour

Champ lexical de la conquête : in casses praeda petita, rapta, victore, capta, tenenda, quaerere, parta.
Champ lexical du voyage : vela dedit, curru ferebat, vecta peregrinis rotis, properas, pinus => abest, venisse, vasto pervagus orbe, avolet (moyens de transport : chars, bateau, ailes).
Tout le passage donne une impression de légèreté, jusque dans le rythme des vers où les dactyles abondent (p. ex. v5 et 10 : aucun spondée ; et peu dans les autres).
Le style lui-même est varié : impératifs (v1), joyeuses considérations psychologiques (avec métaphore de la chasse) entremêlées de comparaisons mythologiques, adresse au lecteur (v9), antithèses (v12-14), prières (v15-16), intervention de l’auteur (v17-18), généralités sur l’amour (avec métaphore de l’Amour ailé, qui a peut-être inspiré le fameux « L’amour est enfant de bohême, il n’a jamais jamais connu de loi » de l’opéra Carmen ), anaphores (talis, v5 et 7; arte mea, v12; nunc, v15-16), chiasme (v14: casus... illic; hoc...opus).


Dernière édition par Fée Violine le Jeu 12 Mai 2011 - 22:19, édité 6 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:38

Livre 3, vers 433-450

Sed vitate viros cultum formamque professos,
Quique suas ponunt in statione comas.
Quae vobis dicunt, dixerunt mille puellis: 435
Errat et in nulla sede moratur amor.
Femina quid faciat, cum sit vir levior ipsa,
Forsitan et plures possit habere viros?
Vix mihi credetis, sed credite: Troia maneret,
Praeceptis Priami si foret usa suis. 440
Sunt qui mendaci specie grassentur amoris,
Perque aditus talis lucra pudenda petant.
Nec coma vos fallat liquido nitidissima nardo,
Nec brevis in rugas lingula pressa suas:
Nec toga decipiat filo tenuissima, nec si 445
Anulus in digitis alter et alter erit.
Forsitan ex horum numero cultissimus ille
Fur sit, et uratur vestis amore tuae.
'Redde meum!' clamant spoliatae saepe puellae,
‘Redde meum !’ toto voce boante foro. 450

Vocabulaire

Vitare : éviter
Cultus, us, m : culture (au propre et au figuré), ici : parure
Forma, ae, f : beauté (> espagnol : hermoso)
Profiteor, eris, eri, professus sum : déclarer ouvertement, faire profession de (> français : profession de foi, professer une opinion, professeur ; même famille que : confession)
Coma, ae, f : chevelure (du grec komè, qui a donné « comète »)
Statio, onis, f : position, situation, état d’immobilité
Sedes, is, f : siège, séjour, habitation (> français : sédentaire)
Morari : s’attarder (> français : moratoire)
Levis, is, e : léger
Forsitan : peut-être
Plures : plus nombreux
Vix : à peine, avec peine
Praeceptum, i, n : ici : conseil
Foret = esset
Mendax, cis : mensonger
Species, iei, f : apparence (> français : espèce, spécial, spécieux)
Grassari : s’avancer, attaquer
Aditus, us, m (< verbe adire) : approche
Talis = tales (acc pluriel)
Lucrum, i, n : gain, profit (> français : lucre, lucratif)
Pudeo, es, ere, dui, ditum : avoir honte, causer de la honte, > adj verbal pudendus, a, um : honteux, litt. « dont on doit avoir honte » (> français : pudeur)
Fallo, is, ere, fefalli, falsum : tromper (> français : faux, fallacieux, falsifier)
Nitidus, a, um : brillant
Nardum, i, n : nard, parfum
Lingula, diminutif de lingua (langue), ici : fine ceinture
Premo, is, ere, pressi, pressum : appuyer, presser (> français : opprimer, réprimer, supprimer, comprimer, déprimer, imprimer)
Ruga, ae, f : ride, pli (de vêtement)
Decipio, is, ere, cepi, ceptum : tromper, abuser, décevoir
Tenuis, is, e : fin, ténu
Anulus, i, m : anneau
Cultus, a, um (< colo) : paré, élégant
Fur, is, m : voleur (> français : furtif)
Uro, is, ere, ussi, ustum : brûler (> français : combustion)
Boare : mugir, retentir




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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:39

Sed vitate viros professos cultum formamque: Mais évitez les hommes qui font étalage de leur parure et de leur beauté,
Quique ponunt in statione comas suas : et qui installent leurs cheveux bien à leur place.
Quae vobis dicunt, dixerunt mille puellis : Ce qu'ils vous disent, ils l'ont dit à mille filles,
Errat et in nulla sede moratur amor : leur amour vagabonde et ne se fixe nulle part.
quid faciat femina, cum sit vir levior ipsa : Que peut faire une femme, lorsqu'un homme est plus frivole qu'elle,
et forsitan possit habere plures viros? et que peut-être il a plus d'amants ?
Vix mihi credetis, sed credite: Vous aurez peine à me croire, mais croyez-moi :
Troia maneret, si praeceptis Priami foret usa suis : Troie existerait encore, si elle avait suivi les conseils de Priam (litt. utilisé les conseils de P. comme siens).
Sunt qui mendaci specie grassentur amoris : Il y en a qui s'insinuent avec l’apparence mensongère de l’amour,
Perque aditus talis (= tales) lucra pudenda petant : et qui, par cette voie, cherchent des profits honteux.
Nec vos fallat coma nitidissima liquido nardo : Que leur chevelure toute brillante de nard liquide ne vous trompe pas,
Nec brevis lingula pressa in rugas suas : ni l’étroite ceinture pressée sur les plis de leurs vêtements (litt. sur leurs plis),
Nec toga decipiat filo tenuissima : ni leur toge de l'étoffe la plus fine,
Nec si anulus alter et alter erit in digitis: ni les nombreux anneaux qui (litt. si un anneau et un autre) sont sur leurs doigts.
Forsitan ex horum numero cultissimus ille fur sit : Peut-être parmi eux le mieux paré est un voleur
et uratur vestis amore tuae : et il brûle d’amour pour tes vêtements (litt. est brûlé par l’amour de tes v).
'Redde meum!' clamant spoliatae saepe puellae : "Rends-moi mon bien ! " s'écrient souvent les filles spoliées;
‘Redde meum !’ voce boante toto foro : « rends-moi mon bien », crie [en écho] tout le forum.


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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:40

Les deux premières parties de l’Art d’aimer conseillent les hommes pour les aider à conquérir les femmes et à faire durer l’amour. La troisième partie s’adresse aux femmes, ce qui est assez audacieux pour l’époque : comment se faire belle, comment séduire… Dans cet extrait, Ovide leur explique quels genres d’hommes elles doivent éviter.
Nous avons ici le portrait de deux sortes d’hommes : les efféminés (434-439) frivoles et papillonnants ; les escrocs (442-451) qui ne séduisent la fille que pour la voler.
Entre les deux, une réflexion générale, avec une allusion mythologique comme Ovide aime en parsemer ses œuvres et qui a plutôt un effet comique par la disproportion des sujets (la guerre de Troie n’est guère à propos ici !)

