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Inventer la paix au Moyen-Orient

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Message par Souricet Mar 29 Mai 2007 - 9:37

[...]
La paix à inventer entre la Palestine et Israël est au coeur du projet de l'alliance des civilisations. Elle impose que soit mis en chantier, sans plus attendre, un état des lieux objectif du Moyen-Orient. Cet état des lieux procéderait de trois réalités désormais irréfragables :
- réalité du mouvement national palestinien, dont chacun a enfin compris que ni l'usure du temps, ni la force, ni l'argent, ne viendront à bout de sa détermination à bâtir un Etat libre, respecté et doté des moyens de la souveraineté ;
- réalité du mouvement national juif, qui a trouvé son aboutissement en Israël, dans une partie de la Palestine, et dont on sait également que ni le terrorisme, ni les guerres, ni les pressions internationales, ne viendront à bout ;
- volonté de tous et d'abord de la majorité des Arabes et des Palestiniens, du peuple israélien et des juifs dans le monde, d'accepter et de faire vivre une solution digne, juste et éthique, qui donne ses vraies chances à la coexistence de deux Etats, palestinien et israélien, égaux en sécurité, en droits et en devoirs.

Cet état des lieux conduirait de lui-même à un scénario apaisé et non partisan, de construction de la paix entre deux Etats également légitimes. Deux Etats auxquels on aura reconnu, dans un esprit de justice, les mêmes exigences de viabilité, de pérennité et de sécurité. Deux Etats et deux peuples pour lesquels ces droits et ces valeurs devront, dans le futur, être conjugués de la même façon, sans compromissions, sans faiblesse et sans ostracisme.
Nous pensons qu'il est vital que les Palestiniens et les Israéliens entendent enfin un propos et un discours qui relatent objectivement leurs responsabilités respectives dans la tragédie et la faillite actuelles. Il est essentiel pour les Palestiniens, comme pour le monde arabo-musulman, de comprendre que les termes de l'équation Palestine-Israël peuvent changer si les Nations unies prennent la responsabilité de dire à l'opinion internationale ce qu'ont été le prix et le poids de ces soixante années d'incompréhension, de stigmatisation, de vérités cachées ou instrumentalisées.
Cette souffrance doit être connue et reconnue. Le franchissement de ce seuil psychologique et historique peut changer la donne, être le premier pas sur le chemin de la dignité reconquise, conduire enfin à une paix qui ouvre la voie à la réconciliation. L'analyse froide et rationnelle de ces soixante années peut contribuer à exorciser les peurs en Israël tout en permettant au peuple israélien de retrouver ses valeurs fondatrices. Notre proposition est que cet exercice de vérité "pédagogique et politique" sur l'histoire entrecroisée des deux peuples telle qu'ils l'ont ressentie, soit lancé par les Nations unies, sous la forme d'un "livre blanc", à entreprendre sans tarder, et rédigé par des personnalités israéliennes et palestiniennes incontestables.
Seuls les extrémistes et les fondamentalistes seront mis sur la défensive par cet exercice, car ils ne seront plus les champions d'une cause dont ils se sont emparé par défaut ou par effraction, en tirant profit d'une histoire non dite et trop longtemps ignorée par la communauté des nations.
Il faut espérer qu'une même approche pragmatique et réaliste pour changer la donne prévale aux Etats-Unis malgré les difficultés sur la base du rapport Baker-Hamilton. S'agissant des relations entre l'islam et le monde occidental, de l'Irak ou de la paix entre Palestiniens et Israéliens, tous les acteurs de cette crise ont besoin de reconnaître ce qu'ils ont vécu et enduré pour fonder leur relation future sur une base clarifiée et sereine. C'est le sens de ce "livre blanc".

LE MONDE | 02.01.07

André Azoulay et Hubert Védrine, membres du Groupe de haut niveau des Nations unies pour l'alliance des civilisations.


Dernière édition par le Mar 6 Nov 2007 - 15:51, édité 1 fois
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Souricet
Invité


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Inventer la paix au Moyen-Orient Empty Re: Inventer la paix au Moyen-Orient

Message par Souricet Mar 29 Mai 2007 - 9:37

« Il ne s’agit plus de chasser Bush, mais de repenser le rôle de l’Amérique dans le monde. »

