Le don du Notre Père

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 11,1-4.
Un jour, quelque part, Jésus était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : 'Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes nous pardonnons à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous soumets pas à la tentation. ' »
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

"Un jour, quelque part"... L’Évangéliste aurait tout aussi bien pu écrire: "Chaque jour, où qu'il fut, Jésus était en prière". En donnant la prière du Pater à ses disciples, Jésus dévoile tout ce que le croyant a besoin - un besoin essentiel, de demander à Dieu.

Nous prions tous beaucoup... mais la plupart du temps, nous prions selon nous-mêmes, selon l'image que nous nous faisons de Dieu. Ce n'est que très rarement que nous nous mettons à prier pour dire: "Seigneur, enseigne-moi de ce que tu attends de moi". Comme il est rare de prier en demandant : "Mon Dieu, dévoile-moi un peu qui Tu es !"...

Selon mon souvenir, la première fois que j'ai vraiment prié "Dieu pour Dieu", c'est lorsque je me suis rendu compte que je ne sais pas aimer comme il faudrait. J'ai mes préjugés, j'ai mes constructions mentales, j'ai un passé qui m'a rendu antipathiques les personnes de grande taille, etc. Bref, à la fin de ma dernière aventure amoureuse, une catastrophe qui aurait dû figurer sur l'échelle de Richter !, j'ai dit à Dieu : "Je te demande pardon, j'ai gaspillé la moitié de mon cœur, mais si Tu veux bien mon Dieu, l'autre moitié T'aimera et Te recherchera comme aucune moitié de cœur n'a jamais fait..." Et, en cela, sans doute parce que ma dureté avait été brisée, j'ai été exaucé rapidement et au-delà de mes espérances.

Le prêtre, aujourd'hui, a bien parlé de toutes ces choses. Il y a inclus nos frères et sœurs dans le monde que nous estimons - non avec maturité, non selon le commandement de Dieu, mais à partir de notre ego. L'ego est pour nous tel le désert pour Jésus, un lieu de tentation permanente d'auto-satisfaction, de vanité ou de pouvoir. Pour rencontrer l'autre, il faut d'abord sortir de ces 'schémas' de pensée...

Le Notre Père est une très belle prière, qui peut faire entrer profondément en contemplation. Ce n'est pas rien, une prière que Jésus lui-même nous a donnée.

Il y a cependant un fait qui me laisse toujours un peu perplexe dans l'Eglise, c'est que nous n'avons pas une prière qui s'adresse directement à Jésus, pour lui parler à lui, pour le louer, pour lui demander. Certes nous le faisons sans doute chacun dans le secret de notre coeur, avec nos mots à nous, mais n'aimerait-il pas une prière s'adressant aussi à lui, qu'on pourrait apprendre dès l'enfance ?

Je suis toujours gênée que l'on récite des "Je vous salue Marie" devant le Saint Sacrement, pendant l'adoration. Certes Jésus a pris chair de la Vierge Marie, mais ne pourrait-on pas faire monter jusqu'à lui une prière en son nom devant le Saint Sacrement ?
Je ressentais la même gêne avec notre ancien curé, quand au Vendredi Saint, pendant le chemin de croix, nous récitions des "Je vous salue Marie" entre chaque station. Or moi j'avais envie en mon coeur de faire mémoire de Jésus à ce moment-là. N'est-ce pas lui qui a le plus souffert en son chemin de croix ?

Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez, et votre joie sera parfaite (Jn 16,24)

Je crois qu'il y a là matière à méditation pour l'Eglise catholique...