Champ lexical de l’apparence :
Cultum, formam, professos, ponunt in statione comas, mendaci specie, coma liquido nitidissima nardo, brevis in rugas lingula pressa, toga filo tenuissima, anulus in digitis, cultissimus, et plus précisément, l’apparence trompeuse.

Champ lexical de la méfiance/tromperie :
Vitate, quae vobis etc., forsitan possit, vix mihi credite sed credite, mendaci specie, lucra pudenda petant, fallat, decipiat, forsitan, fur, spoliatae.

Les portraits sont vivants, Ovide connaît bien les mœurs de ses contemporains, et même des humains en général (les conseils qu’il donne ne sont pas démodés). Il connaît les faiblesses des hommes comme celles des femmes, il se moque également des deux. Car pour lui, l’amour est un jeu. La petite scène de comédie qui termine le passage (les filles criant au voleur et le forum qui fait écho) montre que tout cela n’est pas bien grave.

Antithèses : cultissimus/fur, uratur amore/vestis


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Bac latin 2011 Empty II Questions scientifiques. Cicéron

Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:46

Questions scientifiques : Des approches différentes

Introduction
Contrairement aux Grecs, les Romains n’ont pas fait progresser la science, mais ils s’y intéressaient et ont écrit beaucoup d’ouvrages de vulgarisation. Ils ont aussi brillé par leur sens pratique et leur technologie.
Les trois auteurs étudiés ont chacun une approche différente de la science.
Cicéron essaie d’établir une vision rationnelle de phénomènes souvent attribués à des causes surnaturelles.
Thomas d’Aquin, à propos d’un phénomène météorologique, départage la nature et la foi.
Celse décrit une technique.

Cicéron, De Divinatione (De la divination) II, 59

LIX 121 Totas noctes somniamus, neque ulla est fere, qua non dormiamus; et miramur aliquando id quod somniarimus evadere? Quid est tam incertum quam talorum iactus? Tamen nemo est quin saepe iactans Venerium iaciat aliquando, non numquam etiam iterum ac tertium. Num igitur, ut inepti, Veneris id impulsu fieri malumus quam casu dicere? Quodsi ceteris temporibus falsis visis credendum non est, non video quid praecipui somnus habeat, in quo valeant falsa pro veris. 122 Quodsi ita natura paratum esset ut ea dormientes agerent quae somniarent, adligandi omnes essent, qui cubitum irent; maiores enim quam ulli insani efficerent motus somniantes. Quodsi insanorum visis fides non est habenda, quia falsa sunt, cur credatur somniantium visis, quae multo etiam perturbatiora sunt, non intellego; an quod insani sua visa coniectori non narrant, narrant qui somniaverunt?
Quaero etiam, si velim scribere quid aut legere aut canere vel voce vel fidibus aut geometricum quiddam aut physicum aut dialecticum explicare, somniumne exspectandum sit, an ars adhibenda, sine qua nihil earum rerum nec fieri nec expediri potest. Atqui, ne si navigare quidem velim, ita gubernem, ut somniaverim; praesens enim poena sit. 123 Qui igitur convenit aegros a coniectore somniorum potius quam a medico petere medicinam? An Aesculapius, an Serapis potest nobis praescribere per somnum curationem valetudinis ?

Vocabulaire
Somniare : rêver
Fere : presque
Talus, i, m : l’osselet, le dé à jouer (avec 2 côtés ronds et 4 côtés marqués)
Quin : qui ne (+ subj)
Malo (= magis volo) : préférer
Praecipuus : particulier, spécial
Cubo, are, ui, itum : être couché
Perturbatus : désordonné (ici : incohérent)
An : ou est-ce que ? serait-ce ?
Conjector : l’interprète (de songes, de signes), le devin
Fides, ium, f : la lyre
Expedio, is, ere, ivi/ii, itum : préparer, arranger
Atqui : et pourtant
Qui est ici adverbe interrogatif (en quoi, comment)
Convenit : il convient
quidem : du moins, en tout cas ; ne quidem : pas même

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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:47

Totas noctes somniamus : nous rêvons pendant des nuits entières,
Neque ulla est fere : et il n’y en a presque aucune
Qua non dormiamus : où nous ne dormions pas.
Et miramur : et nous nous étonnons
Aliquando id quod somniarimus evadere : que parfois ce que nous avons rêvé arrive (litt. sorte) ?
Quid est tam incertum : Qu’y a-t-il de plus incertain
Quam talorum jactus : que le jet de dés ?
Tamen nemo est : pourtant il n’y a personne
Quin saepe jactans jaciat aliquando Venerium : qui, [les] jetant souvent, ne jette parfois le coup de Vénus,
Nonnumquam etiam iterum ac tertium : et parfois même une 2è et 3è fois.
Num igitur, ut inepti : Est-ce que donc, comme des idiots,
Malumus dicere : nous préférons dire
Id impulsu Veneris fieri : que c’est arrivé par l’impulsion de Vénus
Quam casu : plutôt que par hasard ?
Quodsi ceteris temporibus : Si (puisque) le reste du temps
falsis visis credendum non est, il ne faut pas croire aux fausses visions,
non video quid praecipui somnus habeat, je ne vois pas ce que le sommeil a de particulier
in quo valeant falsa pro veris. en quoi les choses fausses auraient la valeur des vraies.
Quodsi paratum esset natura : S’il avait été prévu (litt. préparé) par la nature
Ita ut dormientes : que (litt. de sorte que) les dormeurs
Agerent ea quae somniarent : fassent ce qu’ils rêvent,
Omnes essent adligandi : il faudrait attacher tous ceux
Qui cubitum irent : qui vont se coucher !
Somniantes enim efficerent majores motus : Car les rêveurs effectueraient de plus grands mouvements
Quam ulli insani : qu’aucuns fous.
Quodsi fides non est habenda : Et si confiance ne doit pas être faite
Insanorum visis : aux visions des fous,
Quia falsa sunt : parce qu’elles sont fausses,
Non intellego : je ne comprends pas
Cur credatur somniantium visis : pourquoi on croit aux visions des rêveurs,
Quae multo etiam pertubatiora sunt : qui sont encore bien plus incohérentes.
An quod insani non narrant sua visa conjectori : Est-ce parce que les fous ne racontent pas leurs visions à un interprète,
qui somniaverunt narrant: [alors que] ceux qui ont rêvé [les leur] racontent ?
Quaero etiam : Je demande aussi :
Si velim scribere quid : si je veux écrire quelque chose
aut legere aut canere vel voce vel fidibus : ou lire, ou chanter, ou jouer de la lyre (litt. chanter avec la voix ou avec la lyre),
aut explicare geometricum quiddam : ou expliquer quelque chose de géométrique,
aut physicum aut dialecticum : ou de physique ou de dialectique,
somniumne expectandum sit : faut-il attendre un rêve (litt. un rêve est-il à attendre)
an ars adhibenda : ou appliquer une technique (litt. ou une technique à appliquer)
sine qua nihil earum rerum : sans laquelle aucune de ces choses
potest nec fieri nec expediri : ne peut être faite ni être réalisée ?
Atqui, ne si navigare velim : Et pourtant, pas même si je voulais naviguer,
Ita gubernem ut somniaverim : je ne gouvernerais comme j’ai rêvé :
Praesens enim poena sit : car le châtiment serait [vite] présent !
Qui igitur convenit : Donc en quoi convient-il
Aegros petere medicinam : que les malades demandent des soins
A conjectore somniorum : à l’interprète de rêves
Potius quam a medico : plutôt qu’au médecin ?
An Aesculapius, an Serapis potest : Esculape, Sérapis peuvent-ils
Nobis praescribere per somnum : nous prescrire en rêve
Curationem valetudinis : la guérison ?