Admettre que notre compréhension du monde est par essence imparfaite, ou faillible, c’est faire un grand pas en avant. Il a fallu le désastre de l’Irak sanctionné par nos élections de novembre pour que George W. Bush commence à en prendre conscience. Après des années d’un aveuglement total aggravé par le mensonge, Bush fils a pris appui sur l’entourage de son père, abandonnant enfin l’idéologie pour un retour au réalisme géopolitique. C’est un bon point - notamment, on l’espère, pour la Palestine. Mais pour ce qui est de l’Irak, la chute est quasi irrémédiable.
Le rapport de la commission bipartite présidée par James Baker, ancien secrétaire d’Etat de Bush père, a émis à titre purement consultatif un certain nombre de recommandations concernant les possibles options en Irak. Pour autant, la question essentielle demeure celle-ci : peut-on revenir sur la guerre contre le terrorisme ? Pierre angulaire de la politique de Bush depuis le 11 Septembre, elle est à l’origine des graves dérives dont souffrent les Etats-Unis. Or nous pouvons l’abandonner d’autant plus aisément qu’il s’agit de notre propre création. Si le danger terroriste perdure, à nous d’agir sans faiblesse, mais avec discernement, et sans employer les méthodes des terroristes eux-mêmes.
La vérité est pénible à avouer, sans doute, mais les Etats Unis sont devenus le principal obstacle à l’établissement d’un ordre mondial stable et juste. Malgré leur perte d’influence depuis le 11 Septembre, ils n’ont cessé de vouloir régir la planète, et l’administration Bush, de se tromper de priorités. Celle du Président est nationaliste, détournant la terreur à ses propres fins, privilégiant la force et ignorant les problèmes mondiaux dont la résolution exige une coopération internationale. L’ancien secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld parti, et remplacé par Robert Gates, il ne s’agit plus, comme lors de la présidentielle de 2004, de chasser Bush de la Maison-Blanche, mais de repenser le rôle de l’Amérique dans le monde. Elle doit changer au plus profond de soi, reconnaissant tout d’abord que « la guerre contre la terreur »est une fausse métaphore qui a gravement nul à sa position internationale, ainsi qu’à l’ouverture de sa société. S’il est désormais admis que l’invasion de l’Irak fut une erreur tragique, cette politique de guerre au terrorisme continue pourtant d’être acceptée comme une réponse normale au 11 Septembre.
Elle demeure, tel une sorte de dogme, et malgré leur succès au Sénat, les démocrates eux-mêmes auront du mal à opérer une mutation radicale. Durant des années, les républicains leur ont tellement reproché leur laxisme en matière de défense qu’à de rares exceptions près, ils demeurent sur les anciens schémas. Il est heureux que la manière dont la guerre a été conduite en Irak soit devenue l’objet d’un examen minutieux : la torture, la restitution extraordinaire (procédure extra judiciaire permettant aux services secrets d’extrader des suspects) et autres méthodes ont été déclarées illégales par le Congrès. Les écoutes clandestines ont provoqué un tollé. Mais la réalité du pouvoir demeure: en temps de guerre, ès qualités de commandant en chef, le président jouit de pouvoirs exécutifs étendus. Alors qu’était signé l’amendement Mc Cain contre la torture, Bush ne s’est pas privé d’affirmer que cela ne limiterait en aucune façon son autorité constitutionnelle à passer outre dans certaines circonstances. D’autres exemples montrent que le Président estime que le Congrès n’a pas à contrôler ses pouvoirs constitutionnels. Cette philosophie juridique naissante place l’exécutif au-dessus des autres pouvoirs. Elle délaisse l’universalité des droits de l’homme au profit d’un traitement à deux vitesses, créant des zones d’exception pour certains espaces (Guantanamo), certains tribunaux (commissions militaires), certains individus et certaines pratiques. Cette vision constitutionnelle creuse un fossé croissant entre les citoyens et les étrangers, et réduit les libertés civiles de l’ensemble des citoyens. Quant à l’équilibre politique de notre nation, il est clair que le bipartisme sur lequel se fonde la démocratie américaine est faussé depuis que les extrémistes ont mis la main sur le Parti républicain. Bien que répugnant à prendre une quelconque position partisane, je me trouve ainsi obligé de soutenir les démocrates jusqu’à ce que le Parti républicain ne soit plus sous le contrôle des extrémistes conservateurs et religieux...
La terreur est une abstraction. On ne peut pas faire la guerre à une abstraction. La menace constituée par al-Qaida et consorts
est bien réelle et exige une réaction forte, mais elle doit être dirigée contre al-Qaida et ses avatars, en prenant appui sur le rassemblement des intelligences, en incluant des mesures conservatoires visant à rassurer plutôt qu’à effrayer l’opinion publique, en gagnant la confiance et le soutien des musulmans et, le cas échéant, en prévoyant le recours à la force. Je dois insister sur ce point afin de me défendre des inévitables accusations selon lesquelles je ne chercherais qu’à ignorer ou apaiser les terroristes et laisser l’Amérique sans défense...

Le paradoxe est en tout cas de constater que la guerre au terrorisme a été, au final, néfaste aux intérêts de l’administration Bush elle-même. La popularité du Président est au plus bas. Et quelles que soient ses dispositions à venir à l’égard de l’Irak, rien ne pourra se régler fondamentalement pour le rééquilibrage démocratique de l’Amérique, pour l’ouverture de notre société et notre re-légitimation sur le plan international, aussi longtemps que les citoyens et les représentants politiques ne se seront pas attaqués à ce mal qui nous ronge: la guerre au terrorisme, fausse métaphore et fiction inféconde.

PAR GEORGE SOROS
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Souricet
Invité


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Message par Joss Ven 9 Nov 2007 - 14:19

8 nov. 2007
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