Dernière édition par Fée Violine le Lun 23 Mai 2011 - 17:28, édité 1 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 20:56

Cicéron (106-43 av JC), homme politique et orateur, a beaucoup écrit : discours, lettres, philosophie…
En une période de grands troubles politiques, Cicéron, retiré dans une de ses maisons de campagne et pressentant qu’il n’en a plus pour longtemps, écrit le De divinatione un peu comme un testament intellectuel, en disant franchement ce qu’il pense. Il sera assassiné peu après. Dans ce traité, il condamne de façon rationnelle et catégorique toutes les formes de divination. Non seulement cette attitude était rare dans l’Antiquité, mais de nos jours encore, si on cherche sur internet les références de cet ouvrage, on tombe sur des sites ésotériques qui, sans scrupules, citent Cicéron à l’appui de leurs superstitions ! Et d’une manière générale, beaucoup de journaux comportent des rubriques astrologiques, numérologiques… La rationalité (à ne pas confondre avec le rationalisme) a encore du travail.

Dans ce passage, Cicéron réfléchit sur l’interprétation des rêves. Bien sûr depuis Freud et Jung nous connaissons mieux les rêves, nous savons que ce phénomène vient du subconscient et joue un rôle psychologique important (notre psychisme utilise des éléments de la vie réelle). La neurologie nous apprend aussi que le rêve a une fonction vitale pour la santé (ainsi, un chat qu’on empêche de rêver meurt rapidement). Le rêve est influencé par le métabolisme (cauchemars après un repas trop lourd, par exemple). On ne peut donc plus, de nos jours, considérer le rêve comme une chose négligeable. Le rêve a une fonction symbolique, mais les symboles ne sont pas aussi universels que le pensent les « clés des songes ».

Mais Cicéron vise ici la croyance selon laquelle les rêves annoncent l’avenir. Les rêves prémonitoires existent peut-être, du moins beaucoup de gens témoignent en avoir fait, mais ils sont tout de même assez rares, et en tout cas ne sont pas du domaine de la science car ce n’est pas un phénomène reproductible.

L’œuvre se présente sous forme de dialogue entre Cicéron et son frère Quintus, ce qui explique le style vivant, familier, avec beaucoup de questions.
L’auteur donne aussi beaucoup d’exemples, qui rendent son propos facile à comprendre. De plus, ces exemples sont présentés avec humour et ridiculisent la croyance aux rêves prémonitoires.
L’auteur fait allusion à divers dieux : Vénus (dont un coup de dés porte le nom), Esculape et Sérapis (dieux guérisseurs), pour se moquer des croyances de ses contemporains. Sur la guérison par incubation (dormir dans le temple d'Esculape et recevoir ses conseils par rêve), voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Incubation

Les arguments :
- nous rêvons tous les jours, donc il n’est pas étonnant que sur la quantité, certains rêves se réalisent, selon la « loi des grands nombres » (Cicéron donne l’exemple du jeu de dés) ;
- l’illusion en dormant est encore moins fiable que l’illusion dans l’éveil ;
- on ne croit pas les fous, donc on doit croire encore moins les rêveurs ;
- les sciences et techniques nécessitent un effort d’acquisition, dans la vie réelle, pour être viables (navigation, médecine…)

Champ lexical de la vérité et de l’erreur :
Miramur, non video, malumus dicere, non intellego, quaero, incertum, casu
Inepti, insani, insanorum
Falsis visis, falsa/veris, falsa
Credendum, credatur, fides, ars
Conjectori, conjectore/medico

Mots logiques : tamen, igitur (2), enim (2), quia, cur.

Sur la loi des grands nombres: http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_des_grands_nombres
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Bac latin 2011 Empty Thomas d'Aquin

Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 21:00

Thomas d’Aquin (1225-1274), célèbre théologien d’origine italienne, écrivait et enseignait en latin. Parmi son immense œuvre, les Quodlibets sont un recueil de questions sur les sujets les plus divers, que les étudiants posaient au maître deux fois par an. Dans notre texte, qui date de 1270, la question est : « L’arc-en-ciel est-il le signe qu’il n’y aura plus de déluge ? »

Quodlibet III, q. 14 a. 1 tit. 1 Utrum arcus caelestis sit signum diluvii non futuri

Est autem considerandum, quod pluviarum causa efficiens quidem est sol, materialis vero vapor humidus elevatus ex terra et aquis per virtutem solis. Haec autem duo in triplici dispositione. Quandoque enim calor solis omnino supervincit vapores et exsiccat eos: et tunc pluviae sequi non possunt; unde in Aegypto et in terris multum calidis non sunt pluviae; in aestate etiam propter propinquitatem solis sunt pluviae rariores, in hieme vero frequentiores. Quandoque vero e contrario virtus solis ad hoc usque valet quod vapores multiplicat, sed tamen non potest eos desiccare: et tunc superabundant pluviae, et est ratio diluvii aquarum. Quandoque vero medio modo se habet: ut scilicet virtus solis non solum operetur ad elevationem vaporum, sed etiam habet victoriam super eos, ut non tantum multiplicentur quod diluvium inducere possint, neque etiam vapores omnino desiccentur ut pluvia non sequatur;
et ex hac media dispositione, vel comparatione solis ad vapores causatur iris, quae non apparet vaporibus omnino desiccatis, neque etiam eis omnino in aere superabundantibus. Et ideo iris est signum diluvii non futuri, in quantum procedit ex tali causa quae repugnat diluvio. Ideo autem Scriptura tali modo loquendi utitur, quia per iridem significatur Christus, per quem protegimur a spirituali diluvio.

Vocabulaire :
Utrum : si (dans une interrogative indirecte)
Arcus, us, m : l’arc
Diluvium, ii, n : le déluge
Quidem…vero : certes…mais
Virtus, utis, f : la vertu, la puissance
Triplex, icis : triple
Quandoque : parfois (q. répété = tantôt…tantôt)
Omnino : tout à fait
Pluvia, ae, f : la pluie
Unde : de là (l’endroit d’où on vient. Dans un raisonnement, indique la conséquence)
Calidus, a, um : chaud
Multum : beaucoup, très
Aestas, atis, f : l’été
Propinquitas, atis, f : la proximité
Hiems, mis, f : l’hiver
Usque ad : jusqu’à
Se habere est ici synonyme de esse
Modus, i, m : la manière, le mode
Scilicet : à savoir (ne se traduit pas nécessairement)
Operari : opérer, agir
Vapor, ris, m : la vapeur
Non solum…sed etiam : non seulement…mais encore
Non tantum…quod : pas au point que
Comparatio, onis, f : ici : le rapport
Aer, aeris, n : l’air
Iris, idis, f : l’arc-en-ciel (mot grec)
Repugnare : s’opposer

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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 21:01

Utrum arcus caelestis sit signum : [on demande] si l’arc-en-ciel est le signe
diluvii non futuri : qu’il n’y aura pas de déluge.

[Début du texte de Thomas, juste avant notre extrait:
Dans ce qui est dit dans l’Ancien Testament, il faut d’abord relever la vérité littérale. Mais comme l’Ancien Testament est la figure du Nouveau, souvent certaines choses sont proposées dans l’Ancien Testament de sorte que la manière même de parler indique qu’il s’agit de la figure de quelque chose.
Il faut donc dire que, parce qu’il y a beaucoup de causes des choses qui sont cachées et que les effets ne sont pas plus clairs, les effets sont exprimés en désignant les causes
]

Est considerandum : il faut considérer
Quod causa efficiens pluviarum est sol : que la cause efficiente des pluies est le soleil,
Materialis vero vapor humidus elevatus ex terra et aquis : et [la cause] matérielle, la vapeur humide qui s’élève de la terre et des eaux
Per virtutem solis : par la puissance du soleil.
Haec duo se possunt habere in triplici dispositione : ces deux choses peuvent se trouver dans une triple disposition.
Quandoque enim calor solis : en effet, parfois la chaleur du soleil
Omnino supervincit vapores et exsiccat eas : l’emporte totalement sur les vapeurs et les dessèche,
Et tunc pluviae non possunt sequi : et alors les pluies ne peuvent s’ensuivre ;
unde in Aegypto et in terris multum calidis non sunt pluviae : d’où, en Égypte et dans les pays très chauds, il n’y a pas de pluies,
in aestate etiam propter propinquitatem solis sunt pluviae rariores : et aussi en été, à cause de la proximité du soleil, les pluies sont plus rares,
in hieme vero frequentiores : mais en hiver [elles sont] plus fréquentes.
Quandoque vero e contrario virtus solis valet : parfois au contraire la puissance du soleil est forte
Usque ad hoc quod vapores multiplicat : au point de multiplier (litt. jusqu’au fait qu’elle multiplie) les vapeurs,
sed tamen non potest eos desiccare : mais elle ne peut les dessécher,
et tunc superabundant pluviae, et est ratio diluvii aquarum : et alors il y a une surabondance de pluies, et c’est la cause d’un déluge.
Quandoque vero medio modo se habet virtus solis : et parfois, la puissance du soleil est intermédiaire,
ut scilicet non solum operetur ad elevationem vaporum : de sorte qu’elle ne produit pas (litt. n’agit pas vers) seulement l’élévation de vapeurs,
sed etiam habet victoriam super eos : mais aussi elle a la victoire sur elles,
ut non multiplicentur tantum quod diluvium inducere possint : de sorte qu’elles ne se multiplient pas au point de pouvoir (litt. qu’elles puissent) entraîner un déluge,
neque etiam vapores omnino desiccentur; ou même au point que les vapeurs soient totalement desséchées
ut pluvia non sequatur : de sorte que la pluie ne s’ensuive pas.
et ex hac media dispositione, vel comparatione solis ad vapores : [c’est] par cette disposition ou ce rapport intermédiaire du soleil avec les vapeurs [que]
iris causatur : l’arc-en-ciel est causé,
quae non apparet vaporibus omnino desiccatis : qui n’apparaît pas lorsque les vapeurs sont totalement desséchées,
neque etiam eis omnino in aere superabundantibus : pas plus que lorsqu’elles surabondent dans l’air.
Et ideo iris est signum diluvii non futuri : c’est pourquoi l’arc-en-ciel est le signe qu’il n’y aura pas de déluge,
in quantum procedit ex tali causa quae repugnat diluvio : pour autant qu’il vient d’une cause telle qu’elle s’oppose au déluge.
Ideo autem Scriptura tali modo loquendi utitur : c’est pourquoi l’Écriture utilise une telle manière de parler,
quia per iridem significatur Christus : car par l’arc-en-ciel est signifié le Christ,
per quem protegimur a spirituali diluvio : par qui nous sommes protégés d’un déluge spirituel.


Dernière édition par Fée Violine le Jeu 26 Mai 2011 - 17:04, édité 3 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 21:04

Plan :
Description du phénomène
Réponse scientifique
Conclusion sur la signification

« L’arc-en-ciel est-il le signe qu’il n’y aura plus de déluge ? »
Thomas répond avec sérieux à cette question farfelue, qui fait allusion à un épisode de la Bible : après le Déluge, Dieu met un arc-en-ciel en signe d’alliance avec les survivants et déclare qu’il ne détruira plus l’humanité par un Déluge.
Thomas explique le mécanisme physique de ce phénomène météorologique, c’est-à-dire les différents rapports pouvant exister entre le soleil et l’humidité. S’il y a plus d’humidité, il pleut ; s’il y a plus de soleil, c’est la sécheresse ; s’il y a un peu des deux, on a un arc-en-ciel. L’explication est simple (ce qui n’est pas toujours le cas chez Thomas d’Aquin !), illustrée avec un exemple (l’Égypte et les pays chauds) pour rendre la démonstration plus claire. L’auteur se place uniquement au plan rationnel, scientifique, matériel.
Après son explication, il répond à la question posée : oui, l’arc-en-ciel annonce qu’il ne pleuvra pas, mais il s’agit de la pluie en général et non du Déluge.
Mais ensuite, il se place au plan de la foi en expliquant que l’arc-en-ciel est un symbole du Christ, c’est pourquoi la Bible emploie cette image. Sous-entendu, il ne faut pas prendre la Bible au pied de la lettre
Chez Thomas, science et foi coexistent sans se heurter, chacune à sa place.
Le style est simple, sans prétention littéraire. C’est un enseignant qui cherche avant tout à transmettre des connaissances et une méthode de réflexion.

Le latin du 13ème siècle est un peu différent du latin classique : l’infinitive est remplacée par une complétive introduite par quod, de même que dans la phrase française la complétive est introduite par que : est considerandum quod.
Le vocabulaire a aussi un peu changé, avec par exemple des verbes renforcés par le préfixe super (superabundare, supervincere).

La structure logique est solide. On note beaucoup de liens logiques, ce qui n’est pas étonnant pour un auteur si rationnel : autem (2), quidem…vero, enim, unde, etiam (2), vero (2) ; quandoque…quandoque vero e contrario… quandoque vero… ; sed tamen, et nunc, sed etiam ; non tantum… neque etiam ; et ideo, ideo autem, quia. Sans oublier les mots ratio, causa, causatur.

Cause efficiente et cause matérielle sont des termes de la philosophie aristotélicienne, reprise par la philosophie thomiste.
Pour Aristote, causes et effets sont simultanés. Pour tout phénomène il distingue quatre causes, qui agissent ensemble. Par exemple, pour une maison :
Cause matérielle : le bois, les pierres, les briques ;
Cause formelle : la disposition de ces matériaux, le plan ;
Cause efficiente (motrice) : l'architecte et les maçons ;
Cause finale : la fonction que cette maison est destinée à remplir.
Donc dans la genèse de la pluie, la vapeur et le soleil jouent chacun leur rôle.



Dernière édition par Fée Violine le Jeu 26 Mai 2011 - 16:59, édité 1 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 21:09

De Medicina, VII, 7, 14

Une opération délicate


Post haec in advorso collocandus est, loco lucido, lumine adverso, sic ut contra medicus paulo altius; a posteriore parte caput eius qui curabitur, minister contineat, ut inmobile id praestet: nam levi motu eripi acies in perpetuum potest. Quin etiam ipse oculus qui curabitur, inmobilior faciendus est, super alterum lana inposita. Tum acus admovenda est, sic acuta, ut foret, non nimium tenuis; eaque demittenda sed recta est per summas duas tunicas medio loco inter oculi nigrum et angulum tempori propiorem, e regione mediae suffusionis sic, ne qua vena laedatur. Neque tamen timide demittenda est, quia inani loco excipitur; ad quem cum ventum est, ne mediocriter quidem peritus falli potest, quia prementi nihil renititur. Ubi eo ventum est, inclinanda acus ad ipsam suffusionem leviterque ibi verti et paulatim eam deducere infra regionem pupillae debet; ubi deinde eam transit, vehementius inprimi, ut inferiori parti insidat. Si haesit, curatio expleta est: si subinde redit, eadem acu concidenda et in plures partes dissipanda est, quae singulae et facilius conduntur et minus late officiunt. Postea educenda recta acus est; inponendumque lana molli exceptum ovi album, et supra, quod inflammationem coerceat; atque ita devinciendum. Post haec opus est quiete, abstinentia, lenium medicamentorum inunctionibus; cibo, qui postero die satis mature datur, primum liquido, ne maxillae laborent;

Vocabulaire

Advertere : tourner vers
Collocare : placer
Lucidus : éclairé
Paulo : un peu
Minister, tri, m : serviteur
Praestare : procurer, faire
Levis : léger
Motus, us, m : mouvement
Eripere : arracher (ex, rapio)
Acies, ei, f : pointe => éclat du regard (c’est le sens ici) ou armée rangée en ligne de bataille
Quin etiam : bien plus (pour renforcer une affirmation)
Acus, us, f : aiguille
Tenuis : mince, ténu
Tempus, oris, n : la tempe
Suffusio : cataracte
Laedo, is, ere, si, sum : blesser
Inanis : vide
Excipere : recevoir
Peritus : habile
Fallere : tromper
Premere : appuyer
Renitor, eris, i, nisus sum : faire effort contre, résister
Paulatim : peu à peu
Vehementer : violemment
Haereo, es ere, si, sum : adhérer
Insidere : s’installer
Subinde : aussitôt après
Concidere : couper en morceaux
Condo : enfouir
Singuli : un par un
Officere (ob, facio) : faire obstacle
Coerceo, es, ere, cui, citum : enfermer, réprimer, contenir (> français coercition)
Opus est : il est besoin
Lenis : doux
Cibus, i, m : nourriture
Mature : tôt
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 21:10

In adverso collocandus est : [le malade] doit être installé en face,
Loco lucido, lumine adverso : dans un lieu éclairé, avec la lumière en face,
Sic ut medicus contra paulo altius : de sorte que le médecin [soit] en face, un peu plus haut ;
Minister contineat a posteriore parte : Qu’un serviteur maintienne par derrière
caput ejus qui curabitur : la tête du patient (litt. de celui qui sera soigné)
ut immobile id praestet : pour la rendre immobile :
Nam levi motu acies potest eripi in perpetuum : Car par un léger mouvement, la vision peut être arrachée pour toujours.
Quin etiam ipse oculus qui curabitur : Bien plus, l’œil malade (litt.qui sera soigné) lui-même
Immobilior faciendus est : doit être immobilisé (litt. rendu plus immobile),
Super alterum lana imposita : un lainage étant posé sur l’autre.
Tum acus admovenda est : Alors il faut approcher une aiguille
Sic acuta ut foret, non nimis tenuis : assez acérée pour percer, pas trop mince ;
eaque demittenda sed recta : et il faut l’enfoncer mais droite
per summas duas tunicas : à travers les deux tuniques extérieures (litt. supérieures)
medio loco inter oculi nigrum et angulum tempori propiorem : à l’endroit intermédiaire entre la pupille et l’angle [le] plus proche de la tempe,
e regione mediae suffusionis : au niveau du milieu de la cataracte
sic ne qua vena laedatur : de sorte qu’aucun vaisseau ne soit lésé.
Neque tamen timide demittenda est : et il ne faut pas l’enfoncer timidement,
Quia inani loco excipitur : car elle est reçue dans un endroit vide ;
Ad quem cum ventum est : quand on y est arrivé,
Ne mediocriter quidem peritus falli potest : même un moyennement doué ne peut se tromper,
Quia prementi nihil renititur : car rien ne résiste quand on appuie (litt. à celui qui appuie).
Ubi eo ventum est : Quand on est arrivé là,
Inclinanda acus ad ipsam suffusionem : il faut incliner l’aiguille vers la cataracte elle-même
Leniterque ibi vertendo : et là en la tournant doucement
debet paulatim eam deducere infra regionem pupillae : [le médecin] doit faire descendre peu à peu [la cataracte] sous la région de la pupille ;
deinde ubi eam transiit : ensuite quand [la cataracte] a traversé cette [région],
vehementius imprimi : elle [doit] être poussée plus fort
ut inferiori parte insidat : pour qu’elle s’installe dans la partie inférieure.
Si haesit, curatio expleta est : Si elle y reste, l’opération est terminée ;
Si subinde redit : si elle revient aussitôt,
Eadem acu concidenda : il faut la couper avec la même aiguille
Et in plures partes dissipanda est : et l’éparpiller en plusieurs morceaux,
Quae singulae et facilius conduntur : qui sont plus facilement enfouis un par un
Et minus late officiunt : et font moins largement obstacle.
Postea educenda recta acus est : Ensuite il faut sortir l’aiguille, droite,
Imponendumque lana molli exceptum ovi album : et poser sur [l’œil] du blanc d’œuf recueilli sur un lainage doux
Et supra, quod inflammationem coerceat : et par-dessus, ce qui peut combattre l’inflammation ;
Atque ita devinciendum : et il faut l’attacher ainsi.
Post haec opus est quiete, abstinentia, lenium medicamentorum inunctionibus : après cela, il y a besoin de repos, de diète, d’application de liniments doux,
Cibo, qui postero die satis mature datur : de nourriture, qui est donnée le lendemain au plus tôt,
Primum liquido, ne maxillae laborent : d’abord liquide, pour que les mâchoires ne travaillent pas.


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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 21:15

Sur l'auteur, la médecine antique et l'opération de la cataracte:

Aulus Cornelius Celsus, de bonne famille, né à Vérone?, auteur d’une vaste encyclopédie (disparue) sur l'agriculture, l'art militaire, la rhétorique, la philosophie, la jurisprudence et la médecine, vivait à Rome au temps de l'empereur Auguste (fin 1er s. av J/ début 1er s. ap JC).
Le traité De Medicina est la seule partie de son œuvre qui nous soit parvenue. C’est le premier ouvrage complet sur la médecine. Les livres 7 et 8 sont consacrés à la chirurgie, avec des descriptions claires et précises. On lui doit l'inventaire d'une cinquantaine d'instruments chirurgicaux. Celse a des connaissances en ophtalmologie. Il est le premier à avoir décrit l’opération de la cataracte.
La médecine romaine hérite directement de la médecine grecque, fortement influencée par la théorie des quatre humeurs et par les textes d’Hippocrate et de ses disciples. Le serment d'Hippocrate obligeait les médecins à donner l'exemple par une vie saine. Ils considéraient que la première cause des maladies était l'absence d'hygiène de vie. Caton l'Ancien considérait la médecine comme un signe de décadence, mais les médecins grecs finirent par s'imposer à Rome vers le 1er siècle.
Les médecins utilisaient des techniques variées utilisant différents instruments et pratiquaient aussi, comme les Grecs, des rituels religieux pour obtenir la guérison, car ils croyaient à l’origine surnaturelle de nombreuses maladies. La médecine était bien moins considérée à Rome qu'en Grèce, mais contrairement à la société grecque qui considérait que la santé était une affaire personnelle, le gouvernement romain encourageait l’amélioration de la santé publique (aqueducs pour amener l’eau dans les villes, bains publics, égouts…)
Les instruments étaient bouillis avant emploi. Les chirurgiens utilisaient des analgésiques comme la morphine, l’opium et la scopolamine. L’acide acétique était utilisé pour laver les plaies. On savait opérer certaines cataractes avec des aiguilles. On utilisait la traction pour remettre en place les os fracturés.
Opération de la cataracte chez les Romains (article en anglais): http://news.bbc.co.uk/2/hi/health/7194352.stm
Opération de la cataracte de nos jours :
Spoiler:

Nous avons ici un texte purement technique, sans aucun effet littéraire.
Les mots sont à prendre au sens littéral : adverso, imposita, demittenda, renititur, inclinanda, vertendo, deducere, transiit, imprimi, dissipanda, conduntur, officiunt, educenda, imponendum, sont des verbes de mouvement et d’action.

Grammaticalement, nous avons beaucoup de façons de donner des ordres :
beaucoup d'adjectifs verbaux (11),
des verbes au subjonctif : contineat est l’équivalent d’un impératif ; praestet, foret, laedatur, insidat, coerceat, laborent, qui sont dans des subordonnées, indiquent un but à atteindre,
« debet » + infinitif.

On a aussi des ablatifs absolus indiquant la succession des étapes (2).

L’auteur, Celse, polygraphe romain du 1er siècle avJC, connaît bien le sujet, il donne des indications très précises, avec des explications claires.
C’est seulement grâce à ce texte que nous savons comment les Anciens pratiquaient cette opération.
Termes techniques : acus (aiguille), forare (percer), tunica (tunique de l’œil), tempus (tempe), suffusio (cataracte), pupilla (pupille), ovi album (blanc d’œuf), inunctio (onction), maxillae (mâchoires).



Dernière édition par Fée Violine le Mar 10 Mai 2011 - 21:38, édité 1 fois
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Bac latin 2011 Empty III Le bonheur des philosophes. Sénèque

Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 23:11

Sénèque, Lettres à Lucilius, 23, 6-8
Le bonheur est en nous

Fac, oro te, Lucili carissime, quod unum potest praestare felicem: dissice et conculca ista quae extrinsecus splendent, quae tibi promittuntur ab alio vel ex alio; ad verum bonum specta et de tuo gaude. Quid est autem hoc 'de tuo'? te ipso et tui optima parte. Corpusculum quoque, etiam si nihil fieri sine illo potest, magis necessariam rem crede quam magnam; vanas suggerit voluptates, breves, paenitendas ac, nisi magna moderatione temperentur, in contrarium abituras. Ita dico: in praecipiti voluptas ad dolorem vergit nisi modum tenuit; modum autem tenere in eo difficile est quod bonum esse credideris: veri boni aviditas tuta est. Quid sit istud interrogas, aut unde subeat ? Dicam: ex bona conscientia, ex honestis consiliis, ex rectis actionibus, ex contemptu fortuitorum, ex placido vitae et continuo tenore unam prementis viam. Nam illi qui ex aliis propositis in alia transiliunt aut ne transiliunt quidem sed casu quodam transmittuntur, quomodo habere quicquam certum mansurumve possunt suspensi et vagi? Pauci sunt qui consilio se suaque disponant: ceteri, eorum more quae fluminibus innatant, non eunt sed feruntur.

vocabulaire
Praestare : procurer, fournir (=> français prestation)
Conculcare : fouler aux pieds (< calcare, marcher sur, français chaussure)
Extrinsecus : à l’extérieur (adverbe) (=> adjectifs français extrinsèque, intrinsèque)
Paenitendus : regrettable (de paeniteo, es ere, ui : se repentir, avoir du regret) (=> français pénitence)
Praeceps, cipitis, adj. : (prae, caput: la tête en avant) précipité, en pente rapide ; pris comme substantif : précipice, abîme
Vergo, ere : pencher, incliner
Tenor, oris, m : cours non interrompu, marche continue ; teneur
Suspensus, a, um (de suspendo) : suspendu, flottant, indécis
Vagus, a, um : errant
Mos, moris, m : coutume (=> français moral, mœurs)


Dernière édition par Fée Violine le Sam 21 Mai 2011 - 18:26, édité 1 fois
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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 23:58

Fac, oro te, Lucili carissime, Fais, je t’en prie, mon cher Lucilius,
quod unum potest praestare felicem: ce qui seul peut rendre heureux :
dissice et conculca ista quae extrinsecus splendent, retranche et piétine ce qui brille au-dehors,
quae tibi promittuntur ab alio vel ex alio; ce qui t’est promis par l’un ou l’autre ;
ad verum bonum specta et de tuo gaude. regarde vers le vrai Bien, et jouis de ce qui est tien.
Quid est autem hoc 'de tuo'? te ipso et optima parte tui. C’est quoi, « le tien » ? Toi-même et la meilleure partie de toi.
Corpusculum quoque, etiamsi nihil fieri sine illo potest : Ce misérable corps aussi, même si rien ne peut être fait sans lui,
crede rem magis necessariam quam magnam: crois-le chose plus nécessaire qu’importante.
Vanas suggerit voluptates, breves, paenitendas, Il procure des plaisirs vains, brefs, honteux,
ac nisi magna moderatione temperentur, in contraria abituras. et, s’ils ne sont pas tempérés par une grande modération, destinés à aller vers leur contraire.
Ita dico : in praecipiti voluptas ad dolorem vergit, nisi modum tenuit. Oui, je te le dis : le plaisir penche tête la première vers la douleur, s’il ne garde pas la mesure.
Modum autem tenere difficile est in eo quod credideris bonum esse: Or, garder la mesure est difficile, dans ce qu’on a cru être bon ;
veri boni aviditas tuta est. le désir du Bien véritable, [lui,] est sans danger.
interrogas quod sit istud, aut unde subeat? Tu demandes ce qu’est ce [Bien], et d’où il vient ?
Dicam: ex bona conscientia, ex honestis consiliis, ex rectis actionibus, ex contemptu fortuitorum, ex placido vitae et continuo tenore prementis unam viam. Je vais te le dire : d’une bonne conscience, de projets honnêtes, d’actions droites, du mépris des [événements] fortuits, d’une vie paisible et du cours régulier de celui qui marche sur un chemin unique.
Nam illi qui ex aliis propositis in alia transiliunt, aut ne transiliunt quidem sed casu quodam transmittuntur, Car ceux qui sautent de projets en projets, ou qui ne sautent même pas mais sont ballottés par un hasard,
quomodo suspensi et vagi possunt habere quicquam certum mansurumve? comment, flottants et errants, peuvent-ils avoir quoi que ce soit de certain ou de durable (litt. destiné à rester) ?
Pauci sunt qui consilio se suaque disponant: Il y a peu de gens qui établissent volontairement leur personne et leur vie (litt. eux et ce qui est à eux) ;
ceteri, more eorum quae fluminibus innatant, non eunt sed feruntur; les autres, à la manière des choses qui flottent dans une rivière, n’avancent pas mais sont emportés.

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Message par Fée Violine Jeu 24 Mar 2011 - 23:59

La lettre est adressée à un ami (Lucile carissime), c’est la 23ème des 124 lettres à Lucilius qui subsistent, lettres sans doute réelles mais que Sénèque a dû remanier avant publication.
Le style est vivant, avec parfois de longues phrases mais aussi des impératifs, des dialogues fictifs, des questions, des phrases brèves et simples, proches du style oral (d’où le peu de mots de liaison).
On note une asyndète (modum autem…. credideris : veri boni aviditas tuta est), qui souligne le fort contraste entre le sage et l’homme ordinaire.

L’idée générale du texte est que le bonheur se trouve dans la vertu et dans la volonté, et que les plaisirs extérieurs sont sans intérêt. Le philosophe renonce à ce qui ne sert à rien (dissice, conculca), se méfie du corps (corpusculum, non magnam rem) et se tourne vers le vrai bonheur, qu’il trouvera en lui-même (de tuo, verum bonum).

On a longtemps pensé que Sénèque avait connu les premiers chrétiens, ce qui est possible puisque st Pierre (+ v65) et st Paul (+ v67) ont vécu à Rome à la même époque que Sénèque (+ 65). Tous 3 sont d’ailleurs morts victimes de Néron, ainsi que Poppée (+ 65), épouse de Néron et peut-être chrétienne. De plus, on sait que Paul, à une époque, est passé en jugement devant le frère de Sénèque.
Mais il est peu probable que Sénèque ait subi l’influence du christianisme, car il n’y fait jamais allusion. Et puis, bien qu’il y ait des valeurs communes (l’importance de la vie intérieure et le mépris des plaisirs extérieurs, le mépris de la mort et de la souffrance, l’exigence morale…), Sénèque, comme tous les stoïciens, a aussi des valeurs incompatibles avec le christianisme : mépris du corps (corpusculum…rem magis necessariam quam magnam)- qu’on retrouve, il est vrai, chez certains chrétiens -, orgueil d’être meilleur que les autres (le stoïcisme est une doctrine élitiste), spiritualité basée sur la recherche de soi-même et non sur l’amour de Dieu et des autres…

Dans ce texte, certaines idées sont communes aux épicuriens et aux stoïciens : le sage trouve son bonheur en soi-même (de tuo gaude), dans une vie équilibrée (moderatione, modum tenere), calme (placido vitae tenore), ne pas se laisser impressionner par les vicissitudes de la vie (contemptu fortuitorum), les sages sont rares (voir le texte de Lucrèce qui tient les mêmes propos).
Mais nous trouvons aussi un vocabulaire typiquement stoïcien :
honestis consiliis (l’honestum est pour le stoïcien le bien suprême, ainsi que la vertu et la volonté, sous-entendue par le mot consiliis, répété un peu plus loin: consilio, volontairement) ;
actionibus (qui suppose encore la volonté et l’énergie. De même le premier mot du texte, fac, incite le disciple à l’action) ;
voluptates a ici une connotation péjorative (les voluptates sont un grand danger pour la sérénité du sage stoïcien, alors que pour l’épicurien, la voluptas est le bien suprême) ;
de même casu : le hasard, important pour l’épicurisme puisqu’il garantit la liberté du sage, est pour le stoïcien un ennemi à combattre, casu quodam transmittuntur. Le stoïcien ne laisse rien au hasard, et surtout pas le soin de mener sa vie à sa place ! Dans ce passage, l’auteur emploie divers verbes au passif (promittuntur, transmittuntur, feruntur, suspensi). Cette passivité est indigne du sage. On a beaucoup de verbes d’action ou de mouvement : fac, dissice et conculca, specta, tenere (x2), prementis viam, disponant, eunt, dont plusieurs sont imagés et représentent la vie spirituelle comme un combat ou un voyage. Les sages sont rares (pauci).
Les hommes ordinaires, en revanche, sont décrits en termes évoquant l’instabilité (extrinsecus splendent, vanas, breves, paenitendas, praecipiti vergit, fortuitorum, casu, transiliunt, transmittuntur, suspensi et vagi, innatant, feruntur) et le malheur (dolorem, contraria), tandis que le sage est décrit en termes de bonheur assuré (felicem, verum bonum, gaude, optima, tuta, bona, certum mansurumve).
Il y a dans le texte un parallèle constant entre les deux genres de vie.



Dernière édition par Fée Violine le Sam 21 Mai 2011 - 14:15, édité 1 fois
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Message par Fée Violine Ven 25 Mar 2011 - 0:08

Titus Lucretius Carus (98?-55? av JC). De sa vie on ne sait rien.
Son choix philosophique : Epicure, lui-même disciple de Démocrite.
Œuvre : De Rerum Natura, destinée à exposer la doctrine d’Epicure. C’est le premier Romain à se lancer dans cette entreprise dans un texte en vers. Ce qui, d’après ce qu’il dit lui-même, l’expose parfois à créer des néologismes, vu la pauvreté de la langue latine.
L’ouvrage est divisé en trois fois deux livres qui ont respectivement pour sujet les atomes et le vide (I), le mouvement et les propriétés des atomes (II) / l’âme(III), les simulacres (IV) / le monde (V) et les phénomènes physiques effrayants (VI).
Notre extrait constitue l’introduction du livre II et s’emploie à définir ce qui fait la félicité du sage épicurien, en opposition à ce qui occupe la vie des hommes ordinaires.

De rerum natura, II 1-19

Suave, mari magno turbantibus aequora ventis,
e terra magnum alterius spectare laborem;
non quia vexari quemquamst jucunda voluptas,
sed quibus ipse malis careas quia cernere suavest.
Suave etiam belli certamina magna tueri 5
per campos instructa tua sine parte pericli;
sed nihil dulcius est bene quam munita tenere
edita doctrina sapientum templa serena,
despicere unde queas alios passimque videre
errare atque viam palantes quaerere vitae, 10
certare ingenio, contendere nobilitate,
noctes atque dies niti praestante labore
ad summas emergere opes rerumque potiri.
O miseras hominum mentes, o pectora caeca!
qualibus in tenebris vitae quantisque periclis 15
degitur hoc aevi quodcumquest! nonne videre
nil aliud sibi naturam latrare, nisi utqui
corpore sejunctus dolor absit, mensque fruatur
jucundo sensu cura semota metuque?

vocabulaire
aequor, oris, n : surface unie, plaine, la mer
careo, ere : manquer de, être privé de
queo, is, ire, ii, itum : pouvoir
tueri : regarder
munio, ire : fortifier
passim : çà et là, de tous côtés, pêle-mêle
contendere : faire effort, rivaliser
praestans, tis : remarquable, supérieur (=> français "prestance")
utqui = ut

scansion : v1, 4 et 5, suave, prononcer sva-ve.

Traduction

Suave, mari magno ventis turbantibus aequora, [Il est] doux, quand sur la vaste mer les vents tourmentent les flots,
spectare e terra magnum alterius laborem; de regarder depuis la terre la détresse (grande peine) d’autrui ;
non quia est jucunda voluptas quemquam vexari, non que ce soit un plaisir délicieux que quelqu’un soit maltraité,
sed quia suavest cernere quibus malis ipse careas. mais parce qu’il est doux de voir de quels maux on est soi-même (litt. tu es toi-même) dispensé.
Suave etiam tueri belli certamina magna: [Il est] doux aussi de regarder les grandes luttes de la guerre
per campos instructa : rangées dans les plaines

sine parte tua pericli; sans [prendre] sa (litt. ta) part de danger.
sed nihil dulcius est : Mais rien n’est plus doux

quam tenere edita bene munita doctrina sapientum : que d'occuper les hauts lieux bien fortifiés par l’enseignement des sages,

templa serena, ces régions sereines
unde queas despicere alios : d’où on peut (litt. tu peux) regarder d’en haut les autres hommes
passimque videre errare atque palantes quaerere viam vitae, et les voir errer çà et là et chercher au hasard le chemin de la vie,
certare ingenio, contendere nobilitate, rivaliser d’intelligence, lutter de célébrité (ou : de noblesse),
niti noctes atque dies praestante labore, s’efforcer nuit et jour, avec une peine considérable,
emergere ad summas opes rerumque potiri : de s’élever au faîte des richesses et de s'emparer du pouvoir (litt. des choses, des affaires).
O miseras hominum mentes, o pectora caeca! Ô misérables esprits des hommes, ô cœurs aveugles!
in qualibus tenebris vitae quantisque periclis : Dans quelles ténèbres de la vie, parmi quels dangers
degitur hoc quodcumque aevi est! se passe tout ce qu’il y a de durée de vie!

nonne videre naturam sibi latrare, [Comment] ne pas voir que la nature ne demande en criant (litt. aboie) pour elle-même

nil aliud nisi utqui dolor absit sejunctus corpore, rien d'autre qu'un corps exempt de douleur (litt. que le fait que la douleur soit absente du corps),

mensque fruatur jucundo sensu, cura semota metuque? et que l’esprit jouisse de sensations agréables, libre de souci et de crainte (litt. le souci et la crainte étant éloignés)?





Dernière édition par Fée Violine le Ven 25 Mar 2011 - 22:44, édité 3 fois
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Message par Mireille Ven 25 Mar 2011 - 6:49

Merci fee violine pour ce beau travail de traduction de latin et merci de nous instruire. mais, nous pauvres femmes au foyerr ayant juste le bac et étant licenciee et agregee de la serpilliere et! du balai , pouvons nous comprendre ces textes lumineux. merci, quand meme, meme tardivement je ne comprends rien au latin, a part la messe.Il existe encore des profs d'une telle culture, c est formidabe ! mireille l ignare mais au coeur d 'artichaud!!!!!!

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Message par Fée Violine Ven 25 Mar 2011 - 9:50

Merci Mireille ! A défaut de lire les textes en latin, tu peux lire les traductions et les commentaires, qui sont en français!
Je vais encore en ajouter.
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